Par Elisa — Photo : tirachardz/Freepik
Est-on vraiment obligée d’avorter dans des circonstances difficiles ?
Je souhaite partager mon témoignage parce que j’ai choisi de ne pas refuser la vie à mon cinquième enfant, alors que je vivais dans des circonstances très difficiles et délicates. Ce titre pourra peut-être paraître vu et revu mais dans une société où la pression du choix raisonnable c’est-à-dire d’avorter bien sûr, paraît si saine et si logique aux yeux de beaucoup, qu’un récit qui va à l’encontre de la mentalité générale n’est pas de trop.
J’ai aussi été confronté à cette terrible option lors de deux autres grossesses
J’estime que mon histoire personnelle, allant à l’encontre de la pensée rationaliste d’un monde sans foi ni espoir peut être utile à des futures mères tenter d’écouter les « bons conseils » d’un entourage pressé de se débarrasser d’un problème si dramatique.
Dans une société ou même le don de la Vie doit être sous contrôle, c’est malheureusement souvent comme un drame que l’on apprend la venue non prévue d’un petit être qui est l’incarnation de l’innocence et de l’amour.
J’ai rencontré le père de mes enfants quand j’avais 20 ans, il en avait 38. J’ai rapidement cédé à son envie pressante d’avoir un enfant, même si j’aurais préféré attendre encore quelques années. A l’annonce de ma grossesse j’étais surprise par la réaction de ma grand-mère qui me conseillait d’avorter
Cela démontre de façon troublante, que de nombreuses femmes sont persuadées qu’avorter est une banalité, que c’est même une bonne chose et à quel point elles n’ont absolument pas conscience de porter la vie naissante.
Cet état d’esprit a tellement pollué les mentalités qu’une femme ne peut plus pleurer son enfant perdu à 3 mois de gestation sans voir ses sentiments de tristesse être balayés et niés à l’aide de phrases toutes faites telles que « ce n’est rien du tout, ce n’était pas encore un bébé » ; comme s’il fallait que l’enfant atteigne un certain poids pour qu’il soit légitime de s’y attacher…
Pour être assuré de ma grossesse, j’ai été faire un test au planning familial.
Ceci est le sordide organisme français qui distribue anonymement contraceptifs et avortements à des mineures sans que les parents soient au courant de rien…
J’y suis retourné pour connaître les résultats.
À l’annonce du verdict, si une personne présente ne savait pas pourquoi j’étais là, on aurait pu croire au regard abattu et triste de mon interlocutrice que j’étais atteinte d’un cancer en phase terminale…
Non j’étais juste enceinte, aucune mort à l’horizon, enfin je crois…
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En conclusion de cette terrifiante annonce elle déclare « on voulait vous prévenir assez tôt pour que vous ayez le choix ».
À chaque fois que j’y repense, mon cœur répond : quel choix ? Celui de perdre un trésor ?
Et effectivement, Dieu m’a donné un vrai trésor : une magnifique métisse franco-algérienne et vraiment quand je regarde ma fille aînée, je sais bien qu’il n’y a qu’un Dieu tout-puissant dans son immense amour pour créer un être aussi beau.
De notre volonté commune, nous avons eu ensuite un fils que j’adore.
Mais en raison de notre immaturité relationnelle, de mon mal-être profond, et de son addiction ancienne à l’alcool (à présent guérie depuis quelque 8 ans sans aucune thérapie, Gloire soit rendue à Dieu) notre relation a été plus que chaotique avec 3 séparations qui ont été salvatrice.
Pour autant je n’ai jamais regretté les trois filles que nous avons eu ensuite même si ce n’était ni prévu ni survenu dans des conditions optimales.
Ma vie et celle de mes enfants ont été régulièrement très agitées à cause de notre mésentente, cependant, il est certain qu’ils sont et resteront à jamais ma plus belle réussite. Bien sûr, j’aurais pu faire de meilleurs choix dans de nombreux domaines de ma vie mais je refuse de mettre la faute et les échecs sur la présence de mes enfants dans ma vie.
Je tiens à le souligner, car c’est trop courant, voire banal, qu’un couple qui se prépare en accueillir leur enfant dans des conditions différentes de la norme de s’entendre dire « Vous gâchez votre vie » ou « il ne vaut mieux pas pour cet enfant qu’il vienne au monde ».
