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L'euthanasie et le suicide assisté en Belgique et aux Pays-Bas : la pente est de plus en plus glissante et inquiétante

par Peter Saunders, traduction de Campagne Québec-Vie

Docteur Peter Saunders (photo) a été récemment interviewé par Emily Graves de la radio Crossrhythms à propos des actions en vue de légaliser l'euthanasie et le suicide assisté dans le monde entier. Voici un extrait de l'entrevue, axée sur les développements récents en Belgique et aux Pays-Bas. La transcription complète est disponible en ligne.

Emily : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui se passe en Belgique en ce moment?

Peter : Une partie de la difficulté que nous avons, c'est que cela n'a pas été très bien rapporté dans les médias, qu’ils soient diffusés par écrit ou sur les ondes. Ce que nous pouvons réunir (comme information), c'est qu'en Belgique l'euthanasie a été légalisée en 2002, mais seulement pour les adultes qui ont leur pleine capacité mentale, des personnes de plus de 18 ans. Et ce que la Belgique veut faire maintenant c’est de l'étendre aux enfants de moins de 18 ans ainsi qu’aux adultes qui ne sont pas mentalement compétents, certains d'entre eux souffrant de la maladie d'Alzheimer ou de démence. C'est une énorme décision qui va ouvrir les digues encore davantage.

Emily : Lorsqu’il s’agit spécifiquement d'un enfant, à quel âge fait-on allusion? Quelle est la limite, le point de démarcation ?

Peter : Ils disent que l'enfant doit être assez vieux pour prendre une décision. On peut supposer que cela s'applique aux enfants plus âgés qui ont moins de 18 ans. Toutefois, cela soulève une question : si l’on considère que l’enfant n'est pas assez âgé pour prendre un verre, voter, se marier, conduire une voiture, alors pourquoi lui donne-t-on la permission de prendre la décision la plus importante de toutes, à savoir s’il peut décider qu’on mette fin à sa vie? Cela soulève de vraies questions, comment vont-ils déterminer si la souffrance d'un enfant est assez grande? Est-ce que tout va être défini subjectivement en fonction de l'avis du médecin? Comment vont-ils s’assurer que l’enfant prend une décision libre de toute contrainte, une décision mature qui est bien pensée? Cela soulève toutes sortes de questions au sujet des failles dans la loi et des extensions de celle-ci.

Emily : Est-ce qu'un enfant a une compréhension complète de ce que cela pourrait signifier pour lui?

Peter : Nous parlons d'adolescents, n’est-ce pas, et nous savons tous que les adolescents prennent souvent des décisions très impulsives qui ne sont pas mûrement réfléchies. Celles-ci portent sur des questions de style de vie, vais-je avoir des relations sexuelles, vais-je boire, vais-je fumer, vais-je conduire une voiture de cette façon et ainsi de suite et les (décisions) des adolescents ne sont notoirement pas bonnes parce que leurs cerveaux ne sont pas encore développés à ce stade pour penser correctement aux conséquences des décisions. Oui, je pense que c'est effectivement très dangereux.

Emily : Si ces propositions vont de l’avant, pensez-vous que cela encouragera d'autres pays à suivre le même chemin?

Peter : Je souhaiterais que les autres pays voyant ceci soient horrifiés et ne veuillent absolument pas aller dans le même sens que la Belgique. J'espère que telle sera la réaction.

Emily : Depuis 2005, les Pays-Bas ne poursuivent pas les médecins qui effectuent l'euthanasie sur des mineurs, tant que l'acte du médecin est conforme à un ensemble de directives médicales surnommé «Le Protocole de Groningen ». Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?

Peter : Le Protocole de Groningen porte le nom de la grande ville des Pays-Bas où il a été développé. C'est quelque chose de tout à fait particulier, vraiment. Aux Pays-Bas il est censé être illégal d'offrir l'euthanasie pour les mineurs et les bébés, mais ils ont créé un système dans lequel les bébés qui sont handicapés ou qui ont des maladies tellement graves qu'ils ont peu de chances de survivre peuvent subir une euthanasie involontaire. C'est évidemment bien avant qu'ils soient capables de prendre des décisions pour eux-mêmes. Ce qui se passe, c'est que si le médecin peut cocher une série de cases, le pouvoir judiciaire ferme simplement les yeux et permet de passer à l’action. C'est extrêmement controversé.

