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Témoignage d’une mère : « Mon fils n’a jamais été le “bébé d’un violeur” ou le “produit d’un viol” — il est mon enfant »

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Par Jennifer Christie (Save The 1) — traduit par Marie Dupis pour Défenseurs De La Vie

Le terme technique est « culpabilité des survivants ». Cela ne semble pas très technique, mais il est tout à fait exact. On pourrait aussi dire « vomir et pleurer abondamment… car c’est ce que j’ai fait quand, au cours d’un appel téléphonique, un agent du FBI m’a dit que l’ADN recueilli, trois ans plus tôt [celui du violeur, ramassé sur les lieux du crime ou sur la victime] à la suite de mon viol correspondait à celui récolté dans un autre cas de viol.

La femme avait été violée brutalement et battue à mort. J’ai repensé à la femme de ménage de l’hôtel qui m’avait retrouvée inconsciente en bas d’un escalier, grièvement blessée et à demi nue. Nous avons toujours cru que sa présence m’a sauvé la vie, que mon violeur n’a jamais eu l’intention de me laisser vivre.

L’agent du FBI m’a dit que la nouvelle victime avait les cheveux roux, comme moi. Je ne suis pas certaine que ce détail aurait dû m'être révélé, mais une fois que je l’ai entendu, ça été comme recevoir la clé pour ouvrir la boîte de Pandore. Si je l’ouvrais, je pourrais me noyer dans un monde de douleurs, avec des questions déchirantes : est-ce qu’elle se faisait appeler « Fraise »? Est-ce que les enfants l’entouraient pour jouer avec ses cheveux et lui demander de chanter « Partir là-bas »?

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Le FBI n’avait pas encore contacté la famille de la victime, car elle était une étudiante étrangère d’un programme d’échange, en Ohio. Est-ce que sa famille saurait à propos de moi? Est-ce qu’ils me haïraient pour avoir survécu et ne pas avoir été capable de l’arrêter ? À ce moment, je me haïssais pour n’avoir rien pu faire pour l’arrêter.

Je me suis accrochée à ceci : il n’y avait pas d’historique sur cet ADN avant que je ne sois attaquée, et maintenant il y en avait, grâce à moi. Cela comptait pour quelque chose… n’est-ce pas? Ce n’était pas suffisant, mais au moins, ça m’aidait à tenir le coup.

Puis, ils ont trouvé une troisième victime, une autre rousse. Ma vie a soudainement sombré comme dans un film médiocre.

« Trouvez-le », j’ai soupiré au téléphone. « Arrêtez-le ». « Nous l’arrêterons », m’ont-ils assuré. Ils ne l’ont pas attrapé, mais ils l’ont trouvé.

Ils avaient des évidences, et l’ADN leur permettrait de faire une arrestation. Mais comme le violeur était un Amérindien, il fallait attendre, car les forces de l’ordre locales devaient travailler avec la police tribale pour trouver cet homme sur sa réserve, et les lois fédérales s’appliquent là où ils ne peuvent pas tout simplement aller et faire une arrestation.

Puis j’ai reçu un appel. Dans un État assez loin, le violeur/tueur avait été poignardé à mort par un membre de sa tribu, dont la sœur de 13 ans avait elle aussi été victime une décennie plus tôt. Incapable de vivre avec les séquelles et la douleur, elle s’était enlevé la vie un an après le drame.

Au cours de ces dix années, cet homme n’a jamais renoncé à faire justice à sa sœur. Je souhaiterais lui donner une poignée de main — non parce que je supporte l’autojustice, mais parce que ma famille et moi avons enduré la même douleur. Mais je ne pourrai jamais le rencontrer, ni lui ni sa famille. Mon dossier a été fermé et avec cela, toute connexion avec le reste de l’histoire. J’ai fait des recherches Internet avec les quelques détails que j’avais. Le FBI ne m’en dit pas plus.

Je ne sais pas exactement de quelle tribu le violeur venait. Je n’ai aucune idée de quelle tribu mon fils vient — lui qui a été conçu au cours du viol — de quel sang il vient. Je me demande si je le saurai un jour. Je pense que mon fils voudra probablement connaître ces détails.

