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Quand est-on réellement mort? Une entrevue de Jeanne Smits avec le Dr Paul Byrne vient jeter un éclairage inquiétant sur la pratique du don d'organe. La nouvelle définition de mort cérébrale, dont plusieurs reviennent en parfaite santé, ne permettrait pas de s'assurer de la mort d'un patient, mais plutôt d'être certain que ses organes seraient en bon état pour une transplantation... Sur le blog de Jeanne Smits, on trouve cette entrevue:

— Vous êtes venu en France avec l’espoir de présenter une vérité qui dérange à propos du don d’organes. J’aimerais que vous me parliez un peu de vous, pourquoi cette question vous intéresse, et comment vous en êtes venu à adopter une position qui est si radicalement différente de la position dominante.

 
— Je suis spécialiste en néonatalogie, et je suis même un pionnier en ce domaine. Je ne suis pas le premier, mais j’ai joué un rôle dans l’invention d’un moyen de prendre la tension artérielle des prématurés, celle d’un monitoring d’incubateur – ce qui m’a valu d’avoir ma photo dans l’Encyclopaedia Americana dans son édition annuelle de 1967 : je suis donc un médecin tenace et je l’ai toujours été.
C’est dans ce contexte que j’ai eu en 1975 à soigner un nouveau-né qui avait des ondes cérébrales plates – une ligne droite. Cela a été interprété comme correspondant à la mort cérébrale.
 
L’électroencéphalogramme plat était considéré comme équivalent à la mort cérébrale. On suggéra que je cesse de le soigner, ce que j’ai refusé. J’ai continué de le soigner, et avec le temps le petit Joseph devait aller à l’école, obtenir d’excellentes notes, faire de la course à pied, jouer au baseball, se marier et avoir trois enfants.
 
C’est à cause de lui que j’ai commencé à étudier le sujet de la mort cérébrale. Très vite, j’ai cherché à trouver la preuve que la mort cérébrale était un critère au moins aussi correct que celui précédemment à la disposition des médecins pour faire des constats de décès. Nous attendions alors qu’il y ait arrêt total de la circulation, pas de respiration, pas de pouls, pas de réaction, pas de réflexes.
 
Voici que surgit une nouvelle façon de constater la mort, dont on disait que c’était la définition du coma irréversible. Mais celui qui est dans le coma est vivant, et non mort, quelle que soit la manière dont on tourne les choses. L’idée de la mort cérébrale est apparue dans un rapport du comité ad hoc de Harvard de 1968 ; il s’intitulait : Une définition du coma irréversible. J’ai donc examiné ce qu’il présentait : il n’y avait aucune étude sur les chiens, ou les chats, ou les rats, il n’y avait aucune donnée sur des patients, il a été tout simplement publié. Sans apporter la moindre preuve, le comité a déclaré qu’il s’agissait d’une nouvelle façon de faire.
 
J’ai donc attendu l’article suivant. Celui-ci comportait l’étude de neuf patients seulement, dont deux avaient encore des ondes cérébrales : ils en ont conclu qu’il ne serait plus nécessaire de mesurer les ondes cérébrales pour établir un constat de décès. C’est ce qu’on a appelé les critères du Minnesota.
Pour mettre cela en perspective, les critères britanniques n’exigent pas non plus l’enregistrement des ondes cérébrales. A telle enseigne que la BBC a produit en 1981 un documentaire intitulé : « Les donneurs sont-ils vraiment morts ? » (Are the Donors really Dead ?), parce qu’il arrive que des personnes avec des électroencéphalogrammes plats se rétablissent. Et pourquoi se rétablissent-elles ? Parce qu’elles ne sont pas véritablement mortes. Le documentaire a été diffusé en Grande-Bretagne mais pour autant que je sache on n’en a pas autorisé la diffusion dans d’autres pays du monde.
 
Les choses ont continué ainsi pendant un certain temps. L’étude la plus importante dans la littérature scientifique atteste que 10 % des personnes en « mort cérébrale » n’avaient pas de pathologie cérébrale au moment de leur mort. Cette étude-là portait sur quelque 500 patients, dont 44 ne sont même pas morts.
Il ne s’agit pas là de science médicale sérieuse. J’utilise les termes « science médicale » parce que celle-ci n’est pas du même type que la biochimie ou la biologie ou la physique, qui tendent à chercher et à découvrir ce que Dieu a déjà fait. La science médicale s’occupe de patients : chaque patient est unique et irremplaçable, et c’est une autre sorte de science.
 
