Par Jonathon Van Maren — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Freepik
Mercredi 7 mai 2025 (LifeSiteNews) — Au cours de la dernière décennie, une vague d’interdictions des « thérapies de conversion » a déferlé sur le monde. Promues comme des protections pour les jeunes s’identifiant comme LGBT, ces interdictions sont présentées comme criminalisant d’horribles pratiques charlatanesques, dont la « thérapie par électrochocs » et d’autres pratiques néfastes. En réalité, ces interdictions soigneusement élaborées — qui sont aujourd’hui en vigueur dans plus de vingt pays — criminalisent souvent aussi les conseils prodigués aux personnes souffrant de dysphorie de genre ou d’attirances sexuelles non désirées.
L’interdiction des thérapies de conversion est à nouveau un sujet d’actualité. Aux États-Unis, les militants LGBT accusent le Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis de promouvoir cette pratique dans son rapport exposant les dangers des « soins d’affirmation du genre », qui a déjà été surnommé la « révision américaine de Cass ». En mars, la Cour suprême des États-Unis a accepté d’entendre un recours contre l’interdiction de la « thérapie de conversion » dans le Colorado. Lors des dernières élections canadiennes, un candidat conservateur a été accusé par les libéraux de soutenir la « thérapie de conversion ».
Jojo Ruba, un apologiste chrétien qui dirige l’organisation Redeeming Conversations, s’exprime ouvertement sur la question de l’interdiction des « thérapies de conversion » depuis un certain temps. Le 2 décembre 2020, Ruba a témoigné devant le Comité de la justice de la Chambre des communes du Canada sur C-6, la loi canadienne interdisant les « thérapies. de conversion ». Il a gentiment accepté de répondre aux questions de LifeSiteNews sur la pression croissante du mouvement LGBT en faveur de ces interdictions.
|
|
Jonathon Van Maren : Comment le mouvement LGBT a-t-il développé la tactique des « interdictions de thérapies de conversion » ?
Jojo Ruba : L’interdiction des « thérapies de conversion » est en fait le résultat naturel de l’affirmation que vos attirances sexuelles ou vos sentiments par rapport au sexe définissent le cœur de votre identité. Lorsque vous commencez à vous qualifier de « gay » ou de « trans », toute personne qui propose de changer ces sentiments ou ce comportement est perçue comme quelqu’un qui essaie de changer la couleur de votre peau. L’idée d’interdire toute forme de changement a alors vu le jour au sein de la communauté gay, beaucoup affirmant l’avoir subi de la part d’églises et d’organisations chrétiennes. Il est vrai qu’il existait à l’époque des pratiques très désagréables et néfastes. Elles étaient en grande partie liées au fait que la société en était encore à comprendre aux prises la nature, la cause et la réponse au cas de ceux d’entre nous qui éprouvaient ces émotions sexuellement déroutantes.
Naturellement, lorsque l’idéologie LGBTQ s’est imposée sur la scène politique au milieu des années 2000, ces pratiques ont été prises pour cible, car elles étaient non seulement considérées comme néfastes, mais aussi comme étant une tentative d’effacer un groupe entier de personnes.
La prohibition canadienne ne ressemble à aucune autre loi dans le monde de par sa position extrême. Pourtant, tous les partis politiques l’ont laissée passer sans réagir, par crainte de la force politique de la communauté LGBTQ et de ses alliés dans les médias.
Bien que la campagne pour l’adoption de cette loi et les lois provinciales et municipales dans tout le Canada soient en place depuis maintenant près de 10 ans, aucune personne n’a été inculpée, et encore moins emprisonnée ou condamnée à une amende pour avoir pratiqué une « thérapie de conversion » au Canada. En fait, au niveau mondial, très peu de cas de condamnation en vertu de ces lois ont été signalés. À Malte, un catholique qui est lui-même sorti de la communauté LGTBQ fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire. Il se bat contre une accusation selon laquelle il aurait pratiqué une « thérapie de conversion » en encourageant d’autres personnes à suivre l’enseignement de sa foi en matière de sexualité.
Que font réellement ces lois ?
J’ai étudié plus d’une centaine de lois du monde entier, à tous les niveaux de gouvernement, et chacune d’entre elles vise à protéger les personnes LGBTQ contre les préjudices psychologiques, en se fondant sur l’idée selon laquelle on ne peut pas changer d’identité sexuelle. Vos attirances sont ce que vous êtes.
Bien entendu, cette idée ne tient absolument pas compte des personnes qui, comme moi, choisissent de ne pas agir en fonction de leur attirance pour le même sexe ou de leur confusion sexuelle et qui rejettent l’étiquette LGBTQ. Le Canada, en particulier, impose des interdictions qui empêchent même les adultes consentants comme moi d’être conseillés par leurs propres pasteurs pour « réduire » les « comportements non hétérosexuels » non désirés. Si les pasteurs aident à « réduire » les comportements homosexuels non désirés, ils sont passibles d’une amende ou d’une peine de prison. Cela signifie que mon pasteur peut m’aider à mettre fin à une dépendance hétérosexuelle à la pornographie, mais pas à une de type homosexuel. Même le rapport final du Ministère de la Justice sur l’interdiction fédérale a suggéré qu’il s’agissait probablement d’une violation de la Charte des droits et libertés.
