Par Angeline Tan — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Syda Productions/Adobe Stock
21 juin 2024, Varsovie, Pologne (LifeSiteNews) — Le gouvernement polonais du premier ministre Donald Tusk a imposé une lourde amende à un hôpital de Pabianice près de Łódź pour avoir refusé de pratiquer l'avortement. Cette amende constitue le premier cas de ce type depuis que le gouvernement polonais anti-vie a introduit un projet de loi visant à affaiblir les protections des enfants à naître.
Lors d’une conférence de presse tenue cette semaine, la ministre de la Santé, Izabela Leszczyna, a déclaré que le centre médical Pabianice avait été condamné à une amende de 550 000 zlotys (136 858 dollars américains) le 17 juin. Selon le site d’information de gauche Notes From Poland, elle a ajouté que les procédures d’audit concernant deux autres établissements médicaux étaient en « phase finale » et qu’ils seraient très probablement sanctionnés à leur tour.
Depuis la fin du mois de mai de cette année, les modifications apportées à la réglementation sur les conditions générales des contrats de services de santé se sont concrétisées, obligeant les hôpitaux polonais qui obtiennent des fonds publics pour l’obstétrique et la gynécologie à s’assurer qu’au moins un médecin du personnel peut pratiquer des interventions liées à l’avortement, sous le prétexte de sauver la vie de la mère. Le gouvernement a mis en place une pénalité contractuelle pouvant aller jusqu’à 2 % de la valeur du contrat pour chaque violation vérifiée de ses nouvelles exigences, et autorise la résiliation partielle ou totale des contrats sans préavis si les centres médicaux ne se conforment pas à ces exigences.
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Le ministère polonais de la Santé a affirmé que certains médecins s’appuyaient trop sur la clause de conscience prévue à l’article 39 de la loi sur les professions médicales et dentaires, ce qui empêchait les femmes qui remplissaient les conditions requises par la loi pour mettre fin à la vie de leur enfant à naître de le faire.
Cependant, Ordo Iuris, un groupe juridique conservateur polonais, a souligné que cette récente réglementation anti-vie viole la résolution de 2010 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui stipule qu’« aucune personne, aucun hôpital ou aucune institution ne doit être contraint, tenu responsable ou discriminé de quelque manière que ce soit en raison d’un refus de pratiquer, d’accueillir, d’assister ou de se soumettre à un avortement, à la réalisation d’une fausse couche humaine, à l’euthanasie ou à tout acte qui pourrait causer la mort d’un fœtus ou d’un embryon humain, pour quelque raison que ce soit ».
En outre, dans sa décision du 15 janvier 1991 (réf. U 8/90), la Cour constitutionnelle polonaise a déclaré que « la liberté de conscience ne signifie pas seulement le droit de représenter une certaine vision du monde, mais surtout le droit d’agir conformément à sa conscience, de ne pas être contraint d’agir contre sa conscience ».
Selon un article de Remix, le département de contrôle du Fonds national de la santé (NFZ) de Pologne a organisé avec zèle des audits liés aux refus d’avortement en vertu de la nouvelle exigence pro-avortement susmentionnée introduite par l’actuel gouvernement de gauche.
En octobre 2020, le Tribunal constitutionnel polonais, la plus haute juridiction du pays, a décrété qu’il était inconstitutionnel pour les femmes d’opter pour un avortement en cas d’anomalie du fœtus, déclarant que l’avortement de bébés présentant des anomalies du fœtus équivalait à des « pratiques eugéniques ».
Selon Ordo Iuris, outre la violation de la Constitution polonaise en termes de garantie de « liberté de conscience », les récentes réglementations gouvernementales visant à libéraliser les lois sur l’avortement menacent d’un retrait de fonds les hôpitaux qui refusent de pratiquer des avortements, poussant ainsi les médecins pro-vie dans leurs derniers retranchements. En effet, les médecins qui choisissent de préserver la vie des enfants à naître s’exposent à des représailles de la part du gouvernement, sous la forme de pénalités financières pour les établissements médicaux où ils travaillent, ce qui pourrait avoir un impact sur la disponibilité des services de santé pour les patients qui en ont besoin.
De toute évidence, en poursuivant ses idéologies anti-vie, le gouvernement Tusk s’est abaissé jusqu’à menacer de priver les établissements de santé des fonds nécessaires pour servir les patients que ces politiciens anti-vie prétendent défendre.
En outre, le mensonge gauchiste selon lequel les défenseurs de la vie mettent en danger la vie des mères qui ont besoin d’une attention médicale, afin de sauver la vie des bébés à naître, doit être démenti et dénoncé fréquemment.
Comme l’a noté Ordo Iuris :
Il est injustifié d’utiliser le terme « avortement » en relation avec la gestion médicale de situations cliniques très difficiles qui, en Pologne, ont été la cause de la mort de plusieurs mères. Ce terme est utilisé sciemment dans le débat public pour atteindre des objectifs politiques et idéologiques. En obstétrique, lors de complications de la grossesse ou de l’accouchement, il arrive qu’un enfant meure au cours d’une intervention destinée à sauver la mère. Il ne s’agit pas d’un avortement, car ces interventions médicales n’ont pas pour but d’ôter la vie à l’enfant. Ces pratiques ne relèvent donc pas du domaine juridique et médical de l’avortement. Elles sont entreprises pour sauver la vie menacée de la mère et appartiennent au domaine de la nécessité médicale. La mort de l’enfant, si elle survient, n’est pas intentionnelle. Les dictionnaires réputés définissent l’avortement comme une procédure visant à interrompre une grossesse à un stade précoce afin d’empêcher la naissance d’un enfant vivant. Il est donc intrinsèquement dirigé contre la vie de l’enfant et vise à le tuer, ce qui n’est pas le cas des mesures médicales nécessaires pour sauver la vie de la femme enceinte.
Le professeur Bogdan Chazan, gynécologue et obstétricien, directeur médical de MaterCare International et vice-président de la Fédération européenne des associations de médecins catholiques (FEAMC), s’est référé à la déclaration de Dublin pour réfuter la fausse dichotomie entre sauver la vie d’une femme et tuer son enfant à naître :
La Déclaration de Dublin stipule que la destruction délibérée de l’enfant à naître n’est pas médicalement nécessaire pour sauver la vie d’une femme. Il existe une différence fondamentale entre l’avortement et un traitement médicalement nécessaire pour sauver la vie de la mère, même si ce traitement entraîne la mort involontaire de l’enfant. L’interdiction de l’avortement n’affecte en rien la capacité à fournir des soins de santé aux femmes enceintes.
En vertu de la loi polonaise actuelle, l’avortement n’est autorisé que si la santé ou la vie de la mère est menacée par l’enfant à naître ou en cas de viol.