Le cardinal Raymond Leo Burke.
Par le Cardinal Raymond Leo Burke (Daily Compass) — Traduit par Campagne Québec-Vie
Le meilleur terme pour décrire l’état actuel de l’Église est la confusion, concernant l’identité même de l’Église. Chacun d’entre nous, en tant que membres vivants du Corps Mystique du Christ, est appelé à mener le bon combat contre le mal et le Malin, et à maintenir le cap sur le bien, sur Dieu, avec le Christ. Il y a une confusion sur la nature même de l’Église et de sa relation avec le monde.
Le meilleur terme pour décrire l’état actuel de l’Église est la confusion, confusion qui frise souvent l’erreur. La confusion ne se limite pas à l’une ou l’autre doctrine, discipline ou aspect de la vie de l’Église, mais il semble qu’il s’agisse d’une confusion concernant l’identité même de l’Église.
La confusion trouve sa source dans un manque de respect de la vérité, soit dans la négation de la vérité, soit dans la prétention de ne pas connaître la vérité, soit dans le manquement à déclarer la vérité que l’on connaît.
Dans sa discussion avec les scribes et les pharisiens à l’occasion de la fête des Tabernacles, Notre Seigneur a parlé en termes clairs de ceux qui favorisent la confusion, refusant de reconnaître la vérité et de dire la vérité. La confusion est l’œuvre du Malin, comme Notre Seigneur lui-même l’a enseigné, lorsqu’il a prononcé ces paroles devant les scribes et les pharisiens :
« Pourquoi ne connaissez-vous pas Mon langage ? Parce que vous ne pouvez entendre Ma parole. Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge. Mais Moi, quand Je dis la vérité, vous ne Me croyez pas. Qui de vous Me convaincra de péché ? Si Je vous dis la vérité, pourquoi ne Me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. C’est pour cela que vous n’écoutez point, parce que vous n’êtes pas de Dieu » (Jean 8, 43-47).
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La culture du mensonge et la confusion qu’elle génère n’ont rien à voir avec le Christ et avec Son Épouse, l’Église. Rappelez-vous l’avertissement de Notre Seigneur dans le Sermon sur la Montagne : « Mais que votre langage soit : Oui, oui ; Non, non ; car ce qu’on y ajoute vient du mal » (Mt 5,37).
Pourquoi est-il important pour nous de réfléchir sur l’état actuel de l’Église, marqué par tant de confusion ? Chacun d’entre nous, en tant que membres vivants du Corps Mystique du Christ, est appelé à combattre le bon combat contre le mal et le Mauvais, et à maintenir le cap sur le bien, sur Dieu, avec le Christ. Chacun de nous, selon sa vocation et ses dons particuliers, a l’obligation de dissiper la confusion, et de manifester la lumière qui vient du Christ seul, qui est vivant pour nous dans la Tradition vivante de l’Église.
Il ne faut pas s’étonner que, dans l’état actuel de l’Église, ceux qui tiennent à la vérité, qui sont fidèles à la Tradition, soient étiquetés comme rigides et traditionalistes parce qu’ils s’opposent au programme dominant de confusion. Ils sont dépeints par les auteurs de la culture du mensonge et de la confusion comme des personnes pauvres et déficientes, malades et ayant besoin d’une cure.
En fin de compte, nous ne voulons qu’une chose, c’est-à-dire pouvoir déclarer, comme l’a fait Saint Paul à la fin de ses jours terrestres :
« Car pour moi, je vais être immolé, et le temps de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Reste la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur, le juste juge, me rendra en ce jour-là ; et non seulement à moi, mais aussi à ceux qui aiment Son avènement » (2 Tm 4, 6-8).
C’est pour l’amour de notre Seigneur et de sa présence vivante avec nous dans l’Église que nous luttons pour la vérité, et pour la lumière qu’elle apporte toujours dans nos vies.
Outre le devoir de combattre le mensonge et la confusion dans notre vie quotidienne, en tant que membres vivants du Corps du Christ, nous avons le devoir de faire connaître nos préoccupations au sujet de l’Église à nos pasteurs — le Souverain Pontife, les évêques et les prêtres qui sont les principaux collaborateurs des évêques dans la conduite du troupeau de Dieu. Dans le Canon 212, l’un des premiers canons de la première partie, Obligations et droits de tous les fidèles, du Livre II, Le peuple de Dieu, du Code de droit canonique, se lit comme suit :
§ 1. Les fidèles conscients de leur propre responsabilité sont tenus d’adhérer par obéissance chrétienne à ce que les Pasteurs sacrés, comme représentants du Christ, déclarent en tant que maîtres de la foi ou décident en tant que chefs de l’Église.
