40 Jours pour la Vie à Montréal, au coin de Berri et Sainte-Catherine, si vous désirez y aller.
Billet de blogue d’Augustin Hamilton (Campagne Québec-Vie) — Photo : Augustin Hamilton
Je ne sais si vous le savez, nous avons décidé d’organiser à Sherbrooke, pour la première fois, une vigile des 40 Jours pour la Vie du 22 septembre au 31 octobre, parallèlement à la vigile de Montréal que nous comptons bien continuer.
Avant de continuer mon propos, il faut que je vous précise en quoi consistent les 40 Jours : les 40 Jours pour la Vie sont une vigile devant durer, comme son nom l’indique, une quarantaine de jours, 12 heures par jour, à un emplacement fixe et de préférence à proximité d’un lieu où sont perpétrés des avortements. Par la prière, le jeûne, leur présence ainsi que quelques messages véhiculés par le moyen de pancartes les pro-vie y participant visent à sauver la vie d’enfants à naître de l’avortement et à éviter aux femmes de commettre un geste aussi horrible. Ce mouvement a été lancé par l’organisme américain 40 Days for Life en 2003 au Texas, et depuis des centaines de vigiles sont tenues en même temps dans le monde par des groupes pro-vie, deux fois par an.
Or, faisant tranquillement nos préparatifs, rencontres, réunions et autres choses susceptibles d’entrer dans l’organisation d’un tel événement, quelle ne fut pas notre surprise de voir que l’on nous consacrait au moins six articles dans les médias et un communiqué de presse de l’Archevêché de Sherbrooke !
Le ton varie d’un article à l’autre, allant du presque neutre au totalement méprisant. Sur la page de 107,7 Estrie, on peut entendre Martin Pelletier deviser sur les groupes pro-vie au Québec, dont particulièrement Campagne Québec-Vie (CQV), comme s’il s’agissait d’une sorte de mammouths disparus depuis peu, mais que, ô surprise, il en existerait encore (et ça remue, dis donc) ! Au cours de son émission du 2 septembre, M. Pelletier appela au téléphone Brian Jenkins, vice-président de CQV, où il l’interrogea avec circonspection et un visible dégoût pour le mouvement pro-vie (il aurait au moins pu lui dire qu’il était sur les ondes…). Son point principal, en lui posant des questions, était les possibles épithètes que des femmes se rendant à un avortoir se seraient fait lancer par des manifestants pro-vie lors de précédents événements. Quel serait le comportement des participants à la vigile ? Dans toutes ces questions et le ton de voix emprunté, on pouvait voir que M. Pelletier essayait de noircir l’image des 40 Jours pour la Vie, et des pro-vie en général (pourquoi n’a-t-il pas posé une question ou deux sur le comportement réellement plus hostile des pro-avortement ?). Après, M. Pelletier interrogea complaisamment Kathie Morin, abondant dans les présupposés de ladite dame comme quoi, entre autres, l’avortement n’était choisi qu’en ultime recours et que les autres choix avaient été envisagés par la femme… (Mais que cela change-t-il au fait de l’humanité de l’enfant à naître ?)
Nous eûmes un meilleur traitement avec La Tribune qui écrivit sur notre compte un article plutôt neutre, et où l’on rapporte :
La vigile prévue à Sherbrooke est la première qu’organise Campagne Québec-Vie en dehors de Montréal.
« Au départ, on avait envisagé Québec et Trois-Rivières, mais on a remarqué, depuis quelques années, qu’il y a un noyau important de personnes de Sherbrooke qui assistent à la Marche nationale pour la vie qui a lieu à Ottawa au mois de mai, explique Brian Jenkins. Il semble y avoir à Sherbrooke une sensibilité particulière à l’égard des valeurs pour la vie. »
Si tout se déroule comme prévu, la vigile de Sherbrooke se mettra en branle à 7 h, le 22 septembre et prendra fin à 19 h le 31 octobre. Pendant 40 jours, des militants pro-vie se relaieront à un endroit déterminé près de la Clinique de planning du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
Le porte-parole de Campagne Québec-Vie insiste sur le caractère pacifique de cette vigile. Chacun des participants doit d’ailleurs signer un document l’engageant à respecter les directives et la réglementation entourant une telle activité.
