Margo Naranjo.
Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : YouTube
22 juillet 2024 (LifeSiteNews) — C’est une vidéo vraiment horrifiante. — Pendant 18 minutes, Cathy Naranjo explique dans une vidéo publiée sur Facebook — maintenant supprimée — que sa famille a décidé de retirer à leur fille adulte Margo Naranjo le « soutien à la vie » dont elle a besoin depuis qu’elle a subi une grave lésion cérébrale à la suite d’un accident de voiture en 2020. Margo est assise près de sa mère, ouvrant et fermant les yeux, bougeant la bouche. Cathy se dit « très nerveuse », puis commence à parler des funérailles et de la « célébration de la vie » de Margo, tandis que celle-ci remue à ses côtés.
Cathy a expliqué que quelques temps avant l’accident, la famille était assise autour de la table et plaisantait sur le fait que si quelque chose leur arrivait, ils voudraient que quelqu’un « les débranche », et a affirmé que Margo avait dit à ce moment-là qu’elle ne voudrait pas être « maintenue en vie par des machines ». Cathy a également affirmé qu’à l’âge de 24 ans, Margo « était très claire à ce sujet » et qu’elle voulait mourir plutôt que de « ne pas avoir de qualité de vie », bien qu’elle n’ait « malheureusement » rien « écrit ». Cathy poursuit : « Je suis sûre à 100 % qu’elle savait ce qu’elle disait ».
Mais comme le rapporte LifeSiteNews, ce que Cathy entend par enlever les machines, dans ce cas, c’est enlever la nutrition et l’hydratation artificiellement administrées à Margo. « Dans l’État du Texas, cela est considéré comme une forme de maintien en vie », a déclaré Cathy. « Il est éthique et légal de l’enlever dans des situations comme celle-ci » — ici, elle a fait un geste vers sa fille. « Elle est suivie par d’excellents médecins en soins palliatifs ». Mme Naranjo a insisté sur le fait que Margo ne mourrait pas de faim, mais qu’il s’agissait simplement de respecter ses souhaits.
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Soyons clairs : Margo Naranjo n’est pas en train de mourir. Une sonde d’alimentation n’est pas un « soin extraordinaire ». Cathy Naranjo a elle-même noté qu’il faudrait « trois à cinq jours » pour que sa fille meure après avoir été privée de « nutrition et surtout d’hydratation ». Je me souviendrai toujours de Bobby Schindler, le frère de Terri Schiavo, qui m’a décrit à quoi ressemblait sa sœur juste avant de mourir dans les mêmes circonstances : squelettique, horrible. Lorsque vous supprimez la nutrition et l’hydratation — la nourriture et l’eau — d’une personne, celle-ci meurt de faim. Ou meurt de soif.
Naranjo a indiqué que des funérailles ont été organisées pour le 2 août à l’église catholique St. Ann à Coppell, au Texas, suivies d’une fête de « célébration de la vie ». (On ne sait pas encore si le personnel de l’église St. Ann savait que la mort de Margo était planifiée. — Note de l'éditeur)
Mme Naranjo a insisté lourdement sur le fait que tout cela était « paisible » et que Margo voulait aller au paradis : « Si vous croyez au paradis, pourquoi ne voudriez-vous pas y aller ? C’est donc là que nous allons la laisser aller. Elle va aller au paradis, et tout le monde l’a beaucoup soutenue », a-t-elle déclaré. Elle a également affirmé que les personnes mourantes refusent souvent de s’alimenter et tombent « dans un profond sommeil », omettant encore une fois de mentionner que Margo n’est pas en train de mourir naturellement — elle mourra parce qu’on lui a refusé de s’alimenter et de s’hydrater. Naranjo a terminé par une prière, et son mari Mike l’a rejointe pour la remercier d’avoir « guidé les gens et expliqué » ce qui se passait.
Il est important d’examiner les affirmations de Mme Naranjo. Le Dr John Keown est l’un des plus grands spécialistes mondiaux de l’euthanasie et du suicide assisté, et il est devenu le premier titulaire d’une chaire de droit et d’éthique de la médecine à Cambridge. Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet, notamment son livre très remarqué Euthanasia, Ethics, and Public Policy : An Argument Against Legalisation (Euthanasie, éthique et politique publique : Un argumentaire contre sa légalisation), publié par Cambridge University Press (Euthanasie, éthique et politique publique : Un argumentaire contre sa légalisation). Ses travaux ont été cités par la Cour suprême des États-Unis, les Law Lords, la Chambre des communes, le House of Lords Select Committee on Medical Ethics et le Sénat australien.
