Par Jeanne Smits (Le blog de Jeanne Smits) ― Photo :
Je vous propose ici la traduction d'un article de Diane Montagna de LifeSiteNews sur le nouveau tremblement de terre qui s'est produit à l'Institut Jean-Paul II pour la famille, déjà rebaptisé en octobre 2017 Institut théologique des sciences du mariage et de la famille et dont l'objectif affiché est la mise en œuvre d' Amoris laetitia. Disparition du cours de théologie morale fondamentale, renvoi de deux figures historiques – Mgr Livio Melina et le P. José Noriega, tous deux réputés pour leur orthodoxie doctrinale – suspension de tous les autres professeurs et surtout putsch en faveur du Grand Chancelier Mgr Vincenzo Paglia, désormais doté de pouvoirs exorbitants.
Tous cela a été formalisé par la publication en catimini de nouveaux statuts qui avaient provoqué une levée de boucliers en juin dernier lorsque le corps enseignant en place avaient été invités à donner leur avis sur ce texte dont les effets révolutionneront définitivement le reliquat de l'Institut Jean-Paul II, bel et bien enterré […] – J.S.
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Tous les professeurs ont été suspendus et le président congédié
dans le cadre de la « destruction » de l'Institut Jean-Paul II
Dans le cadre d’une attaque contre l'enseignement moral de l'Église catholique, aux dires de ceux qui la dénoncent, le successeur du cardinal Carlo Caffarra à l'Institut du mariage et de la famille fondé par Jean-Paul II a été mis à l’écart, tandis que le cours de théologie morale fondamentale et spécialisée de l'Institut a été supprimé.
Mgr Livio Melina, titulaire de la Chaire de Théologie morale fondamentale, et le P. José Noriega, titulaire de la Chaire de Théologie morale spécialisée, n'enseigneront plus à l'Institut à partir de cet automne. Le sort d'autres professeurs également fidèles à l'enseignement de l'Église sur le mariage et la famille demeure inconnu.
Le média catholique italien, La Nuova Bussola Quotidiana, a annoncé mardi que la veille, à la suite de l'approbation des nouveaux statuts de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, tous les professeurs ont reçu une lettre annonçant leur suspension officielle, en attendant les décisions qui vont être prises au sujet des cours pour la prochaine année universitaire et de leurs professeurs.
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Selon certaines informations, la lettre informait également les professeurs que chacun connaîtrait son sort dans les jours à venir. Alors qu'on s'attend à ce que la plupart des professeurs soient reconfirmés, le couperet est tombé pour les deux hommes qui symbolisent le mieux l'époque de Jean-Paul II : Mgr Livio Melina et le P. José Noriega.
Ce coup d'État a été mené sous la direction du nouveau Grand Chancelier de l'Institut, Mgr Vincenzo Paglia, et vise à mettre en œuvre le décret Summa familiae cura signé par le pape François en 2016, qui crée ainsi un nouvel institut. Ce décret de septembre 2016 a été publié quelques jours à peine après la mort du cardinal Caffarra.
Le rédacteur en chef de La Nuova Bussola, Riccardo Cascioli, a souligné dans son article la portée du licenciement de Mgr Livio Melina, successeur du président fondateur de l'Institut Jean-Paul II, le cardinal Carlo Caffarra. Dans la lettre qu'il a reçue lundi, Mgr Melina a été informé que l’enseignement de la théologie morale fondamentale a été éliminé dans les nouveaux statuts, et qu'il n'y a donc pas de poste pour lui.
Soulignant le rôle de plus en plus important joué par Mgr Melina dans l'expansion et la croissance de l'Institut JPII, Mgr Cascioli note que Melina est entrée à l'Institut comme étudiant au moment de sa fondation en 1982. En 1985, il fut le premier étudiant à y obtenir le doctorat.
Melina a également été au service de la Congrégation pour la Doctrine de la foi pendant six ans. Il a soutenu avec succès sa thèse de doctorat sur « La conscience morale chez saint Thomas d'Aquin » en présence du cardinal Josef Ratzinger, alors préfet.
