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La Chine communiste ment-elle sur son nombre de naissances ? Elle a toutes les raisons de le faire…

Par Steven Mosher ― Traduit par Campagne Québec-Vie

Le 22 janvier 2020 (LifeSiteNews) ― Le Bureau national des statistiques de Chine vient d’annoncer que 14, 65 millions de bébés sont nés en Chine l’année dernière. Il a également affirmé que la population de la Chine a continué de s’accroître, atteignant 1,4 milliard en fin de l’année 2019, depuis les 1, 39 milliards de l’année précédente.

Les deux affirmations sont probablement fausses. Le nombre réel de naissances est plus bas, probablement beaucoup plus. Quant à la population du pays le plus peuplé de la planète, elle n’a pas non plus seulement cessé de croître, mais elle peut en fait être en train de diminuer.

Alors, pourquoi le Parti communiste insiste-t-il pour gonfler les chiffres ?

Parce que faire autrement reviendrait à admettre que l’une de ses politiques économiques emblématiques des quarante dernières années, la politique de l’enfant unique, pourrait avoir compromis fatalement l’avenir de la Chine. Pendant des décennies, le Parti a justifié ses politiques brutales de limitation des naissances, qui comprenait l’arrestation, l’emprisonnement et l’avortement forcé de dizaines de millions de femmes, comme condition préalablement nécessaire à la croissance économique. « La réglementation stricte des naissances est le seul moyen de sortir de la pauvreté », été plus ou moins la déclaration du Parti.

Mais alors que le Parti célébrait l’élimination de 400 millions d’êtres humains, un hiver démographique descendit lentement sur le pays qu’il a mal gouverné. La population chinoise vieillit maintenant plus rapidement que n’importe quelle population de l’histoire de l’humanité, son taux de natalité est en chute libre et sa croissance économique future est en péril.

L’augmentation artificielle des chiffres de naissances et de la population n’est rien de plus que l’acharnement du Parti à cacher ses échecs et échapper à sa responsabilité.

Bien sûr, même si la revendication officielle de 14, 65 millions de naissances en 2019 était vraie, ce serait encore le plus faible nombre de naissances depuis 1961, une époque où la Chine était en proie à la pire famine de l’histoire de l’humanité. Les communes populaires étaient anéanties, les récoltes avaient été très mauvaises et des centaines de millions de Chinois moururent de faim. De 1960 à 1962, période que le Parti appelle aujourd’hui les « trois années difficiles », on estime que 42, 5 millions de personnes sont mortes de faim. Difficile, en effet.

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La Chine n’a enregistré que 13, 81 millions de naissances en 1960, la première des années de famine, un chiffre qui est tombé à 11, 87 millions de naissances l’année suivante. C’était ce que ces femmes affamées des « trois années difficiles » pouvaient faire pour rester en vie : ne pas avoir de bébé.

Soixante ans plus tard, les petites-filles de ces femmes affamées semblent s’avérer tout aussi stériles, mais pour des raisons très différentes.

Si vous voulez savoir à quel point peu de bébés naissent réellement en Chine, vous devez rechercher des données provinciales et municipales. Ces chiffres suggèrent que le nombre réel de nouveau-nés en Chine a quelque chose comme 10 % et 20 % de moins que dans les dires du gouvernement.

Le rapport annuel de la Commission nationale de la santé de 2018 est particulièrement révélateur à cet égard, car il décompose le nombre national par province. Il est facile de voir que les deux nombres se contredisent. Le rapport publie un chiffre de 15, 21 millions comme nombre total de naissances vivantes en Chine en 2018. Mais si vous totalisez les chiffres provinciaux, vous arrivez à un chiffre de seulement 13,62 millions, soit quelque 1,61 million de naissances de moins. Ce n’est pas une erreur d’arrondissement.

Le plus grand nombre donné par la Commission nationale de la santé, 15,21 millions, correspond toutefois presque exactement au nombre de naissances signalées par le Bureau national des statistiques. La Commission nationale de la santé truquerait-elle maladroitement ses propres chiffres pour les aligner selon un objectif national ? Cela y ressemble très certainement.

Un autre exemple vient de la ville de Chongqing, qui a signalé que de janvier à novembre de l’année dernière quelque 255 692 bébés sont nés. Mais les données mensuelles publiées par la ville comprennent la déclaration étonnante de 66 861 nouveau-nés pour le seul mois de juin. Ce nombre est près de cinq fois plus élevé que les chiffres de tout autre mois. Cette anomalie suggère encore une fois que quelqu’un a augmenté le nombre déclaré du mois de juin de 50 000, de sorte que le nombre annuel correspondît à un but national.

Mais le signal d’alarme le plus révélateur vient de l’indicateur conjoncturel de fécondité de la Chine, ou ICF, qui est le nombre prévu d’enfants qu’une femme aura au cours de sa vie féconde. L’ICF d’un pays est essentiel pour prédire sa santé démographique à long terme. Un ICF de 2,1 signifie que les femmes auront en moyenne un peu plus de deux enfants chacune, ce qui suggère que la population sera stable au fil du temps. Un ICF de 1 d’autre part signifie que les femmes auront en moyenne un seul enfant au cours de leur vie. C’est une recette de suicide démographique.