Quand cela a été décrit pour la première fois dans un journal médical revu par des pairs en 2005, ils ont rapporté, sur une période de sept ans, 22 cas de bébés atteints de spina bifida qui avaient reçu une injection létale, et ils ont dit qu'il y en avait probablement beaucoup plus. En fait, l'Association médicale néerlandaise vient de publier un rapport disant qu'ils pensent qu'il y a environ 650 bébés chaque année qui pourraient recevoir les injections létales en vertu de ce protocole. Cela semble maintenant avoir été accepté aux Pays-Bas : si vous êtes un enfant ayant des besoins spéciaux, alors votre vie n'est pas digne d'être vécue, et vous pouvez effectivement être « buté » par les médecins avec, de plus, le consentement de vos propres parents. Beaucoup de parents donnent un consentement à cet effet. Et comme vous pouvez l’imaginer, le lobby des droits des personnes handicapées est absolument furieux et scandalisé à ce sujet. Ils disent : « Vous êtes en train de dire que ma vie n'est pas digne d'être vécue, parce que cet enfant avec le même état que moi a été tué sans avoir son mot à dire dans ce que ce soit. » C'est un précédent très dangereux et inquiétant, tout d'abord, de dire qu’une telle vie n’est pas digne d'être vécue et de permettre à certains de porter ce jugement sur la vie de d’autres ; et, d’autre part, que le principal moteur de décision aux Pays-Bas soit maintenant la supposée souffrance que la famille ressent. Autrement dit, si vous et votre famille êtes accablés parce que l‘un d’entre vous est atteint d'une maladie, alors il est bien de tuer cette personne malade.

Emily : Pensez-vous que ce protocole a encouragé la Belgique à considérer le projet de loi sur l'euthanasie des enfants?

Peter : Oui. La différence est que dans le cadre du Protocole de Groningen aux Pays-Bas, nous parlons de bébés handicapés. Alors qu’en Belgique il s’agit de mineurs, d’adolescents de moins de 18 ans, donc c'est différent. En Belgique, cela va être légalisé, alors qu’aux PaysBas, ce n'est pas légal, mais la justice ferme les yeux. Il y a quelques différences, mais nous avons vu que partout où l’euthanasie et le suicide assisté sont légalisés, vous obtenez ce que nous appelons l'extension progressive; une pente glissante. Vous obtenez de plus en plus de cas chaque année ; en fait, en Belgique, il y a eu une augmentation de 5000% du nombre annuel de cas enregistrés depuis la première année en 2002. Et cela croît régulièrement tous les ans. Aux Pays-Bas, depuis 2006, il y a eu une augmentation de 15% à 20% chaque année. Aux Pays-Bas ils parlent maintenant de l’étendre aux patients atteints de démence et déjà les premières euthanasies de tels malades ont eu lieu. Il y a un grand nombre de personnes aux Pays-Bas aujourd'hui, une personne sur huit, dont le décès est dû à ce que nous appelons la sédation terminale : les médecins suspendent l’alimentation et l’hydratation et donnent de fortes doses de sédatifs, avec l'intention délibérée que le patient ne sortira pas de cette sédation et ne survivra pas. Nous pouvons vraiment observer aux Pays-Bas le phénomène de l’extension progressive de l’euthanasie et l’effet de pente glissante.

Emily : Pour en revenir à la Belgique, il s'agit d'une étape très importante : si cette loi est adoptée, la Belgique serait le premier pays à légaliser l'euthanasie des enfants. Quelles en seront les conséquences pour le pays?

Peter : Ce que nous voyons, chaque fois qu'une nouvelle loi (permettant l’euthanasie) est introduite c'est, en premier lieu, que les gens commencent à pratiquer la nouvelle loi, il y aura donc l'euthanasie des enfants. Ensuite, on observe que les gens vont au-delà de la nouvelle loi, ils repoussent les limites et vous vous apercevez qu'elle est appliquée dans des cas moins graves. Ça ne va pas être long avant que quelqu'un pose la question de l’euthanasie des bébés, comme les Pays-Bas l'ont fait. La troisième chose qui se passe, et peut-être la plus inquiétante, c'est que la conscience publique commence à changer, et que des actes qui auraient horrifié les personnes de la génération précédente ne dérangent plus beaucoup les gens à la génération suivante. Nous l'avons vu dans le cas parallèle de l'avortement : il y a 50 ou 60 ans, l’avortement aurait été absolument impensable pour la plupart des gens en Grande-Bretagne ; mais nous avons maintenant 200.000 cas par an et une grossesse sur cinq se termine par un avortement. Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le même phénomène se produira avec l'euthanasie si jamais elle devient plus largement pratiquée. Comme je l’ai dit, tout commence avec l'idée qu'il y a une vie qui ne vaut pas la peine d'être vécue, combinée avec l'idée que si une personne est un fardeau pour nous, alors nous pouvons l’encourager à mettre fin à sa vie ou prendre cette décision pour elle.

Pour le rapport décennal sur l'euthanasie en Belgique voir ici.

Reproduit sur LifeSiteNews avec la permission de PJ Saunders

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