Le journal de Montréal du 19 mars 2012 nous apporte cette information:
Les étudiants de l’Université Concordia pourront étudier sous un faux nom dès la prochaine session scolaire. Une décision qui vise notamment à accommoder les transgenres.
« C’est une excellente nouvelle, se réjouit Gabrielle Bouchard, coordonnatrice du Comité de soutien aux personnes transgenres. Ça va permettre aux étudiants d’avoir un parcours universitaire sécuritaire. »
Cette décision de la direction de l’Université fait suite à une demande d’un étudiant transgenre.
Il veut être appelé « Ben »
Ben Boudreau, qui est en processus pour faire officiellement changer son nom pour « Ben », a fait des démarches auprès du Comité de soutien aux personnes transgenres en octobre dernier.
« À chaque cours, j’ai un problème avec mon nom, confie Ben Boudreau. Lors des examens, je me fais toujours poser des questions sur mon identité. C’est vraiment humiliant. »
À la suite de discussions tenues au cours des dernières semaines, la direction de l’Université a finalement accepté d’offrir la possibilité aux étudiants d’utiliser un faux nom dès la prochaine session, à l’automne 2012.
Une expérience « plus positive »
« On va regarder comment on peut aider les étudiants dans la même situation que Ben Boudreau, confirme Christine Mota, porte-parole de l’Université. Si on peut aider un étudiant à avoir une expérience plus positive en lui permettant d’utiliser son nom préféré, on va le faire. »
« Pour les transgenres, le fait d’avoir son vrai nom sur le papier, c’est l’équivalent de devoir dévoiler son orientation sexuelle. Les transgenres qui décident de changer de nom ne font pas ça pour le fun. Et ils ne sont pas tous des activistes. »
À l’Université seulement
Pour le moment, difficile de savoir jusqu’où ira l’accommodement. C’est que l’Université Concordia explique qu’elle ne peut pas modifier les noms des étudiants dans les documents officiels envoyés au ministère de l’Éducation.
Le faux nom pourra toutefois être utilisé, par exemple, sur la carte d’étudiant et sur la liste de groupe d’un cours.
« On est présentement en train d’évaluer un protocole pour savoir à quels niveaux on peut accommoder les étudiants, ajoute Christine Mota. Tout n’est pas décidé, on en est aux premiers pas. »
Une minorité d’étudiants ?
Selon l’Université, cet accommodement visera une minorité d’étudiants.
Or, Gabrielle Bouchard indique que cette mesure pourrait toucher plus de gens qu’on aurait tendance à le croire.
Elle pense notamment aux étudiants étrangers qui viennent étudier à Montréal et qui ont des noms difficiles à prononcer.
« Ça peut sembler anodin, mais ça crée souvent des barrières, et ils sont marginalisés, dit-elle. Il y a aussi ceux qui sont victimes de harcèlement psychologique. En utilisant un autre nom, ils ne sont plus reconnus et ça peut faire toute une différence. »
De son côté, Ben Boudreau ne se réjouit pas trop vite.
« Je suis optimiste de voir que l’université est ouverte à faire des changements, mais je serai content lorsque je le vivrai. »
Et à combien de changement de nom aura-t-on droit si un mois après la personne se ravise et décide qu'elle est plutôt "bi" ou "homo", ou un nouveau "genre" qu'elle aurait inventé", selon cette théorie qui affirme que chacun peut inventer son identité sexuelle?
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