Est-ce que les personnes qui disent ce genre d’ignominies auraient aimé qu’on les avorte ?!
Personne ne devrait se permettre des paroles aussi violentes et déplacées, et se permettre de juger à la place de l’intéressé s’il doit vivre ou non.
Certains n’auront jamais d’enfants et ne connaîtront jamais la réussite sociale pour autant alors que d’autres s’élèvent dans la société avec une famille nombreuse.
Je crois donc que quand l’harmonie est présente tout est possible avec bienveillance de Dieu, en dehors des limites humaines.
Le plus important est que nous les chrétiens, croyons en un Dieu d’espoir et de puissance qui rend toute chose nouvelle pour peu qu’on le lui demande avec une vraie foi et confiance qui naissent d’un véritable amour pour lui et pour sa parole.
C’est ce qu’il fait actuellement dans ma vie.
J’ai vécu ma seconde grossesse dans la solitude parce que le père de mon fils été retenu par les autorités dans un pays étranger.
Je l’ai revu lorsque mon fils adoré a eu ses 4 mois, le pire est qu’il était complètement saoul le premier weekend après son retour.
La troisième grossesse était toujours empreinte de solitude avec en plus un mal-être toujours plus profond à force de subir des violences psychologiques répétées, j’ai même dû déménager précipitamment avoir été violentée physiquement au cours d’un énième weekend empreint d’alcool.
Bref si j’approuvais les arguments pro-choix de pauvre femme en détresse qui n’a pas le choix d’avorter, j’aurais eu toutes les raisons du monde de refuser la vie à mes précieux enfants.
Mais je ne l’ai pas fait je ne le regrette absolument pas
Dans les bons comme dans les mauvais moments, ils sont ma première raison de vivre et mon bonheur.
Je ne remercierais jamais assez Dieu d’avoir la joie de contempler en eux, chaque jour, son œuvre parfaite, empreinte d’Amour.
Lorsque je suis tombée enceinte de ma 4e fille j’ai pleuré...
C’était au moment où je m’y attendais le moins, j’avais juste besoin de me décharger d’un trop-plein d’émotions contradictoires.
Mon conjoint, lui, prétextant mes projets professionnels m’a tout de suite suggéré d’avorter.
Je me suis dit qu’aucun projet professionnel aussi épanouissant soit-il, ne méritait que je lui sacrifie mon enfant mais j’étais vraiment étonné d’une telle réaction de sa part étant donné ses convictions religieuses.
J’étais en tout cas prête à accueillir seule cette enfant s’il le fallait.
Mais il s’est ravisé rapidement et a aimé cette enfant comme elle le méritait.
La plus surprenante a été la 5e grossesse.
Vivant séparément (c’était notre troisième et dernière séparation en 14 ans de vie commune),
Je suis tombée enceinte en plein été.
Pour nous deux la surprise et la confusion étaient totales, ce n’était pas la joie et je regrette tellement cette réaction maintenant. Toutefois je pensais qu’on passerait ce cap ensemble.
A cette période de ma vie je faisais du porte-à-porte en tant qu’agent de commerce qui propose des contrats d’énergie aux particuliers. Alors que je montais dans la voiture d’un collègue, le père de mon enfant se tenait sur le trottoir et là pendant que je montais dans la voiture sa jalousie maladive a refait surface, car le simple fait que je parle à un homme est difficilement acceptable pour lui. Il a prononcé peu de mots mais j’ai compris tout de suite qu’il ne me soutiendrait pas, d’autant plus qu’il commençait à me parler d’avortement avant que la voiture n’arrive.
Et je ne me suis pas trompée, il est par la suite devenu très agressif, me manquait de respect au point de m’insulter au téléphone, s’occupait beaucoup moins de nos enfants, tout cela uniquement parce qu’il a décidé de prendre son imagination au sérieux.
C’était plus qu’un malentendu destructeur, une réelle barrière se mettait entre nous deux et j’ai passé une grossesse très tendue entre le père de mon bébé qui m’ignorait totalement.
Il s’occupait beaucoup plus de nos 2 aînés en laissant les 2 plus jeunes pleurer d’incompréhension quand il ne les prenait pas chez lui.
