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Déprimée à la suite d'une une relation qui a mal tourné, elle se fait euthanasier « comme un animal de compagnie » devant toute sa famille

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Tine Nys (au centre) en compagnie de ses deux soeurs.

Par Jeanne Smits de LifeSiteNews - traduit par Campagne Québec-Vie

ANALYSE

5 février 2016 – Lotte et Sophie Nys n’oublieront jamais le jour où leur sœur, Tine, leur a annoncé qu’elle voulait mourir. C’était la veille de Noël en 2009, quelque part en Belgique. Elle avait 37 ans et était profondément malheureuse. Elle vivait avec son copain, mais leur relation a mal tourné. De vieilles plaies ont été rouvertes : elle avait eu des problèmes psychiatriques durant son enfance et, de nouveau, elle sentait que personne ne voulait d’elle ou ne l’aimait. Elle a annoncé à ses parents et à ses sœurs qu’elle souhaitait être euthanasiée.

En Belgique, l’euthanasie est légale dans les cas de souffrances psychiatriques incurables. Tine pensait qu’elle avait le droit de mourir. Quatre mois plus tard, le 24 avril 2010, la jeune femme a été légalement tuée par son médecin en présence de son père, de sa mère et de ses deux sœurs. C’était un acte de cruauté « perverse », selon ses sœurs.

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À l’époque, une amie proche demeurant aux États-Unis a écrit un éloge funéraire sur Internet au sujet de la jeune femme, la remerciant d’avoir été une marraine aimante pour l’un de ses cinq enfants et se souvenant à quel point Tine désirait se marier et avoir ses propres enfants. Elle se demandait ce qui s’était passé et pourquoi elle ne l’avait pas appelée. « Est-ce que tu savais que je t’arrêterais? »

Près de six ans plus tard, Lotte et Sophie ont décidé d’exposer publiquement leur histoire de colère, de regret et d’incompréhension. Pourquoi Tine voulait-elle mourir? Pourquoi ne l'a-t-on pas aidée à surmonter sa dépression et son désespoir? Pourquoi trois médecins ont-ils donné leur accord concernant sa mort quand, de toute évidence, rien n’avait été accompli pour redonner espoir à la femme en bonne santé physique? Même pour les normes belges, qui sont réputées pour être de plus en plus laxistes, l’histoire de la mort de Tine est scandaleuse. Des politiciens et des psychiatres ont commencé à suggérer une modification, ou, du moins, une meilleure implantation et surveillance de la loi. Cette fois, la pente était un peu trop glissante.

Les deux sœurs Nys ont partagé leur triste histoire durant une émission télévisée, Terzake, cette semaine. Ensemble, elles se sont souvenues de la désinvolture et de la nonchalance du médecin qui a euthanasié leur sœur. Leur témoignage a déjà ouvert un débat dans la presse belge.

Les deux sœurs ne sont pas contre l’euthanasie : en Belgique, après des années de pression médiatique, la population générale est vaguement convaincue que les « meurtres par compassion » sont positifs lorsqu’ils mettent fin à de la souffrance insoutenable en fin de vie. Il n’y a eu aucun élan de colère au sujet d’une série de cas d’euthanasie concernant des personnes souffrant de maladie mentale, déprimées, des couples mariés ne voulant pas vivre plus longtemps que leur partenaire ou une femme qui avait peur de devenir aveugle. La communauté médiatique n’était pas indignée. Les consciences sont graduellement devenues insensibles.

Pour ce qui est de Tine, une femme charmante n’ayant pas reçu de traitement pendant plus de quinze ans, l’histoire était différente. Dès qu’elle a décidé de mourir, elle aurait « magasiné » des médecins prêts à l’aider. Un qui performerait l’euthanasie, et deux autres pour confirmer que tous les critères aient été respectés, incluant un psychiatre. Peu après la mort de Tine, sa famille a appris que les médecins ne s’étaient pas entretenus au sujet de l’état mental de la patiente.

Sa famille a aussi réalisé qu’à la base, les problèmes psychiatriques de Tine n’auraient pas justifié sa mort. Elle a obtenu un nouveau diagnostic deux mois avant sa mort : elle était prétendument « autiste ». Cela a été jugé suffisant pour qu’on organise son euthanasie. Quand ses proches ont demandé pourquoi on ne lui avait pas offert d’aide médicale après l’étrange diagnostic, ils n’ont reçu aucune réponse.

Quelques heures avant le moment prévu pour l’euthanasie, raconte une des sœurs à Terzake, Tine aurait téléphoné en état de panique. « Je m’en fous, je ne peux pas faire ça », aurait-elle dit. Sa sœur se souvient : « Je n’arrivais pas à la consoler, parce que c’était la seule chose que je désirais entendre, qu’elle refuserait d’aller jusqu’au bout! Quatre heures plus tard, quand nous sommes allés la voir, sa peur avait complètement disparu. Mais j’en ai déduit qu’elle avait pris un médicament, quelque chose que personne n’aurait pu contrôler à ce moment. »

L’acte en lui-même était désastreux. « Le médecin était très nonchalant, c’est le moins qu’on puisse dire », se souvient la sœur aînée de Tine. C’était sa première rencontre avec la famille. Sa « présentation » était « incroyable ». Il a donné l’exemple d’un animal de compagnie chéri qui souffre : « Vous le tueriez, lui aussi », a-t-il dit.

