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100 000 € d’amende pour une émission affirmant que les 73 millions d’avortements de 2022 représentaient 52 % des décès mondiaux

Par Jeanne Smits — Traduit par Campagne Québec-Vie — Photo : Alfons Photographer/Adobe Stock

28 novembre 2024 (LifeSiteNews) — « En 2022, 234 300 avortements ont été enregistrés en France. Selon le Worldometer Institute, l’avortement est aussi la première cause de mortalité dans le monde : 73 millions en 2022, soit 52 % des décès. »

Ces propos, tenus par le journaliste catholique Aymeric Pourbaix le 25 février dernier dans son émission En quête d’esprit sur la chaîne CNews, ont été sanctionnés le 13 novembre dernier par l’ARCOM, l’Autorité publique indépendante de régulation de l’audiovisuel et du numérique, qui a condamné la chaîne privée à 100 000 euros d’amende pour avoir diffusé des informations « manifestement inexactes », comme l’a rapporté LifeSiteNews.

Il est remarquable que l’ARCOM n’ait pas tenu compte du fait que le débat politique sur l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution française battait son plein lorsque Pourbaix, de CNews, a présenté les statistiques du Worldometer.

Cette lourde amende est symptomatique du « tabou » de l’avortement qui empêche tout débat sérieux sur l’avortement en France et qui a conduit à déclarer l’accès à « l’interruption volontaire de grossesse » comme un droit constitutionnel au début de cette année.

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L’amende illustre l’injustice des lois françaises qui refusent de reconnaître les enfants à naître comme des êtres humains. Quelques jours auparavant, l’humoriste et comédien Pierre Palmade avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir grièvement blessé trois membres d’une famille en février dernier alors qu’il conduisait sous l’emprise de la cocaïne. Malgré les efforts des survivants, il n’a pas été mis en examen pour avoir causé la mort de l’enfant à naître de l’une des victimes, alors enceinte de six mois, car les « fœtus » n’ont pas le statut juridique de personne en droit français.

Il est intéressant de noter que l’opinion publique a été horrifiée par le fait que Palmade ne pouvait pas être condamné pour la mort d’un bébé à naître viable.

CNews a été condamnée à une amende pour avoir commis l’impensable en assimilant la mort provoquée d’un enfant à naître dans le ventre de sa mère à la mort de tout autre être humain. La décision de l’ARCOM indique que la chaîne a diffusé une « inexactitude manifeste » qui « n’a été contredite par aucune des autres personnes présentes sur le plateau » en présentant l’avortement comme « la première cause de mortalité dans le monde », devant le cancer et le tabac.

« Une partie de la séquence en question assimile l’avortement à une cause de décès et, en conséquence, assimile un embryon ou un fœtus qui n’a pas pu naître vivant en raison d’un avortement à une personne décédée, alors qu’en droit, ils ne sont pas considérés comme des personnes. L’avortement ne peut donc pas être présenté comme une cause de mortalité. [...] Cette source [Worldometer] se contente d’indiquer que, selon l’Organisation mondiale de la santé, 73 millions d’avortements sont pratiqués chaque année dans le monde », peut-on lire dans la décision de l’ARCOM. Elle indique également que la chaîne a manqué à son « obligation d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information ».

En la condamnant, l’ARCOM s’est associée au tollé suscité par la rupture du tabou de l’avortement par CNews, sur laquelle nous reviendrons plus loin. Tout d’abord, les incohérences et la tromperie de l’arrêt méritent d’être mises en lumière.

Si « un embryon ou un fœtus (...) n’a pas pu naître vivant », ce ne peut être que parce qu’il est mort avant de naître, et il n’aurait pas pu mourir s’il n’avait pas été vivant auparavant.