En 1986, Mgr Melina a commencé à enseigner la théologie morale fondamentale à l'Institut JPII et, en 1991, il est devenu professeur titulaire, succédant ainsi au cardinal Caffarra comme directeur du département. En 2002, il a été nommé vice-président de l'Institut. Mgr Melina est président de l'Institut Jean-Paul II depuis 2006, poste qu'il a occupé jusqu'en 2016. Mais au moment des deux synodes sur la famille et de la publication d'Amoris Laetitia, Melina a été remplacée par Monseigneur Pierangelo Sequeri, musicologue et théologien.
Cascioli note aussi que les dix ans de la présidence de Mgr Melina auront été une période d'« expansion maximale » de l'Institut. Au cours de la dernière année de sa présidence, l’Institut comptait 516 étudiants à Rome et 3.200 étudiants dans le monde entier dans ses six centres. La recherche à l'Institut a également connu une progression importante sous la direction de Mgr Melina, particulièrement dans le domaine de la théologie morale, grâce à des conférences, des publications et à la collaboration internationale. La recherche en théologie sacramentelle et sur la pensée de Jean-Paul II se sont également développées, en particulier grâce à la Chaire Wojtyła confiée au philosophe polonais Stanislaw Grygiel, un grand ami du Pape polonais.
Mgr Melina a continué à enseigner la théologie morale à l'Institut après qu’il a été destitué de son poste de président, mais « ses jours étaient clairement comptés », écrit Cascioli. « Il était clair qu'il était le pilier à abattre pour faire tomber toute la structure. »
« L'œuvre de destruction, commencée par le (décret) du Pape François qui a créé un nouvel institut confié à Monseigneur Vincenzo Paglia en tant que Grand Chancelier, est maintenant dans une phase décisive avec l'approbation des nouveaux statuts et du nouveau programme », ajoute Casioli.
Mgr Paglia et Mgr Sequeri ont consulté les professeurs de l'Institut et leur ont fait croire que leur révision des anciens statuts, soumise en mars 2019, serait prise en considération. Après avoir fait attendre les professeurs pendant quatre mois sans nouvelles, Mgr Paglia a publié sa propre version des nouveaux statuts, qu'il avait déjà essayé d'imposer en juin – mais les professeurs s’étaient rebellés. Cette procédure est donc perçue par certains comme une « imposition totalitaire » des nouveaux statuts.
Les nouveaux statuts (art. 5, 25-39) confèrent également un pouvoir sans précédent à l'archevêque en tant Grand Chancelier. Dans d'autres universités pontificales, le rôle du Grand Chancelier est plus formel. Selon les nouveaux statuts, Paglia a le pouvoir d'engager et de licencier des professeurs, de nommer le président et le vice-président. Elle le rend aussi omniprésent dans toutes les structures internes de l'Institut, même si son curriculum vitae révèle qu'il n'est même pas titulaire d'un doctorat. En ce qui concerne le contenu des cours du nouvel Institut, les statuts ont éliminé les cinq programmes de Master proposés : Master en bioéthique, en sexualité et fertilité, en conseil familial, en pastorale familiale et en études sur le mariage et la famille. Des médecins, des infirmières, des avocats, des psychiatres, des psychologues, des catéchistes et des enseignants ont suivi ces formations et obtenu les diplômes à l’Institut.
Les programmes de licence et de doctorat ont été conservés, mais on ne trouve dans les statuts aucune référence explicite à Jean-Paul II, à la théologie du corps ou à Humanæ Vitæ.
L'article 89 des statuts précise que la période de transition en vue du nouveau programme d'études sera de trois ans. Le nouveau et l'ancien programme existeront donc côté à côte pendant les trois prochaines années, mais sans le bénéfice de l’enseignement de Mgr Melina, du P. Noriega, et peut-être de quelques autres professeurs orthodoxes et qualifiés.
Diane Montagna, LifeSiteNews