Il n’avait même pas le bon équipement pour pratiquer l’euthanasie par injection. Comme il n’avait pas de pied à perfusion pour accrocher la poche, il l’a déposé sur le bord du fauteuil où Tine était allongée. Elle était déjà en train de mourir quand la poche est tombée sur son visage, ce qui l’a prise par surprise. Le médecin n’avait pas de pansements pour tenir l’aiguille dans le bras de Tine, donc il a demandé à son père de le retenir pendant tout le procédé. Ce qu’il a fait avec des « genoux tremblants », se souvient la sœur aînée de Tine, la voix étouffée. Puis sa jeune sœur a pris le relais de l’histoire. Après la mort de Tine, le médecin a demandé au père et à la mère de vérifier avec un stéthoscope s’ils pouvaient encore entendre son cœur battre, pour être certain. C’était « incroyablement pervers », dit l’une. « Inhumain », ajoute l’autre.

Peu après la procédure, la famille de Tine est allée voir les trois médecins qui ont approuvé son euthanasie, et ont enregistré leurs conversations. L’un a dit qu’il aurait « préféré » qu’elle choisisse autrement, mais que « c’était son choix ». « Mais je suis un peu en colère après le médecin qui lui a administré l’injection », ajoute-t-il. Les événements ont défoulé un peu trop vite. « Peut-être que nous avons besoin d’un débat urgent, dit-il. Peut-être doit-il avoir une sorte de frein pour les gens qui aiment le faire techniquement. »

Des gens qui aiment administrer « techniquement » des injections létales?

La famille de Tine n’était pas satisfaite. Ils ont vérifié auprès de la commission d’euthanasie belge, qui contrôle tous les actes après coup afin de voir si toutes les conditions légales et médicales avaient été remplies. Tous les actes d’euthanasie sont censés être adressés dans les quatre jours ouvrables à l’aide d’un document d’enregistrement. À la commission, personne n’avait de dossier concernant la mort de Tine. La famille s’est plainte au médecin qui avait administré l’injection et il a dit que c’était « probablement à cause de négligence ».

Quand la commission a finalement reçu le rapport, la mort de Tine a été déclarée comme étant « conforme à la loi », malgré le fait qu’elle n’ait reçu aucun traitement pour son autisme présumé et que le choix de mourir a été purement « sa décision ». La commission a été satisfaite de l’approbation des trois médecins.

Une plainte contre les trois médecins est toujours en cours.

Joris Vandenberghe, membre du conseil de l’association flamande de psychiatrie s’est montré soucieux : « C’est très inquiétant », dit-il. « Le délai suivant une demande d’euthanasie est fixé par la loi à un mois, au moins. Mais en réalité, pour un cas comme celui-ci, un an serait encore trop court. » Il ajoute que dans les cas de maladie mentale, les règles devraient être plus sévères : « La loi sur l’euthanasie a pour but initial d’aider les gens en phase terminale. Ici, nous parlons de personnes qui souffrent mentalement. Ne pensez-vous pas qu’une évaluation précédant l’acte serait raisonnable? Cela donnerait à la commission une chance de discuter des mérites d’un tel cas avant son exécution. »

Steven Vanackere, un sénateur démocrate-chrétien, a réagi à l’histoire en demandant que la loi belge sur l’euthanasie soit modifiée : « La loi actuelle n’est pas protégée contre les cas extrêmes », dit-il, en ajoutant que ceux qui la mettent en pratique « avec négligence bénéficient de sa protection. »

Le sénateur libéral Jean-Jacques De Gucht, au contraire, pense que la loi est bien comme elle est. Il est sûr que les médecins agissent « en bonne conscience ». De plus, « ce sont toujours les patients qui prennent la décision ».

En dépit d’une certaine opposition à la loi belge sur l’euthanasie que l’histoire de Tine a suscitée, même les chrétiens-démocrates ne remettent pas en doute la légitimité du meurtre légal, même dans les cas de patients vulnérables atteints d’une maladie mentale. La suggestion principale de Vanackere d’amendement à la loi est de demander l’autorisation de plus de trois médecins pour approuver l’euthanasie dans ce contexte, avec un traitement obligatoire.

Un représentant du parti de centre droit MR a même accepté que le débat sur l’euthanasie soit rouvert, en autant que les exigences prévues par la loi sur les testaments biologiques soient assouplies et qu’on commence à penser à inclure les maladies neurodégénératives dans la loi.

Jeudi soir, un quotidien flamand De Standaard nous apprenait que le médecin ayant pratiqué l’euthanasie de Tine Nys a été accusé d’atteinte sexuelle par deux patientes.



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