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Le nouveau directeur de l’institut JPII sur le mariage suggère que l’Église doit changer sa définition de la famille


Mgr Philippe Bordeyne.

Par Jeanne Smits — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : seletlumieretv/YouTube

23 septembre 2021 (LifeSiteNews) — Quelques semaines après avoir pris ses fonctions de nouveau président de l’ancien Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille, Monseigneur Philippe Bordeyne a fait une déclaration surprenante dans une entrevue révélatrice à La Croix International, le quotidien anglophone édité par La Croix, quotidien non officiel de l’épiscopat français, en disant : « Nous, théologiens, ne pouvons pas continuer à affirmer des certitudes sur la famille quand nous voyons les transformations qu’elle subit aujourd’hui. »

Quelles sont les « certitudes » sur la famille du point de vue catholique ? Ce sont des définitions, des règles de vie. Ce sont des réflexions fondées sur les réalités et les finalités naturelles du mariage, et sur les lois naturelles qui le régissent. Elles sont le résultat de l’examen de la révélation qui raconte le plan de Dieu pour l’humanité, de l’objectif surnaturel de la procréation, qui est de peupler le ciel de Dieu avec des saints, et de la nature et la valeur du mariage sacramentel, qui est un reflet de l’amour de Jésus pour l’Église.

Lorsque saint Jean-Paul II a fondé l’Institut pontifical d’études sur le mariage et la famille, il était clairement et profondément attaché à la doctrine catholique traditionnelle sur le mariage, reconnaissant l’existence de normes morales absolues qui sont toujours contraignantes et interdisent les actes intrinsèquement mauvais. Telles étaient les « certitudes » mentionnées ci-dessus ─ et le fait qu’il s’agissait de certitudes ne les rendait pas inintéressantes ou rigides au sens où elles ne pourraient pas rendre compte des nouvelles réalités du jour.

Au contraire, elles constituaient les principes, les murs porteurs sur lesquels l’Église pouvait s’appuyer pour évaluer la modernité et, si nécessaire, la défier à l’aide de la foi et de la raison — comme elle l’a fait, par exemple, avec l’idéologie du genre, qui est une négation radicale des règles de la création de Dieu.

Lorsque Mgr Bordeyne déclare que « Nous, théologiens, ne pouvons pas continuer à affirmer des certitudes sur la famille quand nous voyons les transformations qu’elle subit aujourd’hui », il dit en substance qu’il n’y a pas de base sûre à partir de laquelle évaluer ces transformations, et le cas échéant, les condamner et montrer qu’elles ne sont pas conformes aux véritables besoins et à la vocation de l’homme.

Sa déclaration montre qu’en tant que nouveau président, trié sur le volet, de ce qui est maintenant l’Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, Mgr Bordeyne adhère pleinement à la révolution qui s’y déroule. Tout a commencé par le limogeage brutal du responsable de l’Institut, Monseigneur Livio Melina, fidèle successeur de son fondateur, le cardinal Carlo Caffarra, en 2019. Dans le même temps, tous les professeurs de l’Institut ont été suspendus ─ tous ne sont pas revenus ─ et sous la houlette de son nouveau chancelier, Mgr Vincenzo Paglia, célèbre pour ses fresques homoérotiques, la porte a été ouverte à la critique d’Humanæ Vitæ, qui condamne la contraception, et à la glorification d’Amoris lætitia, dans lequel le pape François accueille discrètement certains couples divorcés et remariés civilement pour qu’ils reçoivent les sacrements, y compris la sainte communion, sans avoir l’intention de changer leur mode de vie.

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Mgr Bordeyne a été pendant dix ans le recteur de la célèbre université catholique de la capitale française, L’Institut catholique de Paris. Sa spécialité est la théologie morale (sans « certitudes » ?). Il était un « expert » lors du deuxième synode sur la famille, nommé par le pape François. Il a écrit un livre en collaboration avec l’un des mentors argentins les plus influents de Jorge Bergoglio, le Père Juan Carlos Scannone, qui a adapté la « théologie du peuple » de la théologie de la Libération. Ce livre s’intitule : Divorcés remariés : ce qui change avec François, et il est consacré au « discernement » et à « l’accompagnement des situations compliquées » jusqu’à la réception de la Sainte Communion.