Keown est clair sur le fait que le retrait de l’alimentation par sonde peut être considéré à juste titre comme un « meurtre médical par omission ». Dans un article publié en 2000 et dans un autre en 2009, il a qualifié ce processus d’« euthanasie passive ».
Keown s’est longuement penché sur ce scénario. Dans un article paru en 1998 dans The Journal of Contemporary Health Law and Policy, intitulé « The Legal Revolution: From "Sanctity of Life" to "Quality of Life" and "Autonomy" », il examine attentivement chaque position sur le retrait de la nourriture et de l’eau et conclut :
Dans le contexte médical, il n’y a pas d’exception à l’interdiction morale de tuer intentionnellement : le médecin qui abrège intentionnellement la vie d’un patient, qu’il s’agisse d’un adulte en phase terminale ou d’un enfant atteint du syndrome de Down, enfreint ce principe. Peu importe d’ailleurs que l’abrègement soit le résultat d’un acte ou d’une omission. Abréger intentionnellement la vie d’un patient en lui refusant un traitement, de la nourriture, de l’eau ou de la chaleur n’est pas moins répréhensible que de lui injecter un poison mortel. De même, un bon motif, tel que l’allègement de la souffrance du patient ou de ses proches, ne rachète pas une mauvaise intention. En bref, tout comportement visant à abréger la vie d’un patient, qu’il s’agisse d’une fin ou d’un moyen, et quel que soit le motif ultérieur, enfreint le principe.
Keown ajoute, plus loin dans le document :
De même, le droit pénal ne se préoccupe pas uniquement de punir le meurtre actif. Bien qu’il n’y ait généralement pas de responsabilité en cas d’omission de préserver la vie, il est bien établi que l’omission de s’acquitter d’un devoir de préservation de la vie constitue un meurtre si l’omission est faite dans l’intention de tuer ou de causer un préjudice grave. On peut citer comme exemple l’omission d’un parent de nourrir son enfant... ou l’omission d’un médecin de nourrir un patient, avec la même intention.
Heureusement, Margo reçoit toujours de la nourriture et de l’eau. Le 21 juillet, son père Mike a publié une mise à jour sur Facebook, indiquant que la famille était « profondément touchée » par « les centaines de messages, d’appels téléphoniques, de courriels et de textes qui nous soutiennent », notant que « nous n’allons pas laisser une poignée de personnes nous intimider et nous faire taire » bien qu’il n’ait pas expliqué précisément ce qu’il entendait par là. Il a ensuite écrit :
Voici les dernières nouvelles de Margo Naranjo. Il y a tellement de choses à partager que je dois faire attention aux détails. Vendredi après-midi, nous avons reçu une ordonnance de restriction contre la suspension de l’hydratation et de la nutrition. Margo suit donc actuellement son programme d’alimentation habituel. Notre tutelle a également été temporairement suspendue. Le tuteur temporaire a été un excellent collaborateur. J’espère qu’un jour je pourrai vous donner plus de détails.
Bobby Schindler a déclaré aujourd’hui à LifeSiteNews qu’il était désolé pour le père et la mère de Margo, mais qu’ils avaient le devoir de préserver la vie de leur fille :
Je suis de tout cœur avec les parents de Margo Naranjo, car ma famille connaît les effets profonds que ce type de blessures peut avoir sur les êtres qui nous sont chers. Cependant, nous devons nous rappeler que nous avons l’obligation morale de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver la vie et protéger les personnes handicapées, en reconnaissant qu’une personne souffrant d’une lésion cérébrale est un être humain doté d’une dignité inhérente et d’un droit à des soins qui lui permettent de vivre. Cette jeune fille n’a besoin que de nourriture, d’eau et de l’amour de sa famille pour survivre. Il faut au moins lui fournir ces éléments. Merci de prier pour Margo Naranjo et pour que ses parents changent d’avis.
La situation évolue et nous vous tiendrons au courant au fur et à mesure de l’évolution de la situation.