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Rien n'est plus contraire à la dignité que le projet de loi pour « mourir dans la dignité ». Explication du sens du mot dignité

Un texte des plus intéressant du philosophe Thomas de Koninck sur le site de l'encyclopédie de l'agora, sur le sens du mot dignité, dont voici un extrait :

(photo :  Adrián Afonso sur flickr.com, licence creative commons)

Le sophisme «le plus naturel et le plus répandu est celui qui tire parti des mots», constatait déjà Aristote au début de ses Réfutations sophistiques. De là découle, ajoutait-il, que «ceux qui n’ont aucune expérience de la puissance des mots sont victimes de paralogismes lorsqu’eux-mêmes prennent part à un échange dialectique ou encore lorsqu’ils en écoutent d’autres»[1]. Les fréquents débats de toute sorte où intervient, au centre, le mot «dignité», offrent de nos jours un bon exemple de semblables échanges. Il est aisé de constater que le mot «dignité» trahit alors trop souvent ce que Gabriel Marcel qualifiait à juste titre de «conception décorative de la dignité», celle qui consiste à «se marquer au dehors», selon le mot de Gide, et qui constitue bien plutôt une moquerie de la dignité humaine[2].

Mais il y a pire. Il y a ce que le poète québécois Paul Chamberland, sur un autre sujet parallèle, a su résumer en une phrase incisive: «L’altération totale du sens des mots permettra de fabriquer la version officielle de ce qui devra passer pour la réalité elle-même»[3]. On ne saurait mieux énoncer la loi en vertu de laquelle, faute de pouvoir transformer la réalité, l’idéologie altère le sens des mots désignant cette réalité. Désormais, pour le dire d’un mot avec George Orwell, «le noir est blanc», «la guerre est la paix» et ainsi de suite. Le principe est admirablement formulé, en effet, par Orwell dans 1984: il s’agit de «disloquer le sens de la réalité». Cela s’appelle «contrôle de la réalité», en langue ordinaire («Oldspeak»), et dans la nouvelle langue («Newspeak», «novlangue») destinée à rétrécir les esprits, cela s’appelle  «la double pensée», à savoir «le pouvoir de tenir deux opinions contradictoires simultanément à l’esprit et de les accepter toutes deux»[4].

C’est ce que vient d’illustrer au Québec la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, en transformant la belle expression Aide médicale à mourir en un oxymore, pour lui faire désigner, non plus une véritable aide médicale comme les soins palliatifs, mais au contraire une pratique euthanasique[5]. La confusion constante qui lui a permis cela est celle qu’elle n’a cessé d’entretenir autour du mot dignité, notamment dans l’expression «mourir dans la dignité», qui a même servi à dénommer la Commission elle-même et son Rapport.

Je cite cet exemple à présent dans le seul dessein d’illustrer jusqu’où peut mener le manque d’une vision précise et critique de la dignité humaine, ce point de repère qu’on m’a demandé de résumer en quelques minutes ce matin. Il est hors de mon propos de m’attarder davantage aujourd’hui au cas particulier que je viens de mentionner. D’autres le feront sans doute -- il faut le souhaiter -- dans la suite de ce congrès.

La dignité point de repère, justement, doit s’entendre en trois sens forts, dont la pertinence saute aux yeux : 1/ dignité ontologique, 2/ dignité-décence, 3/ dignité-liberté[6]. Mon exposé se découpera donc en trois parties consacrées à ces trois sens principaux, suivies d’une brève conclusion.

(...)

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