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Un article de Radio-Canada tente d’établir un parallèle entre la loi texane limitant l’avortement, qui est entrée en vigueur tout récemment et le mouvement pro-vie au Québec, évoquant les craintes des pro-avortement que le mouvement pro-vie ne monte en puissance et arrive à poser un geste semblable (ce qui serait une bonne chose, mais qui n’est peut-être pas prêt d’arriver de sitôt).
L’article rapporte aussi les craintes d’une certaine Paskale Hamel, coordinatrice de l’organisme au nom trompeur « S.O.S. Grossesse Estrie », selon lesquelles les participants aux futurs 40 Jours pour la Vie à Sherbrooke risquent de « culpabiliser » les femmes allant se faire avorter :
Paskale Hamel, qui est coordonnatrice de l’organisme S.O.S. Grossesse Estrie, espère que ce ne sera pas un grand déploiement. Ils ont des règles à respecter comme [la distanciation de] 50 mètres, mais c’est quand même près. Une femme pourrait arriver et se faire dire des mots culpabilisants. Et c’est très désolant de voir qu’un groupe s’organise à Sherbrooke.
Vous me pardonnerez si je vous dis que si la vue de quelques pro-vie induisait des remords chez la femme qui va se faire avorter cela serait un bon résultat, bien que ce ne soit pas le but de la future vigile qui cherchera plutôt à faire prendre conscience à ces femmes qu’elles sont mères et devraient donc accueillir leur enfant avec amour ; mais la culpabilité est une bonne chose quand elle a pour objet un acte mauvais comme l’est l’avortement et peut amener une personne à s’amender.
La Tribune a publié un autre article, titré « L’Archidiocèse de Sherbrooke se distancie de la vigile anti-avortement », où l’on rapporte le communiqué de presse de l’archidiocèse qui ne veut pas être associé à Campagne Québec-Vie dans les médias, mais qui affirme tout de même être pour la protection de l’enfant à naître depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Le communiqué déclare :
Avec l’annonce de la vigile mise en place à Sherbrooke dans le cadre de l’activité « 40 jours pour la vie », l’Archidiocèse de Sherbrooke souhaite préciser qu’il n’est pas impliqué dans cette organisation.
La vigile, qui s’installera devant la clinique de planning familial du CIUSS de l’Estrie-CHUS située sur la rue Belvédère Sud de Sherbrooke, propose de prier pour la fin de l’avortement.
L’Église de Sherbrooke rappelle qu’elle est pour la protection de la vie à chaque étape : de la conception jusqu’à la mort.
« Il y a plusieurs façons de protéger la vie et cette façon est propre à ce mouvement », mentionne l’archevêque de Sherbrooke, Mgr Luc Cyr.
La salle paroissiale utilisée pour la rencontre d’information qui avait lieu le 24 août dernier a été louée par l’organisation « 40 jours pour la vie » sans implication de la paroisse elle-même. Nous rappelons que les salles paroissiales des différentes églises de notre territoire sont ouvertes à la location de particuliers ou de groupes pour divers projets.
Je trouve quand même dommage que l’archidiocèse n’accorde pas plus d’importance à une tentative de sauver les enfants à naître et les femmes de l’avortement ; pas plus que pour n’importe quel groupe, comme il le souligne à propos de la location d’une salle paroissiale à CQV pour une réunion en vue des 40 Jours…
Un autre article de La Tribune, signé par Mickaël Bergeron, commence d’emblée par une salve contre les pro-vie, les traitant rien moins que d’hypocrites : « L’hypocrisie des anti-avortements ».
Pour lui, les pro-vie sont des « hypocrites », car (entre autres) :
L’organisation qui veut tenir une vigile à Sherbrooke se nomme Campagne Québec-Vie. Les groupes anti-avortement se disent toujours « pro-vie » et se targuent de défendre la vie, mais en fait c’est refuser le droit fondamental des femmes de décider ce qu’elles font de leur corps. Au point de mettre en danger la vie de ces femmes. Ce qui démontre toute l’absurdité de leur prétention à défendre la vie.
Lorsqu’une loi interdit les interruptions de grossesse, les avortements ne cessent pas, elles se font juste ailleurs. Les femmes vont prendre le risque d’aller dans un autre État ou d’utiliser un service clandestin beaucoup moins sécuritaire. Toutes les 9 minutes, dans le monde, une femme meurt après un avortement clandestin. Et leur fœtus aussi, celui que ces groupes prétendent vouloir protéger.