Dans un pays comme la Chine, qui a eu largement recours à l’avortement, en particulier à l’avortement forcé, dans le cadre de sa politique de l’enfant unique de 1971 à 2016 (et qui applique désormais une politique de trois enfants), le gouvernement communiste lui-même estime officiellement que 400 millions de naissances ont été « évitées ». Officiellement, entre 1971 et 2011, 336 millions d’avortements ont été pratiqués par des médecins chinois. Comment ne pas mettre en corrélation ces deux statistiques ? Des centaines de millions d’êtres humains en gestation ne sont pas nés parce qu’ils avaient cessé de vivre — ce qui signifie qu’ils sont morts.

Comme indiqué plus haut, la jurisprudence française ne reconnaît pas de droits personnels aux enfants à naître. Cependant, le Code civil français prévoit que « tous ceux qui sont nés ou conçus à l’époque de l’ouverture d’une succession sont capables d’hériter » (à moins que l’enfant ne soit mort-né... et donc « mort » avant la naissance).

Parce que l’avortement est légal en France — on pourrait même dire qu’il l’est de manière agressive — les législateurs et les juges se contorsionnent pour expliquer qu’un enfant à naître a tous les droits d’un héritier lorsqu’il grandit dans le ventre de sa mère, tout en n’ayant pas le statut juridique d’une personne dotée de la capacité juridique.

D’autres pays, en revanche, accordent une protection forte ou une forme de reconnaissance à l’enfant à naître en raison de son identité en tant qu’être humain à part entière : c’était auparavant le cas en Irlande, où le « droit de naître » de l’enfant conçu était reconnu. C’est encore le cas en Australie lorsqu’une femme perd son enfant à naître dans un accident de la route, par exemple. De nombreux États américains protègent aujourd’hui la vie de l’enfant à naître et interdisent l’avortement presque entièrement au nom du statut d’être humain de l’enfant conçu. Dans ces pays et ces États, l’avortement est considéré comme une cause de décès. Par conséquent, lorsque l’on parle de mortalité mondiale, d’un point de vue mondial, il devrait être au moins possible de discuter de cette question.

Quant aux chiffres présentés par le « Worldometer », ce n’est pas un hasard s’ils sont inclus dans la section du site qui détaille les données de santé. Celle-ci présente 11 causes de décès (maladies infectieuses, grippe, mortalité maternelle et infantile, sida, cancer, paludisme, tabagisme, alcoolisme, suicide, accidents de la route), auxquelles s’ajoutent seulement des statistiques sur les infections par le VIH, le nombre de cigarettes fumées par jour et les dépenses de drogue. Il n’y a rien d’autre, à part le nombre d’avortements. Qu’est-ce que cette rubrique peut être d’autre qu’une carte de mortalité, puisqu’elle présente exclusivement les causes de décès et les comportements qui rendent la mort plus probable ?

Manifestement, l’ARCOM s’est arrogé la responsabilité de protéger une « vérité » officielle : « L’avortement ne tue pas un être humain ». Il s’agit d’un diktat ou d’une pensée obligatoire qu’aucun argument, aucune statistique, aucune analyse ne peut contredire — du moins pas sur une chaîne de télévision officiellement autorisée à diffuser ses émissions sur le réseau national de télévision numérique TNT.

Lorsque CNews a brisé le tabou en février dernier, de nombreux médias ont attaqué la chaîne de télévision. Elle était présentée comme étant « dans le giron du milliardaire ultraconservateur Vincent Bolloré », un homme d’affaires catholique prospère qui a pris le contrôle d’un certain nombre de médias écrits et audiovisuels en France.

Dans les grands médias français, les milliardaires ne sont acceptables que lorsqu’ils sont favorables à l’avortement, à la contraception et aux « droits reproductifs ». Les médias traditionnels ne dénigreront jamais Bill Gates, Warren Buffett, Mike Bloomberg, Ted Turner et autres super-riches promoteurs du contrôle de la population, dont l’efficacité est directement proportionnelle à leur fabuleuse richesse.