Certes, il y a bien de la science dans la médecine – mais il n’y avait pas de science à l’origine du concept de « mort cérébrale ». Depuis le rapport de Harvard, en 1968, jusqu’en 1978, on a publié trente séries de critères différents dans les revues scientifiques, et chaque série de critères était moins stricte que la précédente. Il y en a eu bien d’autres depuis.
 
Pour en venir à l’époque actuelle, un rapport dans le journal Neurology atteste qu’il n’y a pas de consensus parmi les médecins sur la série de critères à utiliser. Un rapport encore plus récent affirme que cela ne se fonde pas sur la pratique clinique. « Evidence-based » – fondé sur la pratique clinique – ce sont les mots modernes pour dire qu’il existe au moins une forme de preuve que tel diagnostic est exact ou que tel traitement est adapté. Il n’y a donc aucun fondement tiré de la pratique clinique à propos de la mort cérébrale. Aujourd’hui de nombreux articles scientifiques montrent que de nombreux auteurs de nombreux pays affirment que la mort cérébrale n’est pas la mort véritable.
 
Je ne suis pas en accord avec un grand nombre d’entre eux, car ils sont nombreux à dire que cela ne change rien : ils veulent quand même prendre les organes, et sont prêts à les prendre dans ces conditions.
L’une des principales racines de la culture de mort moderne est la transplantation d’organes, parce qu’à chaque fois qu’un organe est transplanté, il doit s’agir d’un organe sain. Où trouver des organes sains sinon chez des personnes vivantes ? Lorsqu’on excise un organe vital chez une personne vivante, celle-ci devient morte, ou alors plus faible, immanquablement. Le prélèvement cause la mort ou une mutilation handicapante du corps. Il faut donc poser la question : peut-on transplanter n’importe quel organe ?
 
Précisons en passant qu’un organe est différent des tissus qui peuvent être obtenus en vue de la transplantation après l’arrêt de la circulation. La cornée, par exemple, est spéciale parce qu’elle n’a pas d’apport sanguin, elle tire l’oxygène qui lui est nécessaire de l’environnement, à travers les larmes. Si elle avait un apport sanguin, il nous faudrait voir à travers des vaisseaux sanguins : Dieu l’a faite sans apport sanguin de telle sorte que la cornée, spécialement si le corps est réfrigéré, peut être transplantée plusieurs heures après l’arrêt de la circulation. On peut prendre des os, des ligaments, les valves du cœur qui n’ont pas besoin de circulation puisqu’il s’agit d’un tissu assez stable. Mais pour ce qui est des organes, aucun ne peut être transplanté lorsque la circulation s’arrête, et si on ne les soumet pas à un traitement avant l’arrêt de la circulation.
 
— Est-il donc impossible de prélever des organes vitaux sur un corps mort ?

— Exactement. Et presque tout le monde le sait. Car on sait ce qu’est une personne vivante : regardez-vous vous-même, ou regardez-moi ou n’importe quelle autre personne vivante. Mais un cadavre ? On sait ce que c’est quand on a veillé un mort, quand on a rendu visite à un funérarium. Combien d’organes pensez-vous que l’on puisse prélever sur un cadavre ? Aucun qui soit apte à la transplantation.
 
— Vous avez dit que la transplantation d’organes était à la racine de la culture de mort, et même du culte de la mort. La plupart des gens citeraient plutôt l’avortement, la recherche destructrice sur l’embryon, etc.

— C’est pour faire des transplantations d’organes qu’ils ont inventé la mort cérébrale. Je parle de cette « racine » après avoir étudié la mort cérébrale pendant de longues années. Il m’a fallu deux ans au moins pour comprendre le langage. J’ai continué de chercher, en laissant de côté la transplantation d’organes, car j’avais confiance en mes confrères médecins, persuadé que les « transplanteurs » étaient des gens honorables. Au fil des ans j’ai commencé à regarder de plus près ce qu’ils faisaient, et il est devenu clair pour moi que la raison pour laquelle on nous parlait de mort cérébrale était en vue de justifier la transplantation d’organes. On avait essayé de faire des transplantations de cœurs prélevés sur des personnes mortes, mais cela ne marchait pas. Il fallait pouvoir disposer d’un cœur battant prélevé sur une personne vivante. La première opération était celle du Dr Christiaan Barnard en Afrique du Sud en 1967. La deuxième transplantation eut lieu peu après à Brooklyn, New York, où l’on a découpé le cœur battant d’un bébé âgé de trois jours pour le transplanter sur un bébé de 18 jours. Ces deux bébés étaient innocents ; je pense que les parents l’étaient probablement aussi, ils ont été conduits là où ils étaient par les médecins. A la fin de cette journée, les médecins avaient tué deux bébés. C’est le début de toute cette histoire.
 
