(L'ex-ministre Véronique Hivon, marraine du projet de loi 52, espère que son message traversant ses belles dents, saura endormir de nouveau la population en laissant croire que ce n'est pas parce qu'on étend l'euthanasie aux handicapés ne souffrant pas et pas en fin de vie, qu'il existe une pente glissante au Québec. D'ailleurs, la preuve, c'est que la commission des droits de la personne du Québec recommande l'élargissement de l'euthanasie pour y inclure les enfants que l'on désignera comme candidats, sachant que jamais un enfant ne demande l'euthanasie par lui-même...)
(Photo : creehealth sur flickr.com, licence creative commons)
Par Paul-André Deschenes
En juin 2014, le gouvernement du Québec a adopté la loi légalisant l'euthanasie après de longs et douloureux débats avec l'appui de 80 % de la population.
Aujourd'hui, le choix de mourir dans la dignité doit être sévèrement encadré, c'est-à-dire, «réservé uniquement aux malades en fin de vie atteints d'une maladie incurable qui engendre des souffrances exceptionnelles».
Plusieurs organismes défenseurs de la vie s'étaient vigoureusement opposés à ce projet de loi sous prétexte qu'on allait ouvrir la porte un jour ou l'autre à l'euthanasie sur demande. Voilà, c'est chose faite !
Tous les médias écrits et télévisés du 8 octobre 2014 nous informaient d'un cas pathétique qui vient de se produire au Québec. Un tétraplégique est mort après un jeûne de 61 jours. Cet homme de 42 ans n'a jamais pu bénéficier de l'euthanasie, car il ne rencontrait pas les critères. En effet, il n'était pas mourant ; il n'avait pas de souffrances insupportables et son espérance de vie se chiffrait encore en quelques dizaines d'années. Cependant, il n'acceptait plus son état de dépendance et il voulait mourir.
Légalement, on peut au Québec refuser tous les traitements médicaux et on peut même refuser de manger pour en finir avec la vie, comme cet homme qui a fait la manchette des journaux et de la télévision.
Face à cette mort spectaculaire, l'ancienne ministre, Mme Véronique Hivon, la mère de la loi légalisant l'euthanasie s'est montrée favorable à l'ouverture d'un autre débat de société pour assouplir la loi actuelle adoptée depuis seulement quatre mois.
L'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité a réagi vivement en déclarant : "La loi que nous, on voulait, c'était la même loi qu'en Belgique et en Hollande", c'est-à-dire l'euthanasie sur demande.
Pendant que le bon peuple et les médias s'indignent face à cette mort dans l'indignité, voilà que le débat recommence pour rendre l'euthanasie beaucoup plus facile pour toute la population du Québec.
Tous les grands ténors favorables à l'euthanasie libre et accessible pour tous affirment que le consensus social est mûr actuellement pour des amendements majeurs à la loi qui ne serait pas assez permissive.
Tout ce cirque médiatique prouve qu'on a ouvert une terrible boîte de pandore avec notre loi légalisant l'euthanasie. Aux yeux de la population et de nombreux spécialistes de tout acabit, la loi sera toujours trop sévère tant et aussi longtemps qu'on n'arrivera pas à l'euthanasie sur demande.
On peut, en terminant, faire un parallèle avec la question toujours controversée de l'avortement. Dans les années 80, l'avortement n'était pas quelque chose de banal. Il y avait un encadrement législatif très sévère à respecter. Avec le temps et le fameux consensus social, on a rapidement accouché par étapes de l'avortement sur demande.
Aujourd'hui, c'est le vide juridique le plus complet et le Québec se pète les bretelles avec ses 30 000 avortements par année.
« Mon corps m'appartient ; je veux mourir à l'heure qui me plaira, sans aucune contrainte législative ». Voilà ce qui pointe à l'horizon.
Et nous affirmerons fièrement en chœur que nous sommes une société très distincte, très postmoderne et très avancée.
Personnellement, je dirais une société plutôt en pleine décadence.
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