L’ICF des femmes chinoises est en baisse depuis des décennies. Dans le recensement national de 2000, il n’est arrivé qu’à 1,22, tombant encore plus bas dans le recensement national de 2010 à seulement 1,18. Mais ensuite vint le vrai choc. En 2015, le Bureau national des statistiques a indiqué que l’ICF du pays n’était tombé qu’à 1, 05. Il s’agit du deuxième taux de fécondité le plus bas au monde (seul le petit pays de Singapour est plus faible), et il laisse clairement présager un effondrement de la population chinoise.

Ce sont des chiffres gênants en effet, c’est pour cela que pour les vingt dernières années les fonctionnaires chinois ont fait de leur mieux pour les cacher.

Bien au contraire, ils ont affirmé, sans aucune preuve réelle, que le ICF de la nation s’est stabilisé entre 1,6 et 1,8. L’organisation principale qui a fait la promotion de ce nombre plus élevé n’est autre que la Commission de planification familiale, c’est-à-dire la même organisation qui, pendant près de quatre décennies, a impitoyablement appliqué la politique du pays de l’enfant unique. Quelqu’un s’étonne-t-il du fait que les mêmes fonctionnaires du Parti chargés de mener cette politique barbare tentent maintenant de minimiser ses conséquences négatives ?

Quant au Bureau national des statistiques, il a cessé de publier des données sur l’ICF de Chine en 2017. Depuis ce temps, il n’a offert aucune explication quant à la raison pour laquelle il est resté silencieux.

Presque toutes les projections de croissance future de la population chinoise, qu’elles proviennent du gouvernement chinois ou d’organisations internationales comme le Fonds des Nations Unies pour la population, sont fondées sur l’hypothèse que le ICF de la Chine est autour de 1,7. Mais ce qui semble être le cas selon les données, c’est que l’ICF réel en Chine au cours des 20 dernières années était plus proche de 1,1, et que le pays gonflait le nombre de naissances de plusieurs millions par an.

Dans ce cas, la population réelle de la Chine serait moindre de quelques dizaines de millions et beaucoup plus âgée que ne le revendiquent les chiffres de Pékin. Mais en outre, les projections de la population future de la Chine fabriquées par le Fonds des Nations Unies pour la population seraient encore plus largement erronées.

En fait, l’un des chercheurs les plus crédibles sur cette question, le Dr Fuxian Li de l’Université du Wisconsin, estime que les statistiques sur la population publiées par la Chine sont tellement corrompues par la politique qu’il y a une différence incroyable de 100 millions de personnes. Cela signifierait que la population réelle du pays ne peut être que de 1,3 milliard, au lieu des 1,4 milliard que Pékin clame.

La population chinoise a probablement déjà commencé à décliner, dit le Dr Yi. Et il prévoit que, si le faible taux de natalité actuel persiste, la population chinoise pourrait tomber à seulement 400 millions d’ici la fin du siècle.

Quelques critiques commencent à parler de l’intérieur de la Chine même. Ils disent maintenant que la décision de 2016 de passer à une politique des deux enfants était trop peu, trop tardive. Ils notent que, même si toutes les restrictions à la naissance étaient levées demain, le taux de natalité ne bondirait pas de manière significative. La démographie est un destin fixe, même si vous possédez le pays le plus peuplé de la planète.

Ce que le Parti a l’intention de faire, le cas échéant, face à cette calamité imminente n’est pas très clair. Il ne peut pas fabriquer des bébés à partir de rien, comme il fabrique des statistiques. Et il est encore plus horrible d’admettre qu’il a, littéralement, avorté l’avenir de la Chine.

Un gouvernement normal ne fabriquerait pas de statistiques sur les naissances ni ne mentirait sur le nombre de personnes qui vivent dans ses frontières. Mais un gouvernement normal n’aurait pas infligé une forme extrêmement pernicieuse de contrôle sur sa population en premier lieu. Un pays normal aurait remis en question la destruction gratuite du capital humain, si précieux. Surtout, un pays normal aurait rejeté l’affirmation selon laquelle le chemin vers la grandeur nationale nécessitait le sacrifice de centaines de millions des membres les plus jeunes et les plus vulnérables de la société. Mais pas le Parti communiste chinois, qui dans chacune de ses nombreuses campagnes politiques semble se réjouir de façon perverse d’une telle destruction.

Je suppose qu’il n’est pas surprenant que le Parti se sente obligé de faire naître des bébés imaginaires, après avoir tué tant des bébés de chair et de sang. Après tout, la politique de l’enfant unique a été l’une de ses politiques phares, un élément clé du plan du Parti visant à dépasser les États-Unis et à devenir l’acteur le plus puissant de la planète.

Il est ironique que la politique autrefois présentée comme le moteur du succès de la Chine, la politique de l’enfant unique, ait pu en fin de compte creusé sa tombe.

Une Chine mourante ne sera jamais le numéro un.

Steven W. Mosher est président du Population Research Institute et l’auteur de Bully of Asia : Why China’s Dream is the New Threat to World Order.



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