C’est au cours de la première année suivant ces opérations qu’on a monté un comité à Harvard pour étudier la question, ce qui aboutit à la première série de critères de la mort cérébrale, suivie d’une trentaine d’autres en 10 ans, chacune moins rigoureuse que la précédente. Les critères de Harvard exigent l’absence de fonctionnement du cerveau pendant vingt-quatre heures. Ce délai a été ramené à douze heures, puis à six, et trois, et même à une heure. On n’arrête pas de raccourcir cette durée. Pour une certaine série de critères on retient que si on retire le ventilateur d’un patient il suffit de 30 à 60 secondes sans respiration pour le prononcer en mort cérébrale.
 
Voilà exactement la manière dont il ne faudrait pas pratiquer la médecine : normalement, on développe une meilleure précision et théoriquement les critères devraient devenir plus stricts.
 
Beaucoup pensent que la « mort cérébrale » suppose des tests sophistiqués, mais non, cela se réduit souvent à l’observation clinique faite sur le patient dans son lit. On peut faire des tests plus sophistiqués mais quiconque a été à l’hôpital sait que même une simple tomographie – une radiographie informatisée – ne peut être faite au bord du lit, pas plus qu’une IRM, impossible à pratiquer s’il y a du métal dans l’environnement. On ne fait donc pas de tests sophistiqués mais des observations cliniques et des tests relativement simples.
 
Les personnes dont la vie est en danger sont celles qui ont les organes les plus sains : celles qui ont entre 16 et 30 ans. Si une telle personne est blessée à la tête, on va immédiatement chercher à garder ses organes en forme alors que les soins devraient viser à la maintenir, elle, en bonne forme. Ce n’est plus la personne qui est soignée, mais les organes.
 
Par exemple, nous savons que si le cerveau est endommagé, s’il y a un œdème, il n’y a pas beaucoup de place sous le crâne : il faut donc donner des doses minimales de liquide pour empêcher l’œdème de s’aggraver. J’ai pu voir l’historique de traitements où le patient recevait des quantités massives de fluides dès le départ – pour maintenir en forme les reins et le foie – bien que cela aggrave la pathologie du cerveau.
 
Aux Etats-Unis, les apprentis conducteurs sont invités à devenir donneurs d’organes, c’est presque de l’intimidation. Aucune des personnes que l’on sollicite en ce sens ne reçoit l’information selon laquelle on ne transplante que des organes sains venant d’une personne qui a encore la circulation et la respiration. Elles pensent que les organes sont prélevés après la mort véritable et lorsqu’elles disent « oui », elles donnent leur accord sur une chose à propos de laquelle elles n’ont pas été pleinement informées. Impossible pour elles de faire une décision en pleine conscience, quelle que soit cette décision d’ailleurs. A mon avis il doit en aller à peu près ainsi dans le monde entier.
 
— Vous me faites penser à la culture aztèque : on y prenait des cœurs battants pour faire vivre le soleil, dans la nôtre, on prend des cœurs, des foies, pour faire vivre d’autres personnes.

— C’est tout à fait ça. Les choses sont similaires. Je crois que la majorité des gens, lorsqu’ils m’entendent, sont d’accord avec ce que je dis et l’acceptent volontiers, car c’est la vérité. Ceux qui font partie de l’industrie de la transplantation d’organes, et ceux qui ont dit à d’autres qu’ils peuvent bien donner leurs organes, sont plus réticents par rapport à ce que j’ai à dire mais cela se comprend, car s’ils reconnaissaient avoir tort, il leur faudrait reconnaître aussi avoir aidé quelqu’un d’autre à mourir. La population en général accepte volontiers, au contraire, parce que la vérité est tellement simple.
 
— Certes il relève du sens commun qu’il y a une différence entre un vivant et un cadavre et c’est bien ce qu’on dit aux gens. Mais on explique à propos du « mort cérébral » qu’il est en survie artificielle, et qu’il ne vivrait pas sans cela, et par conséquent qu’il vit d’une vie dont il ne devrait pas vivre. Ou pour le dire autrement, il devrait déjà être mort. Que répondez-vous à cela ?

