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En Pologne, des sages-femmes obligées de collaborer à des avortements : un témoignage

Sur le site de Nouvelles de France du 9 avril 2014 (via Mère de Miséricorde) :

(Photo : gigile sur flickr.com, licence creative commons)

« La sage-femme raconte ce qu’elle a dû vivre dans une interview accordée à l’hebdomadaire catholique Gość Niedzielny du 16 mars dernier :

C’était à la fin de l’année dernière. Je suis venue prendre mon service de nuit. Mes collègues semblaient énervées et même consternées. Elles m’ont indiqué qu’il y avait une patiente à qui on administrait des médicaments destinés à provoquer des saignements, mais personne n’a appelé la chose par son nom et moi je n’ai pas deviné tout de suite. Pendant ce temps un médecin est venu et il m’a ordonné de lui mettre un goutte-à-goutte intraveineux avec des médicaments pour provoquer des contractions. Je croyais qu’il s’agissait d’une fausse couche car la procédure est très similaire dans ce genre de cas. Je me suis retrouvée en tant que seule sage-femme dans le service à ce moment-là. J’ai fait venir une collègue d’un autre service pour me faire aider puis, alors que j’étais occupée à d’autre tâches, ma collègue est arrivée en courant et elle m’a dit : «Agata, ta patiente a fait une fausse couche, que dois-je faire ?». Je ne savais toujours pas ce qui se passait, je croyais qu’il s’agissait d’un avortement spontané. Ma collègue a pris l’enfant, elle l’a enroulé dans un linge et l’a porté dans une autre salle et elle ne savait plus quoi faire. Même si elle est plus âgée et plus expérimentée que moi, elle était très secouée et m’a dit qu’elle n’avait jamais eu affaire à une telle situation. Puis quand j’ai eu fini avec mes autres patientes, je suis venu voir l’enfant et je l’ai baptisé même s’il était déjà mort. Puis j’ai dû mettre son corps à tremper dans du formol car c’est la procédure. Il a fallu que je le regarde, que je prenne ce petit corps dans mes mains. Qui pourra me dire que la sage-femme n’a qu’un rôle marginal dans tout cela ?

C’était le premier cas de ce type que nous avions, au troisième cas je me suis mise en arrêt maladie. J’étais complètement écrasée, en tant que femme, en tant que mère et en tant que catholique. Le troisième cas d’avortement pendant mon service, c’était le 1er janvier. J’ai appelé le médecin et je lui ai dit de s’occuper lui-même de la patiente, que moi je n’allais pas prendre part à cet avortement parce que je suis catholique et que je veux recevoir les sacrements et pouvoir regarder mes enfants droit dans les yeux demain matin. Mais quand l’accouchement a commencé il n’y avait personne d’autre que moi et une collègue avec le médecin dans le service et nous avons dû nous occuper de la patiente. On a d’abord vu sortir une petite jambe, puis le médecin a tiré et le reste est sorti. L’enfant est tombé dans un récipient métallique. Nous l’avons posé sur un linge et nous l’avons baptisé. Je suis sortie dans le couloir. Je n’ai pas vu ça moi-même, mais ma collègue m’a dit que sur le linge il avait soulevé sa cage thoracique et qu’après avoir inspiré une fois il était mort. Elle l’a répété en réunion avec le médecin en disant qu’il ne pouvait en être ainsi, que les enfants meurent sous nos yeux…

La clinique n’a pas prolongé le contrat de travail de Mme Rejman et elle a agi de même avec deux autres sages-femmes qui avaient invoqué la clause de conscience pour signifier qu’elles ne participeraient pas à des avortements. »

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