Il s’est même permis de me salir honteusement me faisant passer pour une femme immorale auprès de ma mère ce qui était très blessant même si elle semblait ne pas le croire j’ai senti qu’elle avait des doutes, car dans sa rage il se convainquait lui-même et insistait pour convaincre mes proches.
Je crois maintenant qu’il me donnait le mauvais rôle pour ne pas ressentir la culpabilité vis-à-vis de son propre comportement.
J’ai d’ailleurs choisi délibérément de couper les ponts avec ma famille durant toute la grossesse, car c’était trop démoralisant de me sentir incomprise et jugée alors que mon seul et unique tort était de porter la vie.
Me sentant incomprise de tous, rejetée comme une criminelle par l’auteur de cette vie alors qu’en réalité je voulais juste aimer et accepter mon enfant, lui donner la chance de connaître sa mère et de vivre auprès d’elle.
C’était douloureux de savoir que le père de mes enfants vomissait sa haine contre moi devant eux et de les voir parfois me regarder eux aussi bizarrement comme si j’étais une personne dont il fallait se méfier...
Être rabaissée dans l’estime que mes enfants me portent est insupportable.
Toute cette médisance rendait ma fille adolescente encore plus désagréable avec moi et avec ses frère et sœur.
Je veux revenir à cette journée ou je me suis retrouvée sans appui, seule face à mes propres choix
Après que F. fût parti brutalement, mon collègue de travail et moi-même, nous sommes séparés pour aller chacun faire nos démarches de notre côté, dans un quartier de ma ville.
J’ai travaillé pendant une heure puis, ma peine contenue étant trop forte j’ai été me réfugier sous un arbre isolé faisant face à un grand bâtiment, qui est un béguinage nommé Sainte-Jeanne de Chantal. A cet instant de tristesse immense, j’ai décidé contacter le bien triste service d’orthogénie de mon hôpital.
Comme des millions de femmes avant moi, je me sentais dans un trou noir, sans issue.
Je voulais ignorer l’existence de mon enfant comme s’il n’existait pas comme si elle n’était qu’une illusion, un mauvais rêve.
Malgré tous ces moments sombres où Satan est entré dans mon esprit pour me faire oublier l’idée même d’une solution heureuse, la bonté toute-puissante de Dieu ont su s’exprimer, à travers des personnes, des évènements, là où autrefois il n’y avait que tristesse et amertume.
D’abord à noter qu’en face de cet arbre à côté de ce bâtiment religieux, à l’instant même où j’écris ces lignes est en train de s’établir la maison de Jeanne. C’est une merveilleuse association catholique qui héberge les mères célibataires en situation précaire, avec ou sans enfants, une crèche aux horaires très larges y est même prévue !
Pour moi cela est la preuve que les plans de Dieu abondent là où le mal veut sévir, que rien ne peut arrêter sa bienveillance, son action salvatrice.
L’espoir est bien une vertu du Saint-Esprit selon la Bible même.
Ce n’est pas moi qui le dis c’est Saint-Paul dans ces lettres.
Désespérer c’est donc manquer de confiance en la bonté et la puissance de Dieu sur nos vies.
Alors que je ne savais que faire, soit écouter mes convictions profondes ou faire ce qui paraîtrait raisonnable vis-à-vis de ma situation particulière...
Dieu a placé sur mon chemin exactement les bonnes personnes, celles qui ont su m’écouter, me conseiller en donnant leur opinion honnêtement mais sans s’immiscer de façon abrupte dans ma décision.
Parler librement m’a fait comprendre qu’avorter était juste impensable pour moi tellement inimaginable, ce n’était pas moi.
Mais avant ces retrouvailles avec moi-même, il y a eu un « parcours du combattant ».
Alors que j’étais encore comme perturbée, indécise, malheureuse, je me suis rendu à l’hôpital pour le premier rendez-vous prévu suite à mon appel au service d’orthogénie.
J’ai commencé à pleurer dès l’instant je suis entée dans la salle d’attente.
La sage-femme avec qui j’avais rendez-vous qui a bien compris que ce « choix » (qui était en fait celui que je m’étais laissé imposer par les évènements) me rendait malheureuse, je n’ai donc pas donné suite à cette démarche c’était trop inimaginable pour moi, contraire à ce que je suis.
