Par le Dr Paul Saba (Coalition pour la prévention de l’euthanasie) — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Freepik
Lorsque le Canada a légalisé l’aide à mourir (suicide assisté, euthanasie) en 2016, cela ne devait concerner qu’un « petit nombre » de patients atteints d’une maladie en phase terminale et n’ayant plus que quelques jours à vivre. Toutefois, en date du 31 décembre 2023, environ 60 000 Canadiens avaient mis fin à leur vie grâce à l’aide médicale à mourir (à la fin de 2022, il y avait 44 958 décès médicaux assistés).
Le Canada est le pays où l’aide à mourir, le suicide assisté, l’euthanasie connaissent la croissance la plus rapide parmi tous les pays où ils ont été légalisés.
Depuis mars 2021, la loi a été étendue aux personnes handicapées qui ont encore des dizaines d’années à vivre et, en 2027, les personnes souffrant uniquement de maladies mentales pourront bénéficier d’une aide au suicide.
En octobre 2024, dans la province de Québec, des directives anticipées seront disponibles pour les personnes souffrant d’un déclin cognitif.
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En tant que médecin, je sais à quel point il est dangereux que le meurtre de patients fasse partie du système de soins de santé. Les médecins ne sont pas Dieu. Lorsque les médecins donnent un diagnostic à un patient, ils peuvent se tromper. En fait, les erreurs de diagnostic pour les maladies graves et potentiellement mortelles peuvent atteindre vingt pour cent.
Mon patient Robert (pseudonyme) est venu me voir en toussant, pensant qu’il avait un rhume. J’ai demandé une radiographie du thorax. D’après le rapport du radiologue, Robert semblait avoir un cancer du poumon. Je me suis assis avec Robert et je lui ai dit : « Il faut faire un scan tout de suite. Il faut que vous consultiez un spécialiste. Nous devons faire une bronchoscopie.... »
Robert a répondu : « Dr Saba, je sais que vous êtes contre le suicide assisté, mais vous savez quoi ? Je ne suis pas forcément d’accord avec vous. Si je dois mourir, si mon heure est venue... » J’ai répondu : « Non, non. Il faut aller jusqu’au bout de la démarche parce que ce n’est qu’un diagnostic préliminaire. Même s’il s’agit d’un cancer du poumon, il est possible de le traiter aujourd’hui. Il existe de nouveaux traitements. Il se peut même qu’il ne s’agisse pas d’un cancer du poumon ». J’ai parlé au radiologue qui a effectué le scanner pulmonaire, qui m’a dit : « Nous ne sommes pas sûrs de ce que c’est. Il semble que ce soit un cancer du poumon, mais il pourrait s’agir d’un lymphome, qui serait très facile à traiter. »
Robert est un homme intelligent et bien informé, un ingénieur, qui pensait avoir un rhume et à qui on a dit qu’il avait peut-être un cancer. Il aurait pu se résigner à une mort médicalement assistée avant même de savoir de quoi il s’agissait, puisque la loi canadienne permet à une personne de ne pas subir toutes les investigations nécessaires pour confirmer le diagnostic. Il aurait pu perdre espoir alors que la situation était encore porteuse d’espoir. Le pouvoir de pousser les gens à abandonner est l’un des aspects dangereux et trompeurs de l’aide médicale à mourir, du suicide et de l’euthanasie. Cependant, j’ai réussi à attirer son attention et à le persuader que la situation était porteuse d’espoir et qu’il devait passer d’autres examens et suivre un traitement. Finalement, il m’a appelé à l’été 2019 pour me remercier parce qu’il n’y avait plus aucune trace de la maladie, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. On lui a finalement diagnostiqué un lymphome de Hodgkin, une maladie qui se guérit très bien avec un traitement médical approprié.
Une étude canadienne a révélé que 13 % des patients ayant reçu un diagnostic de « cancer du poumon » et décédés par suicide assisté n’avaient pas un diagnostic de cancer du poumon prouvé par biopsie. En outre, seul un tiers des patients diagnostiqués avec un cancer du poumon avancé ont subi un traitement systémique, alors qu’il existe des traitements efficaces connus.
Voilà ce qui se passe lorsque la porte est ouverte à l’aide à mourir, au suicide assisté, à l’euthanasie. Robert aurait pu être une autre victime de l’aide médicale à mourir. Je suis médecin et je pense que la médecine doit reposer sur des bases scientifiques solides, sur ce que la recherche et l’expérience nous apprennent sur la façon dont le corps fonctionne et guérit.
Cependant, l’espoir est l’une des forces les plus puissantes pour de bons soins médicaux. Lorsque je dis que l’espoir est une force puissante pour la santé, je veux dire que l’espoir nous conseille de faire preuve de patience, d’aller jusqu’au bout des processus et de considérer chaque étape comme faisant partie du grand cadeau d’être fait pour la vie. L’aide à mourir détruit cet espoir et conduit les gens à renoncer à la vie.
Le Dr Paul Saba est un médecin de famille qui exerce à Montréal. Il est cofondateur de Médecins pour la justice sociale et auteur du livre Fait pour vivre.
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Le Dr. Paul Saba est disposé à présenter des arguments oraux et à répondre aux questions sur demande.