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Témoignage de l'expérience eugénique, ressentie par les médecins et les parents

Un petit livre sur les interruptions médicales de grossesse par une psychologue clinicienne à la maternité Antoine Béclère à Clamart, puis à l’hôpital Nord à Marseille en néonatalogie, Frédérique Authier-Roux, a le mérite du parler-vrai. L’auteure, bien qu’ouverte à l’avortement, nous parle de l’expérience vécue par les médecins et patients qui décident, par eugénisme, d’éliminer un enfant à naître.
En voici quelques extraits :
« Les équipes médicales posent le diagnostic, envisagent le pronostic. Puis soit on le surveille soit on le soigne soit on le tue.
Ces trois verbes dans la même phrase paraissent agressants; toutefois, ils résument une certaine réalité du diagnostic anténatal. Réalité à laquelle on peut ajouter tous les qualificatifs que l’on souhaite – violente, impensable —, mais qui correspond à l’histoire de ces couples venant consulter et qui seront conduits à se séparer de leur bébé lors d’une intervention
“Ne nous leurrons pas : la traque de la malformation fœtale, de la maladie congénitale, ne conduit en pratique à rien d’autre qu’à la mort d’un bébé. Éradiquer le handicap, éliminer ce qui ne saurait être vu, est un des axes principaux d’un centre de médecine fœtale.
Les médecins doivent et peuvent vous donner un bébé parfait, en bonne santé. Cela rappelle étrangement les services après-vente assurés par certains commerces. Si le produit ne convient pas, on peut le rapporter, l’éliminer, ou le détruire. » (p.17)
“Les équipes de médecine fœtale fonctionnent en permanence dans l’ambivalence la plus grande, entre la suppression du bébé malade ou malformé et le désir de le soigner. Rappelons à ce propos que, par définition, la médecine est anti-eugénique, puisque son objectif premier est de soigner; elle permet à des gens de continuer à vivre alors que sans elle ils seraient morts. Ce ne sont pas les équipes médicales qui ont inventé le désir du bébé parfait, bien qu’avec les techniques sophistiquées dont elles disposent, elles peuvent être portées à le croire; cependant, elles doivent surtout entretenir cette illusion à la fois pour elles-mêmes et pour leurs patients. D’où cette obsession de la traque de la malformation : elle ne peut passer à travers les mailles de leur filet, par crainte du procès certes, mais aussi dans la hantise de ne pas avoir fait reconnaître leurs extraordinaires compétences. Et puis, la naissance d’un bébé malformé reste pour eux du domaine de l’échec et génère une culpabilité immense. « Je ne comprends pas comment j’ai pu passer à côté, j’avais tout bien vu à l’écho.  » Ils sont atteints à la fois dans leur corps et dans leur psychisme. » (p.18-19)
« La mère confie son bébé au monde médical. Certaines femmes diront plus tard, après avoir tout vécu : « Avec tous leurs examens, ils m’ont dépossédée de ma grossesse.  » Là est bien la difficulté pour les médecins : ne pas prendre possession, ne pas s’emparer, ne pas priver, au sens de frustrer, de spolier. Si court que soit le temps qu’il leur reste à partager avec ce bébé-là, ces parents en ont besoin. Sans respect de cet espace nécessaire à la compréhension, l’équipe devient maltraitante;  » (p.19-20)
« Le ciel s’assombrit, le diagnostic n’est pas bon, et encore moins le pronostic. On ne parle plus de date présumée d’accouchement mais – l’intolérable se profile, l’inacceptable se révèle – de date d’interruption de grossesse, précisément d’interruption médicale de grossesse, termes qui ne disent qu’en demi-teinte la réalité du geste. À aucun moment n’apparaît dans les mots la notion de mort : on ne dit pas qu’il s’agit de tuer un bébé. On tait la vérité, on la passe sous silence. Il faut aller chercher derrière les termes la violence à laquelle les parents vont être confrontés.
(…)
En effet, que peuvent espérer ces parents? Vivre avec ‘un bébé livré éternellement aux services hospitaliers »; ‘un bébé qui va mal ‘. ‘Nous, on n’en voulait pas’, assurent-ils.
(…)
‘Je ne pensais pas à la mort de mon bébé, je tricotais de la layette pour lui. Dès le début de la grossesse, je parlais beaucoup à mon ventre, j’ai eu l’impression de lui avoir menti, de l’avoir trahi. C’était pas de sa mort que je lui parlais mais de sa vie avec nous. On l’attendait, puis après on ne l’attendait plus. On était ailleurs, on parlait d’obsèques, du cimetière. Des projets de vie annulés. Il n’a pas eu d’existence, il n’a pas dormi dans son lit. Je ne l’ai pas tenu dans mes bras vivant. Mon geste, je ne l’accepte pas. Même si c’était le mieux je m’en veux. Les médecins ne savaient pas le soigner, peut-être que dans dix ans ils sauront.’ (p.23-24)
‘En effet, pour les parents, il s’agit bien d’une mise à mort active de leur enfant. Je me souviens de cette femme qui avait demandé de manière quelque peu brutale, au médecin de partager avec elle et son conjoint la violence du geste foeticide en disant au gynécologue au moment de l’acte : ‘Alors là, vous allez tuer mon bébé.’ Ou cette autre femme, parlant de son ressenti, au sujet de ce qu’on appelle, en y mettant les formes, l’euthanasie fœtale (mort douce et sans souffrance : surtout que, dans certaines maternités, il est encore pratiqué des intracardiaques pour tuer les fœtus in utero. Quand on connaît la violence de cette mort, on peut se demander s’il est vraiment question de vouloir épargner aux bébés les souffrances liées au déclenchement de l’accouchement!...) : ‘J’ai l’impression que j’ai tué mon bébé, je revis le geste foeticide, ça resurgit, j’aurais voulu être là sans être là, mais le ventre c’est moi… Peut-être que mon bébé s’est aperçu qu’ils le tuaient, c’est comme un assassinat commandité. Le soir, quand je rentre, je reste avec ma vie, je ne peux pas occulter ce geste. Ce n’est pas la décision, c’est l’après. Est-ce qu’il s’est endormi avant l’arrêt cardiaque? Est-ce qu’il a souffert? Tout est point d’interrogation dans cette histoire. » Avec ces mots, avec son ressenti, elle reconstruit le traumatisme lié à l’acte foeticide. Toutes et tous le vivent de la même manière ‘Prendre cette décision, c’est l’horreur, choisir de donner la mort à son enfant, c’est quand  même le tuer. Choisir. Décider. ON lui a donné la vie et maintenant on lui donne la mort; même s’il n’est pas viable avec sa malformation, c’est quand même le tuer dans le ventre de sa mère », disait un père.’ (p.28-29)
‘Malraux disait : ‘La mort transforme une vie en destin.’ Cette pensée témoigne du ressenti des parents que j’ai pu rencontrer. ‘Je ne l’oublierai jamais, il restera ce bébé, c’est quand même un enfant, il a sa place. ‘ Ce père disait que la mort de son fils se rappelait à lui par ‘cette place, cette chaise haute qui restera vide, cette place à table qui ne sera jamais occupée, mais il sera toujours là dans ma tête et il sera toujours notre premier enfant ‘». (p.45)
Tous les extraits sont tirés de : AUTHIER-ROUX, Frédérique. Ces bébés passés sous silence, à propos des interruptions médicales de grossesse, éditions Érès, Ramonville Saint-Agne, 2007, 75 pages.
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