Ma fille adolescente de 13 ans était sur le moment déçue que je n’avorte pas. Elle a été très perturbée par l’annonce brutale de ma grossesse qui lui a été faite froidement au téléphone par son père. Malgré ces débuts conflictuels, elle adore sa petite sœur depuis sa naissance.
Puis, quelques jours après, je ressentis à nouveau des moments de profond mal-être.
Peut-être que les hormones y étaient pour quelque chose, cependant je pensais me sentir trop mal pour continuer cette grossesse (mon ventre me torturait) j’ai à nouveau pris rendez-vous pour une IVG.
À ce rendez-vous-là en m’imaginant dans la situation réelle d’avorter, étendue sur une table froide, le médecin approchant avec son horrible et cruel aspirateur, mon cœur fut plus fort que mes pensées, que tous les conditionnements, formatage de la société rationaliste. Cela allait contre mes convictions les plus profondes à tel point que je savais qu’il me serait difficile de me regarder dans un miroir après un tel acte.
Et en ce sens je comprends la douleur des femmes regrettant leur IVG, car il faut être consciente qu’une fois l’acte commis il y a aucun retour en arrière possible, aucune seconde chance.
On ne peut que souffrir en imaginant l’enfant perdue, les moments de complicité qui ne seront pas vécus. C’est en tout cas les réflexions que je me faisais mais notre Dieu d’amour connaît notre faiblesse mieux que nous-mêmes. Cette faiblesse inhérente à notre nature déchue avec laquelle nous naissons.
C’est pourquoi il pardonne tous nos mauvais projets si nos regrets sont sincères.
Pendant cet entretien, Dieu a donné à cette sage-femme la sagesse de m’envoyer me confier à l’aumônerie de l’hôpital ou j’ai pu faire part de mon état intérieur et cette fois c’était sûr et certain cette création divine aurait sa place dans ma vie.
Je suis aussi reconnaissante d’avoir été écoutée par une psychologue qui a déclaré suite à mes confidences sur le rejet que je subissais de la part de l’auteur de cette vie « qu’être enceinte n’est pas un crime ».
En effet il est bon de le rappeler à notre société qui ne voit qu’un immense malheur dans un enfant qui présente le « bout de son nez » au bon moment.
Je pense notamment à toutes les jeunes filles qui subissent des remarques désobligeantes comme si on avait le droit de leur manquer de respect sous prétexte qu’elles n’ont pas le bon âge pour enfanter.
J’avais besoin de ces allers-retours à l’hôpital pour me réaffirmer à moi-même, la confiance en ce que Dieu a placé dans ma vie et même si j’ai longtemps culpabilisé d’avoir voulu avorter.
En fait je crois que Dieu savait très bien par où il me menait et a pardonné mes faiblesses, mes erreurs de jugement.
Après avoir pris la résolution ferme d’accepter et d’aimer mon enfant, mon Père des Cieux qui est toujours très attentionné a réalisé mon envie de travailler à mi-temps pour un emploi temporaire.
Je n’ai même pas eu à chercher moi-même, un travailleur social que je connais bien me l’a apporté sur un plateau alors que j’attendais une sage-femme dans une salle d’attente.
Dieu voit et contrôle tout, son imagination pour nous aider n’a pas de limite, il est le meilleur organisateur.
Pendant cette première partie de la grossesse, il était tout de même difficile pour moi de m’attacher à cette enfant et d’apprécier pleinement ma grossesse. J’ai choisi plus ou moins consciemment d’ignorer le plus possible cette vie que je portais, qui se nourrissait de moi comme si je voulais pendant que c’était encore possible, ignorer que sa présence a chamboulé ma vie de façon abrupte.
Oublier qu’elle est venue perturber le calme apparent de ma vie.
Car c’est souvent quand on se persuade que tout va bien que la vie nous rappelle à sa façon, que nous ne sommes pas placés sur cette terre pour ne rien apprendre et encore moins pour nous appesantir dans notre confort.
En regardant ma situation à cette période de ma vie de façon objective, tout n’allait pas aussi bien que j’aurais voulu le croire.
La vie et ses imprévus bouleversants m’ont fait comprendre que je faisais fausse route sur un faux chemin de bonheur.
Ma vie sentimentale n’était pas aussi harmonieuse qu’elle en avait l’air.
