Par Calvin Freiburger — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Pikist
14 octobre 2024, Tallahassee, Floride (LifeSiteNews) — Le Bureau des crimes électoraux et de la sécurité (OECS) du Département d’État de Floride (DOS) a publié un rapport périodique de 348 pages sur les conclusions qu’il a tirées jusqu’à présent au sujet d’une importante fraude dans la pétition qui aurait été utilisée pour faire inscrire un amendement radical en faveur de l’avortement sur le bulletin de vote du mois de novembre.
L’amendement 4, appelé « Amendement visant à limiter l’ingérence du gouvernement dans l’avortement », stipule qu’« aucune loi ne doit interdire, pénaliser, retarder ou restreindre l’avortement avant la viabilité ou lorsque cela est nécessaire pour protéger la santé de la patiente, comme déterminé par le fournisseur de soins de santé de la patiente ». S’il était adopté, il exigerait que l’avortement soit autorisé pour n’importe quelle raison avant la « viabilité » du fœtus et rendrait les interdictions après la « viabilité » effectivement dénuées de sens en exemptant tout avortement qu’un avorteur prétendrait être pour des raisons de « santé », bien que l’avortement — le meurtre d’un enfant à naître innocent dans l’utérus — ne soit jamais nécessaire ni justifiable. S’il était adopté, l’amendement annulerait l’interdiction de l’avortement après six semaines en Floride.
L’amendement dit ostensiblement qu’il « ne modifie pas l’autorité constitutionnelle de la législature d’exiger la notification d’un parent ou d’un tuteur avant qu’une mineure ne subisse un avortement ». Mais beaucoup, comme le gouverneur républicain Ron DeSantis, ont averti qu’« il y a une différence entre le consentement », qui est ce que la loi actuelle exige, « et la notification. La notification se fait après coup. Le consentement est évidemment une condition préalable. Ils ont fait cela parce qu’ils savent que s’en prendre aux droits des parents est une vulnérabilité ».
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Le mois dernier, l’administration DeSantis a annoncé qu’elle examinerait les signatures de « près de 37 000 pétitions soumises » recueillies par 35 personnes, à la suite d’exemples de signatures de personnes décédées et de signatures non concordantes, ainsi que de rapports de personnes qui « n’ont pas signé les formulaires de pétition soumis en leur nom » et même de fausses signatures.
Le 11 octobre, le secrétaire d’État adjoint de Floride chargé des affaires juridiques et de l’intégrité électorale, Brad McVay, a signé une lettre détaillant l’enquête menée jusqu’à présent par l’OECS sur les allégations de fraude à la pétition au sujet des « Floridiens protégeant la liberté » (FPF), le groupe pro-avortement à l’origine de l’amendement.
« À partir de la fin de l’année 2023 et jusqu’au début de l’année 2024, l’État a été inondé de plaintes contre FPF et ses agents. Les allégations comprenaient des rapports sur des collecteurs de signatures rémunérés par FPF, signant des pétitions au nom de personnes décédées, falsifiant ou déformant les signatures des électeurs sur les pétitions, utilisant les informations d’identification personnelles des électeurs sans leur consentement, et des parjures ou fausses déclarations sous serment. »
La lettre révèle que l’OECS a ouvert « bien plus de 100 enquêtes criminelles préliminaires » sur des fraudes potentielles, y compris des « milliers » de pétitions qui ont été validées alors qu’elles ne correspondaient pas aux signatures figurant dans les dossiers ou qu’elles avaient été recueillies par des « fraudeurs connus », ainsi que des « allégations crédibles » selon lesquelles des collecteurs de signatures ont été payés pour leur travail, ce qui constitue un délit au troisième degré en Floride. « Plusieurs entités liées à FPF ont eu l’audace de faire de la publicité pour cet arrangement illégal sur des sites de médias sociaux », ajoute le rapport.
L’enquête pourrait déboucher sur une contestation juridique de l’inscription de l’amendement 4 sur le bulletin de vote, ce qui, en cas de succès, pourrait empêcher l’amendement d’entrer en vigueur même si 60 % des électeurs votaient en sa faveur.
Les enjeux de l’amendement 4 sont considérables, non seulement pour le sort des lois pro-vie actuelles de Floride, mais aussi pour la tendance nationale plus large des batailles d’État contre l’avortement dans des États-Unis sans Roe v. Wade. La clique de l’avortement a eu beaucoup de succès en utilisant de fausses affirmations selon lesquelles les lois pro-vie sont dangereuses pour attiser la peur du grand public sur cette question, de la manière la plus visible dans le domaine des amendements constitutionnels des États proclamant des « droits » à l’avortement à l’abri de toute législation future.
Les pro-vie n’ont pas réussi à faire adopter d’amendements pro-vie ni à empêcher l’adoption d’amendements pro-avortement en Californie, au Kentucky, au Michigan, au Montana, au Vermont et en Ohio, ce qui a suscité de nombreuses discussions parmi les pro-vie sur la nécessité de développer de nouvelles stratégies pour protéger la vie dans les urnes, ainsi qu’un débat parmi les républicains sur les ramifications politiques du maintien d’une position pro-vie claire.
Les amendements constitutionnels requièrent 60 % des voix en Floride (par opposition au seuil de majorité simple dans des États tels que le Michigan et l’Ohio), et les sondages ne s’accordent pas sur la question de savoir si l’amendement peut atteindre ce seuil.
Le résultat pourrait dépendre de la manière dont les partisans de la vie parviendront à faire connaître les effets de l’amendement 4. Un sondage réalisé par la société d’opinion publique NextGen Polling a révélé que si 57 % des personnes interrogées soutiennent l’amendement dans son ensemble, 64 % des républicains, 34 % des démocrates et 43 % des indépendants sont moins enclins à le soutenir lorsqu’ils sont informés qu’il pourrait assouplir les normes concernant les personnes qui pratiquent des avortements et les confier à des non-médecins.
DeSantis a pris de nombreuses mesures pour lutter contre l’amendement : notamment l’enquête susmentionnée, le lancement d’un comité politique destiné à le faire échouer; l'incitation des autres républicains de Floride à s'exprimer; le travail du département de la santé de l’État pour diffuser les faits réels concernant à la fois la loi actuelle et l’amendement; et une récente journée de prière à l’échelle de l’État pour les protections pro-vie de la Floride.
Entre cela et l’avantage sans précédent du Parti républicain en termes d’inscriptions dans l’« État ensoleillé », les deux camps sont profondément investis dans l’issue de la bataille de l’avortement en Floride cet automne, qui poursuivra ou interrompra cette tendance.