Malheureusement, plusieurs présentateurs vedettes de CNews ont immédiatement présenté leurs « excuses » pour l’infographie présentée par Aymeric Pourbaix. Laurence Ferrari, journaliste dans un média grand public, a été la première à mentionner sur X qu’il s’agissait d’une « erreur qui n’aurait pas dû se produire ».

« Il est absolument impossible de comparer ces chiffres [sur l’avortement] et de les mettre en miroir avec les chiffres de la mortalité liée au cancer ou au tabagisme », a déclaré Laurence Ferrari au lendemain de l’émission de son collègue Aymeric Pourbaix. Elle a affirmé qu’il était impensable de « remettre en cause » le « droit » à l’avortement. Elle a également exprimé son soutien à celles « qui, dans le monde entier (...) se battent pour obtenir le droit de disposer de leur corps, et à celles qui ont perdu la vie parce qu’elles n’ont pas pu accéder à l’avortement ».

Une autre présentatrice vedette, Sonia Mabrouk, qui défend publiquement les « racines spirituelles chrétiennes » de la France et qui est l’auteur d’un livre intitulé « Reconquérir le sacré : la survie de l’Occident dépend du sacré », s’est également empressée de prendre ses distances avec les remarques « controversées » de son collègue. Christine Kelly, présentatrice supposée de droite et chrétienne, a également présenté des excuses.

Évoquant une « erreur technique » pour tenter de disculper la chaîne, Gérald-Brice Viret, PDG de Canal+, maison mère de CNews, a déclaré que la séquence « avait justement été supprimée au montage final et n’aurait donc jamais dû être diffusée ».

Vincent Bolloré n’a pas commenté l’incident.

Quatre représentants de son média, dont Ferrari et Mabrouk, ont été entendus lors d’une audition programmée par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale française concernant le renouvellement de l’agrément du réseau de télévision numérique CNews, quatre jours après l’incident. L’audition a eu lieu le 29 février et a donné lieu à des questions sur les statistiques d’avortement de la part des législateurs. Le panel de CNews a rampé, utilisant des mots tels que « ignoble », « impardonnable », « inacceptable », « traumatisant », « innommable », « dramatique et catastrophique », « une honte pour nous tous ».

Rien de tout cela n’a adouci l’approche de l’ARCOM.

CNews n’a pas non plus réussi à se défendre, en particulier lorsqu’il s’est agi d’accuser les statistiques du Worldometer d’avoir été utilisées de manière inappropriée.

Dans sa décision du 13 novembre, l’ARCOM a clairement indiqué que, selon elle, « les allégations du producteur selon lesquelles une erreur a conduit à la diffusion de la mauvaise version de la séquence n’ont aucune incidence sur la caractérisation de l’infraction ».

De nombreuses personnalités, dont la présidente du parti d’extrême gauche « La France insoumise », Mathilde Panot, avaient saisi l’instance de régulation. « Pour rappel, le délit d’entrave à l’IVG est puni par la loi en France », avait déclaré Mathilde Panot, accusant CNews d’aller « toujours plus loin dans l’abject ».

Le ministre délégué à la Santé de l’époque, Frédéric Valletoux, a qualifié les propos de Pourbaix de « scandaleux ». « Plus que jamais, l’engagement d’Emmanuel Macron d’inscrire l’avortement dans la Constitution est une avancée essentielle », a déclaré M. Valletoux.

Au vu de tous ces éléments, il est difficile de croire que, malgré l’audience croissante d’En quête d’esprit, les chiffres cités et la mention de l’avortement comme cause de mortalité aient pu avoir le moindre impact sur les objectifs des défenseurs français de l’avortement. Mais ces derniers ne tolèrent pas la moindre contestation. Tel un rouleau compresseur ou un char blindé, ils écrasent toute opposition, aussi minime soit-elle. Les médias sont prévenus : s’ils vont à l’encontre de la culture de mort officialisée, il y aura un véritable enfer à payer.



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