En réalité je vivais comme un pilote automatique me persuadant que j’étais heureuse alors qu’en fait je n’étais pas capable de savoir ce qui était bon pour moi, je courais après l’argent et des divertissements futiles qui m’éloignait de ma Foi en me volant ma paix intérieure.
Ma vie n’avait pas le sens que Dieu voulait lui donner.
Un matin lors d’un rendez-vous gynécologique, le médecin a soupçonné des malformations cerveau qui pourraient peut-être être apparentées à une trisomie 13.
Le médecin en parle de façon simple sans dramatiser et il avait raison.
Moi à l’intérieur je suis dévasté.
J’ai pris ces informations trop à cœur, j’imagine le pire…
Le pire serait pour moi une IMG à 5 mois ou choisir de poursuivre la grossesse pour que mes enfants puissent connaître leur petite sœur même si c’est uniquement pour quelques jours. Supporter leur douleur de perdre un être auquel ils se seront attachés, en ayant ma propre douleur de mère…
Vivre tout cela vivre avec mes enfants en ayant peu de soutien moral est effrayant, abominable.
Je croyais que j’aurais le pire des choix à faire.
Quand je suis rentré chez moi après ce rendez-vous je n’ai fait que pleurer, sans pouvoir m’arrêter.
L’idée de l’IMG, me paraissait si insoutenable, surtout sans personne aimante à mes côtés…
En début d’après-midi, j’ai dû retourner au travail.
Alors que je suis habitué à refouler mes sentiments, donner une image de « femme forte » qui ne se laisse abattre par rien, dès le premier quart d’heure, je me suis remise à pleurer.
C’était beaucoup trop intense pour moi alors j’ai pris un autre congé pour l’après-midi.
De retour à la maison chez moi, je ne cesse de verser toutes les larmes de mon corps, je déclare entre deux sanglots : je veux la connaître !
Certains affirment que notre Créateur se sert des circonstances humaines pour nous remettre en question.
Et bien cette circonstance-là, cette peur d’une expérience traumatisante, m’a appris à aimer mon bébé, ma très chère petite fille.
J’ai commencé à vraiment la voir différemment, à apprécier de la sentir grandir en moi, à être consciente de sa présence de façon bienveillante. Elle n’était plus un poids non désiré mais une lumière dans mon avenir, une bonne nouvelle, la venue d’un être cher, précieux qui n’est là que pour aimer et être aimé.
Comme chaque être humain, né ou à naître, ma fille qui s’est invitée dans ma vie, porte la flamme divine en elle.
Née de la pensée créatrice du Tout-Puissant et pour cela digne d’être aimé et respecté. Je crois que sa venue s’est donc faite au parfait moment non pas parce que je l’ai décidé mais parce que je fais confiance au timing parfait de Dieu, car ses pensées ne sont pas nos pensées (livre d’Isaïe, chap.55 6-9).
Je suis certaine qu’il sait mieux ce qui nous permet de grandir, même si évidemment ses façons de faire sont des fois très perturbantes, incompréhensibles pour les simples êtres humains que nous sommes.
Mais je choisis de croire que tout concourt au bien ceux qui aiment Dieu.
Quelque temps plus tard, une échographie détaillée à confirmer que ce petit ange était parfaitement parfait. Alléluia !
Le reste de la grossesse s’est passé entre l’appréhension du changement et la curiosité, l’envie de découvrir mon cinquième enfant.
J’ai accouché à la maison.
Ensuite les pompiers m’ont emmenée à l’hôpital accompagné de ma fille aînée. Contrairement à ce que certains pourraient imaginer, dès la première rencontre avec ma fille blottie contre moi en salle de naissance j’ai été submergé d’amour pour elle. Encore plus les autres enfants à ce moment important de la première rencontre.
Ça a été vraiment une fusion d’amour dès que nos regards se sont croisés première fois. Je voyais ses yeux me sourire à chaque fois que je la portais avec fierté ; et j’ai de quoi être fière et heureuse, cette petite merveille est un morceau de bonheur à elle-même.
Sa grand-mère et sa fratrie l’ont adopté immédiatement.
Ils l’ont trouvée trop mignonne. Je ne veux pas cacher qu’il y a eu des moments très difficiles d’adaptation pour sa grande sœur de 4 ans et demi qui avait toute l’attention pour elle auparavant.
