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Un prêtre pro-vie : la révolution pastorale du Pape François s’oppose à 2000 ans de tradition

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Par le Père Brian W. Harrison, O. S. pour LifeSiteNews - traduit par Campagne Québec-Vie

Le 13 avril 2016 – L’Exhortation apostolique tant attendue du Pape François sur la famille, Amoris Laetitia (AL), a enfin été rendue publique le vendredi 8 avril 2016.

Afin de bien comprendre, apprécier et évaluer ce dense document, il faudra beaucoup de temps, de l’étude accompagnée d’une réflexion priante. Mais il est déjà assez évident, à la lumière de certains passages clés, que le Saint Père introduit en douceur au cœur de l’enseignement moral et de la pastorale des sacrements de l’Église Catholique des changements révolutionnaires. Il le fait à travers un langage soigneusement formulé, des arguments plausibles et une rhétorique persuasive. Il ne rejette pas le principe de la vérité objective de quelque dogme révélé ou norme morale qu’il soit ; mais au niveau de la pratique, au lieu d’insister sur les règles objectives du bon ou du mauvais comportement, il met le focus plutôt sur la vérité subjective présumée et la conscience individuelle. Donc, au nom de la miséricorde du Christ, l’exhortation tend à diminuer la gravité du péché au lieu de maintenir l’inconfortable tension bipolaire entre les deux qui découle de l’Évangile. 

Par souci d’honnêteté, AL comporte beaucoup d’observations opportunes et précieuses ainsi que des recommandations sur le mariage et la famille en ces temps périlleux ; surtout une belle méditation de l’enseignement de St Paul sur la vraie nature de l’amour (1Cor 13). Malheureusement, ces éléments positifs de l’exhortation sont largement éclipsés par l’abandon audacieux de la part de François, de l’enseignement et de la discipline de tous ses prédécesseurs concernant l’attention pastorale et le statut ecclésial des Catholiques vivant dans des mariages irréguliers.

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La tendance à faire abstraction des péchés graves contre la chasteté se voit d’abord par la façon dont la contraception est traitée dans ce document. Dans les paragraphes 80-82, le Pape rappelle l’importance de Humanae Vitae et réaffirme l’immoralité objective de cette pratique : “Dès le départ, l’amour rejette toute tendance à s’enfermer sur lui-même, et s’ouvre à une fécondité qui le prolonge au-delà de sa propre existence. Donc, aucun acte génital des époux ne peut nier ce sens, même si pour diverses raisons il ne peut pas toujours de fait engendrer une nouvelle vie.” Cependant, cela n’est pas rappelé dans la section sur le planning familial (#222) et la dimension subjective prédomine : “la bonne voie pour la planification familiale est celle d’un dialogue consensuel entre les époux.” Une grande importance est accordée au rôle que joue leur conscience personnelle dans ce processus de décision, mais sans rappeler que la conscience du catholique doit être formée selon le magistère de l’Église. En ce moment où la violation de la loi divine contre le contrôle artificiel des naissances a atteint des proportions inquiétantes chez les Catholiques, François se borne à dire que “ le recours aux méthodes fondées sur les ‘‘rythmes naturels de fécondité’’ devra être encouragé.” Mais il n’ajoute pas que les méthodes contraceptives ne doivent pas être “encouragées”, ou mieux encore qu’elles doivent être réprouvées pour leur immoralité intrinsèque. Par conséquent, cela apaisera la conscience de plusieurs lecteurs d’AL qui utilisent la contraception au lieu de les réveiller sur ce point. Car le Pape lui-même semble insinuer que la norme morale objective n’est qu’un “idéal”, au point où si votre dialogue conjugal conclut à l’emploi de la pilule ou du condom dans votre situation, vous n’êtes pas coupables de péché grave en les utilisant.

Dans la suite du document, il y a un traitement très inadéquat de l’éducation sexuelle. Dans la totalité des six paragraphes d’AL (280–285) consacrés à ce sujet, aucune allusion n’est faite à l’enseignement constant de l’Église sur la responsabilité première des parents dans ce domaine (cf., par exemple, le point 37 de Familiaris Consortio et le document du Conseil Pontifical pour la Famille de 1995, “La Vérité et le Sens de la Sexualité Humaine”). Au lieu de cela, après avoir repris la courte phrase de Vatican II sur le besoin d’une éducation sexuelle “positive et prudente” adaptée à l’âge (Gravissimum Educationis, 1), le Pape François semble considérer que la salle de classe constitue le principal lieu où cela doit être enseigné : “Nous devrions nous demander si nos institutions éducatives ont pris en compte ce défi”, commente-t-il.