L’interdiction canadienne empêche également les enfants, dès l’âge de cinq ans, d’obtenir le soutien de leurs parents pour conserver leur identité conforme au sexe. Cela signifie qu’un enfant souffrant de dysphorie de genre ne peut obtenir de soutien que de la part de ceux qui encouragent une transition de genre. Là encore, les mêmes amendes et peines de prison s’appliqueraient aux pasteurs, aux conseillers et même aux parents qui tenteraient d’aider cet enfant à vivre selon son sexe biologique.
Bien entendu, je ne dis pas cela pour encourager les parents à désespérer. Comme je l’ai dit, aucune personne n’a été inculpée en vertu de ces lois et les chrétiens ne devraient pas s’autocensurer simplement parce que ces lois ont été adoptées pour leur faire peur. Il est probable que ces lois n’aient pas été appliquées parce que les avocats du gouvernement savent que dès que quelqu’un sera inculpé, nous pourrons contester la nature inconstitutionnelle de ces lois devant les tribunaux — et gagner.
Pourquoi les chrétiens devraient-ils se préoccuper de ces lois ?
Au cœur de l’Évangile se trouve un message de transformation, selon lequel Dieu transforme les pécheurs en enfants de Dieu pardonnés. Il rachète chaque partie de notre vie, y compris notre sexualité.
L’interdiction des « thérapies de conversion » criminalise en fait l’enseignement biblique de la repentance. Cela signifie que nous ne pouvons pas prêcher le message selon lequel Dieu transforme même ceux qui ont des sentiments homosexuels ou une identité transgenre pour qu’ils soient entiers dans le Christ, même aux membres de cette communauté qui veulent entendre ce message. L’adoption de ces lois montre à quel point l’Église se désintéresse de l’Évangile et de la communauté LGBTQ qui a besoin de l’entendre.
Comment devons-nous réagir à ces nouvelles réalités politiques ?
Si Dieu n’a pas emmené l’Église [militante]* au ciel, c’est parce que nous avons encore du travail à faire ici, y compris dans la sphère publique dont fait partie le monde politique.
La première partie de notre armure spirituelle, selon Paul dans Éphésiens 6, ce sont les chaussures de la prière. Les chaussures sont la base de toute armure. Par conséquent, ce type de prière ne se limite pas à de vagues souhaits. Nous devons sincèrement rechercher la sagesse et la puissance de Dieu pour nous préparer aux défis spirituels auxquels nous faisons face. Cela implique de reconnaître que nous sommes en guerre contre les idées et les forces spirituelles qui maintiennent les hommes et les femmes dans l’esclavage du péché, incluant à la fois les pratiques sexuelles malsaines et la vision du monde qui ignore les bons commandements de Dieu.
En priant, nous cherchons également des moyens d’entamer des conversations avec nos amis, nos voisins et nos proches. Il n’y a pas de changement politique tant qu’il n’y a pas de changement conversationnel. Une fois que nous sommes assez courageux pour dire les choses difficiles à ceux que nous aimons (et nous devons le dire dans un véritable amour, ce qui est différent de la gentillesse), nous apprendrons à dire ces mêmes choses au public séculier qui nous entoure. Les idées que nous combattons ne peuvent prospérer que parce que les chrétiens ont abandonné l’arène publique à des visions matérialistes du monde qui réduisent l’humanité à nos désirs et à nos sentiments. Les chrétiens ont une meilleure histoire à partager : un Dieu bon veut avoir de bonnes relations avec sa création. Mais cette relation est brisée et a besoin d’une réconciliation qui ne peut être trouvée qu’en Christ. Cette histoire concerne tout le monde, y compris la communauté LGBTQ.
J’en dirai beaucoup plus à ce sujet dans mon nouveau livre. Visitez le site redeemingconversations.ca pour plus d’informations sur ce livre et sur d’autres façons dont notre ministère peut aider.
Comment voyez-vous cette stratégie se déployer à long terme ?
C’est déjà en train de se dérouler. Ils ne n’ont pas seulement en vue de fermer les ministères qui aident les personnes LGBTQ à changer de comportement, mais aussi de changer les groupes qui défendent une vision biblique du mariage. Notre ministère a récemment découvert une organisation financée par des fonds publics dont l’objectif principal est d’amener tous les groupes religieux à modifier leur enseignement sur le mariage et la sexualité. Cette organisation a été créée par l’homme qui a célébré le premier mariage homosexuel au Canada. Elle a déjà reçu près d’un million de dollars pour étudier les églises et d’autres groupes et même dresser une liste de ces groupes qui enseignent que le mariage est réservé aux couples homme-femme. Leur site internet énumère les façons dont ils veulent nous rééduquer pour que nous pensions comme eux, y compris en créant des ressources éducatives pour changer notre théologie.
Nous entrons dans une nouvelle ère au Canada où les promoteurs de l’idéologie LGBTQ n’ont aucune honte à afficher leur véritable objectif : forcer tout le monde à penser comme eux sous peine d’en subir les conséquences. Ces conséquences peuvent inclure la perte du statut d’organisme de bienfaisance, la fermeture de nos églises et l’interdiction de toute présence publique, comme les prières et les événements publics.
*Selon la doctrine catholique, l’Église est à la fois au Ciel et sur terre : l’Église triomphante au paradis avec le Christ, tête de l’Église, et les saints, l’Église souffrante au Purgatoire avec les âmes fidèles qui y sont purifiées, et l’Église militante sur terre avec ses membres vivant en ce monde. — A.H.