Maintenant elle a 7 ans et a droit aux plus tendres câlins de sa petite sœur, qui est sa compagne de jeu officielle.
Le père de mon petit trésor semblait agacé de l’amour inconditionnel qu’elle lui vouait.
Il n’a cessé de se montrer le plus exécrable possible envers moi toujours par l’intermédiaire de nos enfants.
Je le détestais tout autant de vouloir gâcher mon bonheur même si je le chassais de mes pensées autant que je le pouvais.
Cependant j’avais le grand avantage qu’il prenait souvent chez lui nos premiers enfants les weekends, les mercredis, et pendant les vacances scolaires. Ce qui m’a permis d’avoir une relation toujours plus proche avec mon dernier enfant, de profiter pleinement d’elle comme s’il elle était mon premier. Merci Seigneur pour toutes tes attentions, je sais bien que tout réconfort vient de Toi.
Cette petite fille est aussi de mes 5 enfants, celui qui dort le mieux la nuit.
Au milieu de ses hauts et de ses bas se faufilent les jugements humains catégoriques, sans compassion face à une situation qui met à mal le conformisme.
Dieu merci ils étaient plutôt rares mais étant très sensible de nature, en plus en cette période conflictuelle de ma vie (qui m’a permis d’affirmer qui je suis), je l’étais encore plus.
La remarque la plus blessante m’a été dite à la sortie d’école par une simple connaissance.
Une femme d’âge mûr qui est a compris ma situation particulière sans que je ne lui en dise rien, s’est permise de me demander si quand j’ai appris ma grossesse, il était trop tard pour...
Paroles voilées donc, mais assez explicites pour que je comprenne que selon elle, je ne pouvais que vouloir avorter dans cette situation incongrue.
Ce qui serait le signe, ce qui confirmerait que je suis une personne responsable, raisonnable et sensée, voire même saine d’esprit.
J’aimerais ici faire une petite parenthèse sur la notion de choix.
En lisant la piste de réflexion de Campagne Québec-Vie sur la page :
« Avortement : prise de décision », il est clair que la part prédominante des réflexions est faite sur les circonstances, quant au choix.
Aucune suggestion sur le fait (qui mérite à être entendu) que des femmes regrettent toutes leurs vies leur avortement, y pensant trop souvent, car une fois l’acte réalisé, absolument aucun retour en arrière n’est possible, aucune seconde chance.
De plus, personne ne ressentira le manque à la place de la mère, ni psychologues, ni médecins, ni partenaire.
Parce que malgré des circonstances ingrates, c’est tout de même son enfant, aimant et aimable qui grandit en elle, la chair de sa chair.
Est-ce que cette piste de réflexion demande : « Etes-vous déjà attaché à cette vie qui s’épanouit en vous ? Avez-vous envie de le voir grandir ? »
Non, tout est dit d’une façon glaciale, triste reflet d’une société matérialiste, sans âme, car sans Dieu.
Rien n’est dit sur l’amour fou, irrationnel et porteur de joie qui abreuve le cœur d’une mère en regardant son enfant.
L’amour inconditionnel est tout simplement occulté, éliminé des réflexions, alors que le sujet est n’est pas anodin.
Est-ce qu’on aide à faire de vrais choix basés sur leurs désirs réels ou tout bêtement à ne pas les culpabiliser d’avorter, sans se soucier de leur envie profonde, quitte à faire fi des circonstances et faire ce grand saut dans l’imprévu ?
En réalité, on les guide doucement sur la pente glissante du choix bassement raisonnable, en les incitant à ignorer le discours du cœur.
Comme on le fait avec ces milliers de jeunes filles qu’on pousse à avorter pour le seul tort d’être « trop jeune » (encore ces jugements imposés par la société soi-disant libre...).
Ou encore ces femmes que l’on assomme de calmants avant le jour de l’IVG, au lieu de les guider à comprendre ce qu’elles veulent vraiment et de se poser LA bonne question : « Pourquoi ont-elles besoin d’autant de calmants ? »
Pour conclure cette parenthèse, la culture du désespoir, fataliste par essence n’entrevoit des solutions qu’à travers les ressources humaines bien limitées. Les pions de cette mauvaise culture pensent que leur priorité matérialiste devrait aller de même pour tout le monde. Moi ma priorité, ce n’est pas d’attendre que les circonstances matérielles soient parfaites avant d’accepter, les imprévus, les détours de la vie ;
Ma priorité, c’est de laisser l’amour entrer dans ma vie, de profiter, d’apprécier ces êtres si précieux que mon Créateur a placés près de moi, sous ma responsabilité.