Mgr Bordeyne s’est prononcé en faveur d’une « bénédiction privée » pour les couples homosexuels et a suggéré que « la sexualité humaine, finalement peu déterminée, permet des formes et des expressions atypiques ». Il a également déclaré qu’on pourrait laisser les couples décider d’utiliser ou non une méthode de contraception et qu’ils pourraient accompagner cette décision en « redoublant leur amour mutuel ».

Maintenant qu’il a pris ses nouvelles fonctions à la tête d’un Institut dont le but initial était de défendre les enseignements traditionnels de l’Église sur le mariage et la famille, Mgr Bordeyne ne semble pas avoir été touché par la grâce… À 61 ans, on peut s’attendre à ce qu’il s’accroche à son idéologie particulière, fondée sur l’idée que nous sommes dans une « ère de changement », comme il l’a dit à Loup Besmond de Senneville dans l’entrevue, spécialement avec la « pandémie » dans laquelle « la famille » est l’une des « nouvelles frontières » où les théologiens doivent aller.

« Nous sommes dans un moment qui ressemble un peu à ce que John F. Kennedy a vécu en 1960, lorsqu’il a remporté l’investiture démocrate. À ce moment-là, il n’a pas vu d’autre choix que de prendre en charge un monde qui avait changé à grande vitesse. De même, je crois que nous sommes aujourd’hui dans une ère de changement similaire. Et c’est parce que notre époque change si rapidement que l’Église doit être plus humble devant le mystère de la famille », a-t-il déclaré.

À la question de savoir si l’Église n’est pas déjà assez humble, Mgr Bordeyne a répondu qu’elle « n’a pas toujours été assez humble pour reconnaître qu’il y a des changements importants dans la façon dont les familles sont formées ». « C’est ce que le pape François ne cesse de répéter, notamment dans l’exhortation Amoris lætitia […] Ce manque d’humilité se traduit, à mon avis, par la tentation de simplifier à l’extrême les questions relatives à la famille et de donner des réponses toutes faites. Nous, théologiens, ne pouvons pas continuer à affirmer des certitudes sur la famille quand nous voyons les transformations qu’elle subit aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Quelles sont les transformations d’aujourd’hui ? La cohabitation avant ou sans mariage, l’explosion du nombre de naissances hors mariage dans les pays occidentaux, le divorce généralisé, la dénaturation du mariage lui-même, présenté comme pouvant unir deux hommes ou deux femmes, le refus généralisé de la procréation, la promiscuité sexuelle promue par les médias et de nombreux États.

Sans dire que toutes ces tendances sont bonnes, Mgr Bordeyne précise que « les théologiens sont des chercheurs, et donc ils s’appuient sur la lumière de la tradition, mais aussi sur la force du kérygme, qui est l’annonce du Christ vivant aux familles d’aujourd’hui » et qu’il faut « approfondir le regard que Jésus porterait sur des situations complexes, ou la lenteur des jeunes à choisir le mariage », ajoutant que l’Église « ne peut pas se cacher les yeux des transformations sociétales auxquelles nous assistons ». Comme si elle l’avait jamais fait.

On dirait que Mgr Bordeyne se lamente sur le fait que l’Église ne change pas son langage et ses priorités face à ces « transformations sociétales ».

Il a également proclamé qu’il n’a pas l’intention de transformer l’Institut Jean-Paul II en « Institut Amoris lætitia », protestant que « l’enseignement de François ne se réduit pas à Amoris lætitia, et que celui de Jean-Paul II ne se réduit pas à Familiaris Consortio. Chacun est bien dans son temps, mais il n’y a pas de contradiction entre les deux ».

C’est véritablement le récit officiel sur les innovations du pape François : il s’agit de la recherche de la mise en œuvre du changement tout en proclamant que les expressions de la doctrine catholique, qui sont clairement modifiées par ce changement, sont en fait des « évolutions » acceptables dictées par des circonstances changeantes.

L’entrevue complète de Mgr Bordeyne est disponible ici.



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