— Il faut se référer à la notion de « ressusciter » [mot anglais pour « réanimer »]. Le mot « ressuscité », appliqué au Christ, renvoie à la résurrection qui intervient après la mort effective d’une personne. En anglais, on donnera l’ordre pour un patient de ne pas le « ressusciter » (de ne pas le réanimer) : le terme est incorrect. Nous médecins, nous ne soutenons pas la vie, mais l’activité vitale : le soutien de la vie vient du Créateur qui donne et qui maintient la vie : une fois que la vie a disparu, nous médecins ne pouvons rien faire. Ce qui est en notre pouvoir, c’est de préserver et de protéger.
 
Pour ces patients qui sont reliés à un ventilateur, il faut savoir qu’il s’agit d’un appareil qui pousse l’air dans les poumons, mais il ne pousse pas l’air vers l’extérieur, chose que seul fait le corps vivant. Si on relie un cadavre à un ventilateur, on peut pousser l’air à l’intérieur mais il n’en sort pas. Si le ventilateur fonctionne, c’est bien parce qu’il y a un cœur qui bat et la circulation qui va vers les poumons et vers le reste du corps. Si cela fonctionne, c’est parce que le tissu muqueux très sophistiqué du fond des poumons permet de capter l’oxygène dans l’air et d’expulser le dioxyde de carbone. Cela ne peut pas se produire dans un cadavre.
 
— Les organes comme le cœur, les poumons, le foie peuvent-ils fonctionner en l’absence de tout fonctionnement cérébral ?

— Oui, ils le peuvent.
 
— Les critères de la mort cérébrale, si je peux essayer de résumer, disent : pas de fonctionnement cérébral, pas de conscience, pas de vie. N’est-ce pas un point de vue très dangereux ?

— Oui, c’est terriblement dangereux. Quand je reçois mes petits-enfants à la maison, nous prions avec eux avant qu’ils n’aillent dormir, et nous remercions Dieu lorsqu’ils s’éveillent. Je leur explique que lorsque nous dormons, ce n’est pas moi qui prends soin d’eux, pas plus que de moi-même. Qui prend soin de nous alors ? Lorsque nous dormons, ce n’est pas la même chose que de ne pas être conscient, mais dormir et être inconscient, c’est différent d’être mort. La mort, c’est la séparation de l’âme et du corps, la séparation du principe de vie et du corps : Jean-Paul II l’a définie comme la dissolution de la totalité de la personnalité psychophysique d’un homme : il faut la disparition de toute la conscience, et de tout le physique. Si l’on parle de réanimation – et dans cette affaire tout repose sur l’utilisation des mots – on semble dire que l’âme est partie, et qu’elle est revenue, ou qu’il y a une autre âme. L’Eglise catholique enseigne clairement que l’âme est là – on sait qu’elle est là – dès la conception. La vie sur cette terre est un processus continu, depuis la conception jusqu’à la mort véritable. La vie est le fait substantiel de l’unité de l’âme et du corps ; la mort est leur séparation. Par rapport à la personne, nous connaissons la réalité de la vie comme de la mort à travers le corps. Ce que nous avons recommandé et publié dans une revue juridique, c’est que la mort ne doit pas être déclarée à moins qu’il n’y ait destruction des systèmes circulatoire et respiratoire ainsi que de la totalité du cerveau, destruction à constater au moyen de critères universellement acceptés. Nous ne devrions pas déclarer morte une personne dont le cœur bat et qui a une pression artérielle, et qui respire, même si la respiration est soutenue par un ventilateur.

 

— La plupart des gens auraient un mouvement de recul s’ils savaient que l’on récupère des organes sur des « corps » chauds et roses.

— La plupart des gens n’auraient pas seulement un mouvement de recul, la plupart ne le feraient pas. La plupart ne donneraient pas leur accord pour être découpés ou pour qu’on découpe un fils chéri pour récupérer son cœur battant. Ils ne feraient rien pour hâter sa mort.
 
— Pouvez-vous nous rappeler le critère de la récupération d’organes donné par Benoît XVI ?

— Son enseignement moral sur ce point est assez clair. Il dit que des organes vitaux individuels ne peuvent être extraits sinon « ex cadavere ». Il a dit cela en latin. Comment un corps vivant devient-il un cadavre ? Il faut qu’il passe par la mort véritable. La mort cérébrale, quelle que soit cette réalité, n’est pas la mort véritable.

 

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