C’est aussi d’accueillir toute chose comme étant bonne pour moi, même si c’est déstabilisant.
Ma priorité est de faire confiance à Dieu en toute chose.
Bref, je crois en la pluie après le beau temps.
Ce qui a été le plus blessant dans cette remarque est qu’elle parlait en regardant mon tendre bébé comme si elle n’était qu’une chose dérangeante qui ne devait pas être là.
J’aurais dû avorter cette fille, pour profiter de mon « droit des femmes »...
Elle ne regardait pas ma fille comme n’importe quel autre humain, tout ça parce je n’ai pas contrôlé sa venue sur Terre mais qu’elle s’est invitée dans ma vie...
Comme si à ses yeux elle n’était pas un être humain comme un autre qui mérite l’amour et le respect mais juste un accident.
Comme si elle n’arrivait pas, ne pouvait pas percevoir sa valeur, indépendante du fait que son arrivée sur Terre n’a pas été choisie, comme si ce « hasard » me donnait droit de vie ou de mort sur elle.
Oui je me souviens le mal-être profond que j’ai ressenti à l’annonce de cette grossesse. Mais depuis que j’ai décidé de la laisser grandir en moi, en dépassant ce malaise initial, j’ai grandi dans la foi et dans la confiance en Dieu, j’affirme qui je suis.
Dans la catégorie humiliation, j’ai eu à subir le rejet d’une personne qui avant me saluait toujours lorsqu’on se rencontrait dans la rue, on discutait facilement ensemble.
Du jour au lendemain, elle s’est mise à littéralement déguerpir le plus rapidement possible en me voyant arriver près d’elle (avec un regard paniqué...), plutôt que de me parler...
Cette femme avait vu le père de mes enfants m’ignorer totalement en allant chercher nos enfants au parc alors que j’étais avec eux. Et ma grossesse se remarquait déjà.
J’imagine donc qu’elle a dû donc tirer de cette scène des conclusions pleines de jugement vis-à-vis de moi.
Plus d’un an après, elle a même eu la bassesse de parler discrètement de moi à son mari sous mes yeux.
La preuve en est le regard méprisant que celui-ci s’est assez cru permis de me lancer.
Évidemment, je l’ai ignoré royalement c’était la meilleure réponse à donner à la bêtise humaine.
Dans le genre humoristique, il y a eu le gynécologue, qui apprenant que j’étais seule avec 5 enfants eut l’air de se décomposer pendant quelques instants tellement cela lui paraissait invraisemblable qu’on puisse préférer cette situation, plutôt que de subir une IVG qui est censée être libératrice...
Il y eut aussi une autre expérience révélatrice de la pensée formatée.
En effet ma petite dernière est la copie conforme de ma fille aînée, quand celle-ci portait sa petite sœur publique, elle était agacée par des regards donnant l’impression que l’on croyait que ce bébé est sa fille.
Un jour, dans la rue, alors que je reprenais mon bébé de ses bras, une trentenaire m’a regardé avec un air effaré, je pouvais lire dans son regard apitoyé « Mais comment avez-vous pu laisser faire ça ? ».
Dans les yeux de certains, ma fille aînée serait une pauvre mère adolescente condamnée à une vie forcément abominable à cause de ce bébé à charge...
Pauvre monde, qui veut décider même du bon âge pour enfanter...
Comment ma fille fut-elle reconnue et acceptée par son père ?
En début d’automne, alors que ma fille avait quelques mois, je me suis rendu au marché avec elle et sa sœur aînée.
Mon petit trésor de quelques mois était blotti dans son landau, lorsque j’ai croisé son père dans les allées.
Celui-ci tentait de l’entr’apercevoir alors qu’habituellement, il l’ignorait de son mieux.
Un jour, il a cherché les enfants en sonnant à ma porte, alors qu’avant il les attendait dans le hall avant.
