Jean Guimond et Léa Clermont-Dion. Capture d’écran prise du documentaire « La peur au ventre ».
Le documentaire « La peur au ventre » réalisé par Léa Clermont-Dion, diffusé sur Télé-Québec le 21 octobre 2024, contient un échange marquant qui révèle une vérité profonde sur la perception de l’avortement tardif au Québec. Cet échange, entre le Dr Jean Guimond, responsable des avortements tardifs au Québec, et Clermont-Dion, intervient aux alentours de la 27e minute du documentaire. Le Dr Guimond y confie une anecdote lourde de sens : « Je fais partie, supposément, d’un groupement pour l’assassinat des bébés. Ça m’a été dit récemment. »
Clermont-Dion réagit en demandant d’où cela lui a été dit, ce à quoi le Dr Guimond répond : « Dans une réunion avec des infirmières qui travaillaient en obstétrique ». Cet échange est très révélateur de la perception des avortements tardifs, au Québec. Le fait que le Dr Guimond soit traité d’« assassin de bébés » par ses propres collègues montre que la pratique de l’avortement tardif n’est pas proche d’être unanimement acceptée dans le milieu obstétrique, pourtant directement impliqué dans ces procédures (de 20 à 40 sont commis annuellement au Québec). Cela nous montre que ces professionnels, qui ont eux-mêmes présumément choisi ce métier pour donner la vie, sont conscients du caractère odieux de l’acte, qu’ils qualifient « d’assassinat ».
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Pour illustrer à quel point cette perception est fondée, il suffit de se pencher sur les faits. Le Dr Jean Guimond est responsable des avortements tardifs dans la province, et parmi ces actes, il y a celui qui a causé la mort du « bébé Daniel », à 38 semaines de gestation, à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal en 2023. Un bébé à 38 semaines est un enfant viable, pleinement formé, qui pourrait vivre indépendamment en dehors du ventre de sa mère. Cela fait de la dénomination « assassin de bébés » une désignation qui, certes, est brutale, mais qui porte une vérité que l’on peine à nier. En regardant l’image d’un bébé ayant dépassé le seuil de viabilité, il devient difficile de ne pas réfléchir à la véritable nature de l’avortement.
Enfant à naître de 23 semaines — Shutterstock
L’illustration est celle d’un enfant à 23 semaines de gestation. L’enfant tué par avortement à Montréal au début de 2023 était de 38 semaines… Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment peut-on justifier de telles actions au sein de notre système de santé ? En examinant les raisons invoquées pour justifier ces actes — toxicomanie, violence, pauvreté — on voit des situations tristes et tragiques. Cependant, est-ce que la solution réside dans l’acte de mettre fin à la vie d’un enfant de 38 semaines qui aurait pu être adopté par une famille prête à l’accueillir ? Est-ce que l’ultime recours est vraiment de détruire une vie humaine innocente ?
La vérité est que même parmi ceux qui accomplissent ces actes, il y a un inconfort profond et une dissonance morale évidente. Le fait que des infirmières en obstétrique traitent le Dr Guimond d’assassin de bébés montre que bien des consciences ne sont pas à l’aise avec ce qui se passe dans nos hôpitaux. Ces infirmières, qui voient au quotidien la vie dans toute sa fragilité et sa beauté, ne peuvent simplement pas considérer ces avortements comme des interventions ordinaires. Leur langage, brut et direct, exprime le grave malaise que beaucoup ressentent, mais n’osent pas verbaliser.
C’est pourquoi il est urgent, au Québec, de rouvrir le débat sur la question de l’avortement, en commençant par les avortements tardifs. Ces pratiques bien qu’elles soient « légales, » ne sont pas morales, et elles laissent une empreinte indélébile sur ceux qui y participent, pour ne pas parler de l’innocent qui y perd la vie. Ce que l’échange entre le Dr Guimond et Léa Clermont-Dion révèle, c’est que même ceux qui se trouvent au cœur de ces décisions ne peuvent faire abstraction de la réalité de ce qui se passe : la destruction d’une vie humaine innocente.