Cet homme oublie que l’avortement tue un être innocent : l’enfant à naître, comment cela pourrait-il être le « droit fondamental de décider ce qu’elles font de leur corps » ? S’il y a un seul prétexte pour tuer un innocent, alors il y en a des milliers et c’est la fin de la justice ; personne n’est en sécurité dès lors que même les innocents peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’Autonomie.
Il est du reste facile de démonter l’argument spécieux selon lequel l’absence d’avortement légal conduirait infailliblement à un nombre équivalent d’avortements clandestins, provoquant ainsi une formidable hécatombe. Non, en fait quand l’avortement est illégal, moins de femmes ont recours à ce procédé, les statistiques de mortalité maternelles indiquent qu’il n’y a pas plus de décès quand l’avortement est illégal que quand il est légal (il y en a même peut-être moins quand l’avortement est illégal). Il est également à remarquer que les avortements clandestins ne sont pas forcément pratiqués avec des cintres par quelque bonne femme dans une arrière-boutique, mais aussi et sans doute surtout par des médecins, comme le Dr Morgentaler, à l’origine du jugement du même nom rendu par la Cour suprême du Canada.
Enfin, toujours dans La Tribune qui a décidé d’étaler l’« affaire » dans ses colonnes, un mouvement féministo-pro-avortement mènera une sorte de contre-manifestation le 26 septembre, soit quatre jours après l’ouverture des 40 Jours à Sherbrooke :
Sherbrooke — En réponse à la vigile anti-avortement prévue du 22 septembre au 31 octobre, la collective citoyenne la Bande Féministe (b.a.F) organise une action féministe pour le libre choix, le dimanche 26 septembre prochain, afin de défendre le droit à une justice sexuelle et reproductrice. « La femme n’a pas besoin de se faire restreindre, la femme, elle a besoin d’être supportée davantage, peu importe son choix ! », lance Geneviève Picard-Morin, une alliée du mouvement.
Puis-je objecter que la Vigile des 40 jours ne restreint pas les femmes qui vont se faire avorter ? Quel est alors le but de cette invective ? Du reste si, par exemple, une loi empêchait les femmes de se faire avorter, elle ne serait pas plus mauvaise qu’une autre loi qui empêcherait qui que ce soit de tuer qui que ce soit d’autre. Sur ce, bien sûr ! il faut soutenir les femmes enceintes, les soutenir davantage afin qu’elles puissent donner la vie à leur enfant dans le meilleur cadre possible.
Geneviève Picard-Morin ira donc à cette contre-manifestation pour tenter, dit-elle, de parler avec les pro-vie :
« Même si j’ai quelque chose pendant la journée, c’est sûr que j’y vais ! Je veux juste aller voir et mon but ce n’est pas d’aller confronter, ce n’est pas d’aller dire : vous n’avez pas raison. C’est juste d’aller leur parler, juste essayer de comprendre », mentionne-t-elle.
Si c’est le cas, nous accueillerons avec affabilité ses tentatives de discuter avec nous ; qu’elle cherche à nous comprendre est exactement ce que nous désirons ! Nous souhaitons ardemment que les gens comme Mme Picard-Morin connaissent et comprennent notre raison d'agir, nos motifs profonds. Cela serait cependant l’exception… une bonne partie des pro-avortement qui nous adressent la parole se contentent de nous lancer quelques propos de loin, ou ne s’arrêtent que pour nous débiter un vague argument avant de repartir aussitôt sans nous laisser le temps de répondre.
Autrement, la b.a.F, organisatrice de l’événement de soutien à l’avortement, assure de sa volonté pacifique et affirme vouloir surtout apporter de l’aide aux femmes (plutôt que de laisser les horribles « anti-choix » les induire en erreur…) :
« Nous rappelons que notre initiative se veut non-violente et supportante. Veuillez donc concentrer vos énergies sur le soutien et l’amour, plutôt que vers la colère envers les manifestants anti-choix », mentionne entre autres la b.a.F.
Si leur événement est censé être pacifique, tant mieux, nous avons déjà assez vu de pro-avortement agressifs — nous lançant un regard noir, un geste obscène ou des cris hostiles — ou mêmes violents. À CQV, nous avons toujours été pacifiques, et nous espérons (sans illusions cependant) que nous serons respectés durant la Vigile des 40 Jours pour la Vie à Sherbrooke.
En tout cas, ce brassage médiatique (partisan) aura eu au moins le bon effet de publiciser notre projet — nous avons déjà été contactés à ce sujet…