Me tenant devant porte d’entrée entrée, je tenais ma fille de 6 mois dans les bras lorsque celle-ci s’est mise à rire en voyant son père faire sauter sa grande sœur dans ses bras et il a répondu joyeusement à ses rires.
Un mois plus tard j’ai dû me rendre chez un praticien de médecine alternative.
Ce cabinet étant assez éloigné mon habitat, une amie devait m’y emmener.
Mon ancien compagnon a proposé de m’accompagner, ce que j’ai accepté.
Il a tenu notre fille dans ses bras pendant toute ma séance de soins, il l’a même bercée pour qu’elle s’endorme.
Puis quelque temps plus tard commencer à m’inviter chez lui avec tous nos enfants.
Mais il a encore, à deux reprises, émis des doutes sur sa paternité, ce qui me faisait rentrer immédiatement chez moi.
Environ 2 mois plus tard il a fini par accepter pleinement l’évidence, qu’elle était et a toujours été sa fille.
Quand ce petit ange avait 3 semaines j’avais fait une demande de recherche en paternité auprès d’une avocate.
Ne pouvant être que sûre de moi, je voulais une preuve officielle de mon honnêteté à brandir aux yeux du monde.
L’avocate m’avait prévenu que ce serait très long ; quand ma fille de 18 mois et après avoir enfin fait les tests ADN, les résultats de l’analyse génétique ont été formel : elle est bien sa fille à 99, 9 9 9 9 9 9 9 9 9 %.
Plutôt qu’une reconnaissance judiciaire forcée sur le livret de famille, il a préféré la reconnaître de lui-même à la mairie.
Depuis, il aime comme ses autres enfants comme s’il ne l’avait jamais renié.
Même si j’ai mis longtemps à lui pardonner son désir que j’avorte, en réalité c’était surtout à moi-même que je ne pardonnai pas mes propres démarches en ce sens. Aujourd’hui notre relation, après de nombreux chemins de travers, est bien plus apaisée, dans une meilleure entente mutuelle.
Je sais maintenant par expérience, que Dieu peut réparer si nous avons foi et patience, la relation la plus conflictuelle, car rien n’est impossible à celui qui croit.
Dans mon cas, ce qui a paru un malheur aux yeux des hommes, s’est révélé être la plus grande bénédiction de ma vie.
Je demande à Dieu qu’un jour on se marie à l’église pour que tu sois selon sa volonté parfaite.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire mon témoignage qui a été pour moi très thérapeutique, qui a contribué à guérir encore plus mon cœur blessé par tous ces évènements douloureux et inconfortable.
Je ne sais pas ce qu’il en aurait été s’il ne m’était pas arrivé cette drôle d’aventure mais ma foi en Dieu est à présent plus forte et plus ancrée dans le réel que jamais. J’espère que ce récit pourra réconforter, rassurer une femme qui croit à tort qu’elle n’a pas d’autres alternatives à l’IVG parce qu’elle est seule ou rejetée.
Avec Dieu dans le cœur, on peut voir au-delà des épreuves présentes, s’imaginer et créer un avenir un bel avenir où tout est apaisé.
Sa puissance dans nos vies est au-dessus de tous les calculs, de toutes les conjectures humaines pessimistes et sans espoir.
Dieu se situe bien au-dessus de nos problèmes qui nous paraissent insurmontables et je sais que quand on lui demande la paix, il la donne, particulièrement en lui parlant devant le Très Saint-Sacrement.
Les pros-« choix » veulent faire croire que la meilleure solution pour une femme en précarité est d’avorter. Moi je crois qu’une femme qui est dans une situation difficile a d’autant plus besoin de l’amour désintéressé d’un petit être innocent.
Dans ce récit je n’ai pas raconté tous les détails de ma vie, mais malgré des épreuves constantes pendant toutes ces quinze longues années, j’affirme et réaffirme qu’aucune difficulté ne mérite qu’on lui sacrifie notre enfant, qui est un cadeau et uniquement cela.
Tous les enfants, qu’ils viennent à l’improviste dans nos vies ou qu’ils soient désirés, représentent cet Espoir toujours renouvelé de Dieu en l’humanité.
Étant tous des créations divines, ils méritent tous d’être regardés avec joie et pas autrement qu’au travers d’un regard respectueux de leur personne.
Parce qu’être enceinte, n’est pas une maladie, avorter ne sera jamais un soin !