Cependant, l’aspect le plus troublant d’AL se trouve au chapitre 8 qui traite des personnes vivant dans des situations dites irrégulières. Plusieurs apologistes du magistère nous assurent que tout va bien globalement. Le canoniste Ed Peters insiste que l’exhortation ne change pas la loi de l’église. C’est vrai, mais cela n’est pas important. Car dans les paragraphes 302 (dernière section), 304 et 305, François envoie un message clair aux prêtres : dans les cas individuels, au lieu d’appliquer la loi, ils peuvent et devraient s’en passer au moyen des exceptions pastorales selon leur ‘miséricordieuse’ discrétion. Robert Moynihan et George Weigel nous assurent qu’il n’y a aucun changement de doctrine dans ce nouveau document. Mais cela n’est qu’à moitié vrai. La doctrine morale (il s’agit de l’enseignement proposé comme loi divine) sera effectivement changée si le Pape la contredit directement ou s’il l’affaiblit en relâchant les mesures disciplinaires requises pour la protéger. Malheureusement, comme un petit grain de sénevé au potentiel énorme, ce genre de changement vient d’être soigneusement introduit dans le sol fertile de deux notes explicatives dans une Exhortation Apostolique.

Dans les notes 336 et 351 liées aux paragraphes 300 et 305 respectivement, le Saint Père rompt avec l’enseignement et la discipline de tous ses prédécesseurs sur le Siège de Pierre en permettant au moins à certains Catholiques divorcés et civilement remariés (sans jugement de nullité et sans engagement à l’abstinence) de recevoir les sacrements. Étant donné que “le discernement peut reconnaître qu’il n’existe pas de faute grave dans une situation particulière” à cause d’une diversité de facteurs psychologiques atténuants et bien d’autres. François affirme dans la note 351 que “l’aide” de l’Église envers ces Catholiques vivant des relations objectivement irrégulières peut “dans certains cas…inclure l’aide des sacrements”. Le contexte fait référence spécifiquement à la Pénitence et l’Eucharistie. Les commentateurs de toutes croyances et les incroyants ont presque tous interprété ainsi cette note explicative, et leurs allégations vivement répandues ont été confirmées par un silence éloquent du Siège de Pierre.

J’ai parlé du sujet des facteurs atténuants dans mon article paru à l'été 2015, pp. 6-12, dans le magasine The Latin Mass; article intitulé “Catholiques divorcés et civilement remariés : imputabilité réduite?”

En permettant des exceptions sur l’impossibilité de communier pour les Catholiques sexuellement actifs dans les mariages invalides, le Pape François abandonne l’enseignement bimillénaire et sans ambiguïté confirmé par le Pape Saint Jean Paul II dans Familiaris Consortio #84, et réaffirmé dans le Catéchisme de l’Église catholique (nos 1650, 2384 et 2390). Toujours sous l’autorité de Jean Paul II, une Déclaration du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs (DCPTL) du 24/06/2000 a affirmé que l’obligation d’exclure ces Catholiques de la Communion “par nature, dérive de la loi divine et transcende le contexte des lois ecclésiastiques positives” (#1), ainsi  “aucune autorité ecclésiastique ne peut dispenser, en aucun cas, de cette obligation du ministre de la sainte communion, ni produire des directives qui la contredisent” (#4). Selon la Déclaration, le fait que l’imputabilité subjective des divorcés remariés puisse dans certains cas être diminuée n’est pas pertinente. Pourquoi? Elle estime que l’admission à la Communion de ceux qui vivent publiquement dans une situation d’adultère selon Jésus lui-même, enverra un message clair selon lequel l’Église ne prend pas vraiment au sérieux l’enseignement de notre Seigneur. Et cela sera inévitablement objet de scandale. Le Pape François s’appuie brièvement sur cette Déclaration du CPTL, mais il ne fait que reprendre fidèlement une citation sélective et trompeuse provenant du rapport du synode de 2015 (#85). Donc, le rapport synodal et Amoris Laetitia font abstraction du principal point de la Déclaration de l’année 2000 : l’obligation des prêtres et des autres ministres de refuser la Communion aux divorcés civilement remariés,  “par nature, dérive de la loi divine et transcende le contexte des lois ecclésiastiques positives: celles-ci ne peuvent introduire de changements législatifs qui s’opposent à la doctrine de l’Église” (section 1).

Également, cette Déclaration souligne que logiquement, une concession à certains divorcés remariés sous prétexte que leur conscience subjective pourrait ne pas être gravement coupable ouvrira la porte à d’autres concessions, sous le même prétexte, à beaucoup qui vivent publiquement dans d’autres situations objectivement immorales. Par exemple, maintenant que certains divorcés civilement remariés vont être admis à l’absolution sacramentelle et à la Communion, au moins certains couples homosexuels ne devront-ils pas être admis à ces deux sacrements sous le même motif (c’est-à-dire ‘l’imputabilité réduite’)?

Devons-nous croire que seul François a raison sur ce sujet, et que tous ses prédécesseurs incluant Benoit XVI, toujours vivant, ainsi que le Catéchisme promulgué par St Jean Paul II, se sont trompés et ont été “impitoyables” en n’accordant aucune exception dans ce domaine? N’est-il pas bien plus probable, comme ce fut le cas dans les années 1330 sous Jean XXII, que seul un pape a tort, et tous les autres ont eu raison? Et qu’une respectueuse “résistance” publique à Pierre (cf. Gal. 2 :11), comme ce fut le cas dans cette situation critique, est urgemment nécessaire aujourd’hui de la part des cardinaux, des évêques, des théologiens et des autres fidèles? 



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