§ 2. Les fidèles ont la liberté de faire connaître aux Pasteurs de l’Église leurs besoins surtout spirituels, ainsi que leurs souhaits.
§ 3. Selon le savoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent, ils ont le droit et même parfois le devoir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l’Église et de la faire connaître aux autres fidèles, restant sauves l’intégrité de la foi et des mœurs et la révérence due aux pasteurs, et en tenant compte de l’utilité commune et de la dignité des personnes.
Le Canon 212, qui est nouveau dans le Code de droit canonique, provient des enseignements du Concile œcuménique Vatican II, en particulier le n° 37 de la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, et le n° 6 du Décret sur l’apostolat des laïcs, Apostolicam Actuositatem. La communication efficace entre ceux qui exercent la charge pastorale et les fidèles laïcs qui réalisent l’apostolat de la sanctification du monde dans toutes ses dimensions vise à la fois le soin spirituel des fidèles laïcs, pour qu’ils puissent relever les défis de l’apostolat, et pour le bien de l’Église elle-même, dans laquelle les fidèles laïcs sont appelés à juste titre à apporter leur contribution.
Comme le souligne la législation canonique, en fidélité à l’enseignement de l’Église dans les documents précités, les fidèles laïcs sont appelés à faire connaître leurs préoccupations concernant le bien de l’Église, voire à les faire connaître publiquement, tout en respectant toujours la charge pastorale telle qu’elle a été constituée par le Christ lors de la fondation de l’Église à travers Son ministère public, et surtout à travers Sa Passion, Sa Mort, Sa Résurrection, Son Ascension et l’envoi de l’Esprit-Saint lors de la Pentecôte. En fait, les interventions des fidèles laïcs auprès de leurs pasteurs pour le bien de l’Église non seulement ne diminuent pas le respect pour l’office pastoral, mais, en fait, le confirment (cf. Lumen Gentium, 37).
Malheureusement, aujourd’hui, parmi certains membres de l’Église, l’expression légitime des préoccupations des fidèles laïcs, portant sur la mission de l’Église dans le monde, est jugée comme manquant de respect envers la charge pastorale.
Le défi déjà formidable, que représente une sécularisation toujours plus large et plus agressive, est rendu encore plus redoutable par plusieurs décennies de manque de catéchisme fiable dans l’Église. À notre époque, les fidèles laïcs attendent avant tout de leurs pasteurs qu’ils énoncent clairement les principes chrétiens et leur fondement dans la tradition de la foi, telle qu’elle a été transmise dans l’Église de façon ininterrompue.
Une manifestation alarmante de la culture actuelle du mensonge et de la confusion dans l’Église est la confusion sur la nature même de l’Église et de sa relation avec le monde. Aujourd’hui, nous entendons de plus en plus souvent dire que tous les hommes sont enfants de Dieu et que les catholiques doivent se comporter avec les personnes d’autres religions et sans religion comme si ces derniers étaient enfants de Dieu. Il s’agit là d’un mensonge fondamental et d’une source de confusion des plus graves.
Tous les hommes sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, mais, depuis la chute de nos premiers parents, avec l’héritage conséquent du péché originel, les hommes ne peuvent devenir enfants de Dieu qu’en Jésus-Christ, Dieu le Fils, que Dieu le Père a envoyé dans le monde, afin que les hommes puissent redevenir Ses fils et Ses filles par la foi et le baptême. Ce n’est que par le sacrement du Baptême que nous devenons enfants de Dieu, fils et filles adoptifs de Dieu dans Son Fils unique. Dans nos relations avec des personnes ayant une autre religion ou n’en ayant aucune, nous devons leur montrer le respect dû à ceux qui ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, mais, en même temps, nous devons témoigner de la vérité du péché originel et de la justification par le Baptême. Sinon, la mission du Christ, Son Incarnation rédemptrice et la poursuite de Sa mission dans l’Église n’ont aucun sens.
Il n’est pas vrai que Dieu veuille une pluralité de religions. Il a envoyé son Fils unique dans le monde pour le sauver. Jésus-Christ, Dieu le Fils incarné, est le seul Sauveur du monde. Dans nos interactions avec les autres, nous devons toujours témoigner de la vérité du Christ et de l’Église, afin que ceux qui suivent une fausse religion ou n’en suivent aucune puissent recevoir le don de la foi et chercher le sacrement du baptême.