De plus, je ne connais pas le vrai nom de mon agresseur — je ne sais que le surnom qu’il utilisait autrefois. Je ne connais pas l’identité des autres victimes. Je ne sais pas combien de femmes il y a eu au total, ou si tous les cas ont été résolus. Je ne saurai jamais si la mort de cet homme apaisera les familles des victimes. Je ne connaîtrai jamais la fin des histoires de chacune. Je sais seulement la fin de mon propre chapitre.

Jusqu’où cela peut-il aller? En sachant qu’il était parti, j’ai lâché un soupir de soulagement, sans m’être rendu compte que je le retenais depuis trois longues années. J’ai été libérée d’un poids si lourd que je croyais pouvoir m’envoler. Cela m’étourdissait, et cela m'étourdit encore aujourd’hui. Je suis en sécurité. Mon fils est en sécurité. Je n’aurai plus jamais à faire face à mon pire cauchemar au tribunal, en me rappelant des détails douloureux, en racontant tout ce qu’il m’a fait… choses que j’ai apprises de mes docteurs, les choses que j’ai tant essayé d’oublier.

Un autre détail important — et cela sera difficile pour certains de comprendre — lui étant parti, il n’est plus une menace, il devient quelqu’un à qui je peux commencer à pardonner, à qui je dois pardonner. Quand il était libre, qu’il détruisait des vies, je me justifiais dans ma colère et même ma haine. Cela m’a fait du tort. Cela a endommagé mon esprit. Je crois que Dieu nous appelle à pardonner pour plusieurs raisons — et une d’elles est parce que cela nous libère. Et je veux être libérée.

Alors, je permets que cela arrive. Pour moi. Pour ma famille. Pour mon Dieu. Je laisse faire.

Le pardon n’est jamais une chose achevée — rarement. J’imagine que je devrai pardonner avec détermination, à répétition, chaque jour, plusieurs fois par jour, pour le reste de ma vie. C’est normal. Il y a beaucoup à apprendre dans ce processus.

Je choisis le chemin du pardon. C’est le seul élément de « choix » qu’il y a dans mon histoire. C’est une histoire à propos de mon fils — de sa vie, qu’il n’a jamais choisie.

Vous pourriez vous demander, en comprenant maintenant la méchanceté de cet homme, combien cela a dû changer mes sentiments face à mon petit garçon. Aucunement. Mon fils n’est pas le « bébé d’un violeur » ou le « résultat d’un viol ». Il est mon enfant. Il est l’enfant de mon époux. Il est un enfant de Dieu.

Pourquoi aurait-il à subir la colère destinée au « père » biologique? Et au point de le tuer? Nous sommes fiers de faire partie d’une société civilisée qui pourtant élimine les plus vulnérables et innocents quand ils dérangent ou s’ils rappellent des mauvais souvenirs.

Certains lisent mon histoire et veulent me présenter comme un exemple de bonne personne. C’est gentil, mais je ne suis pas une bonne personne pour avoir gardé mon bébé. On m’a qualifiée de merveilleuse… merveilleuse? Pensez-y un instant. Je considère les bonnes pensées des commentateurs et je suis bénie par toutes ces paroles d’encouragement, mais je vous demande de penser à ceci. Je suis une « femme merveilleuse » parce que j’ai aimé mon fils?! Ne seriez-vous pas offensés si je vous félicitais d’aimer vos enfants? Ce que je ressens pour mon enfant ne diffère en rien de ce que vous ressentez pour les vôtres.

J’ai plein de défauts, je ne suis pas vraiment différente des autres. Je suis devenue enceinte. J’ai eu un enfant. Voilà l’histoire.

J’ai récemment eu un commentaire sur un de mes articles qui disait « Pourquoi une histoire pareille? » Exactement – ça n’aurait jamais dû arriver! Dans un meilleur monde, ça n’arriverait pas. Je me tairai quand ces horreurs cesseront.



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