Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : andrei 77/Adobe Stock
14 août 2024 (LifeSiteNews) — Les dernières statistiques sur l’avortement de la Society of Family Planning (Société de planification familiale), couvertes avec une joie à peine contenue par les médias grand public, indiquent que le nombre d’avortements a augmenté au cours des trois premiers mois de 2024, janvier étant le premier mois, depuis la décision Dobbs, au cours duquel un nombre stupéfiant de 100 000 avortements ont été pratiqués. Les chiffres sont indéniablement sombres.
Pour comprendre la signification de ces chiffres, je me suis entretenu avec Michael New, statisticien pro-vie, politologue, professeur associé invité à l’Université catholique d’Amérique et chercheur associé à l’Institut Charlotte Lozier. Dr New est le plus rare des universitaires, car non seulement il concentre ses recherches sur l’impact des lois pro-vie, mais il conseille aussi régulièrement devant les cliniques d’avortement de Washington.
« J’ai toujours encouragé les pro-vie à considérer les estimations de la Society of Family Planning en matière d’avortement avec un certain scepticisme », a fait remarquer Dr New. « Elle n’a aucune expérience en matière d’estimation du nombre d’avortements aux États-Unis avant 2022. En outre, certaines de leurs données proviennent d’entreprises qui envoient des pilules abortives chimiques par la poste. Ces organisations sont incitées à gonfler leurs chiffres. Cela dit, ces nouveaux chiffres devraient inquiéter les pro-vie ».
Le Dr New a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
|
|
D’après les données disponibles, quelle est la cause de cette augmentation du nombre d’avortements ?
D’après les données disponibles, l’augmentation de la disponibilité des « médicaments » abortifs chimiques est à l’origine de la hausse des avortements. En 2016, la FDA a procédé à plusieurs changements de politique qui ont facilité l’accès aux avortements chimiques. Elle a étendu la limite d’âge gestationnel pour les avortements chimiques de 7 à 10 semaines. Elle a également approuvé un schéma posologique. Les femmes qui obtiennent un avortement chimique n’ont à se rendre qu’une seule fois chez un professionnel de la santé, au lieu de trois. En 2016, la FDA a également autorisé les infirmières praticiennes et d’autres professionnels de la santé à prescrire du mifeprex, l’un des produits utilisés dans les avortements chimiques. Puis, en 2021, la FDA de l’administration Biden a annoncé qu’elle n’appliquerait plus l’exigence de l’unique visite.
Selon les données du CDC, entre 2016 et 2021, la proportion d’avortements chimiques est passée de 30,3 % à 56 %. Il ne faut pas s’étonner qu’après une baisse relativement constante pendant 36 ans, le taux d’avortement aux États-Unis ait augmenté en 2017 et continue d’augmenter depuis.
Dans quelle mesure la mauvaise économie et l’inflation ont-elles un impact sur le taux d’avortement, étant donné que de nombreuses personnes choisissant l’avortement invoquent des difficultés financières ?
Je ne pense pas que la mauvaise économie et le taux d’inflation relativement élevé jouent un rôle dans l’augmentation du taux d’avortement. Le taux d’avortement a commencé à augmenter en 2017 avant le début du ralentissement économique et avant l’augmentation du taux d’inflation. Je dois également ajouter que le taux d’avortement aux États-Unis a continué à baisser pendant la récession du début des années 1990 et pendant la grande récession entre 2007 et 2009. Dans l’ensemble. Je ne pense pas que la vigueur de l’économie joue un rôle important dans l’incidence de l’avortement aux États-Unis.
Dans quelle mesure la « télésanté » et les « avortements par correspondance » représentent-ils un défi sans précédent pour le mouvement pro-vie ?
La télésanté et les avortements par correspondance constituent un défi sans précédent, car ils peuvent saper les lois pro-vie rigoureuses que de nombreux États ont adoptées à la suite de l’arrêt Dobbs de la Cour suprême. Quatorze États américains ont adopté des lois qui protègent largement tous les enfants à naître. Sept autres États ont adopté des lois qui protègent les enfants à naître après un certain âge gestationnel. Les données relatives aux naissances montrent que ces lois ont permis de sauver des milliers de vies. Toutefois, ces lois sont moins efficaces si les femmes vulnérables à l’avortement peuvent se procurer des abortifs chimiques par courrier.
La pilule abortive ouvre-t-elle une nouvelle ère dans la guerre de l’avortement ?
Oui, la pilule abortive ouvre une nouvelle ère dans la guerre de l’avortement. Les pro-vie doivent donner la priorité à la prévention des avortements chimiques. Plusieurs stratégies différentes peuvent être utilisées. La première consiste à intenter un procès à la FDA. On peut faire valoir que la FDA n’a pas respecté ses propres règles en matière de tests et de sécurité lorsqu’elle a facilité l’accès aux médicaments abortifs chimiques en 2016 et en 2021. Les pro-vie n’ont pas obtenu le résultat escompté dans l’affaire FDA vs. Alliance for Hippocratic Medicine cet été. Toutefois, la Cour suprême a jugé que les plaignants n’avaient pas qualité pour agir. Une cause différente avec un plaignant différent pourrait aboutir à un résultat différent.
Une autre stratégie consiste à recourir à la justice pour invalider les lois de protection. À l’heure actuelle, six États politiquement libéraux ont mis en place des lois de protection. Ces lois protègent légalement les médecins avorteurs qui prescrivent des médicaments chimiques abortifs par télémédecine à des femmes vivant dans des États où des protections pro-vie sont en place. Les procureurs généraux des États conservateurs seraient en train d’envisager diverses stratégies d’action en justice.
Une dernière stratégie consisterait à élire un président pro-vie qui nommerait simplement le personnel de la FDA chargé de limiter l’envoi et l’utilisation des médicaments chimiques abortifs.
Selon vous, le taux d’avortement va-t-il continuer à augmenter ?
Il est difficile de prédire les tendances futures du taux d’avortement. Les jeunes qui ont atteint l’âge adulte au début des années 2000 étaient davantage pro-vie que les générations précédentes de jeunes gens. Cependant, la génération actuelle de jeunes adultes semble beaucoup plus favorable à l’avortement légal. Il est possible que ce changement d’attitude joue également un rôle dans l’augmentation récente du taux d’avortement aux États-Unis.
Je dois ajouter qu’avec l’augmentation récente des avortements chimiques, les nominations à la FDA pourraient avoir un impact important sur l’incidence de l’avortement. Si Donald Trump est élu président, il pourrait nommer du personnel de la FDA qui imposerait des limites à l’envoi et à l’utilisation de médicaments d’avortement chimique. Cela pourrait potentiellement entraîner des réductions significatives du taux d’avortement aux États-Unis. Donald Trump n’a certainement pas promis de limiter les avortements chimiques. Cependant, les personnes qu’il nommera à la FDA seront certainement plus sensibles aux préoccupations des pro-vie que celles nommées par Kamala Harris.