M'INSCRIRE
DONNER

Joignez-vous au mouvement

CQV défend la personne humaine, de la conception à la mort naturelle.

ou

×

Bébé Celeste a vécu pendant 22 semaines, mais sa courte vie a eu un impact

1-top-cel.jpg

Par La famille Ndolo - traduit par Campagne Québec-Vie

Au départ, je n'avais pas prévu de partager l'histoire de Céleste sur internet, du moins, pas publiquement. Mais les jours ont passé et j'ai changé d'avis. Ce fut une épreuve douloureuse que nous avons traversée, juste la semaine dernière, et j'ai été émue par l'histoire des autres mères qui ont dû supporter cette même épreuve. Si parler de l'histoire de Céleste peut apporter un peu de sollicitude à une mère qui supporte le chagrin d'une fausse couche, alors je peux mettre de côté mon angoisse, en priant que cette histoire soit source de consolation et de bénédictions pour ceux et celles qui la liront.

J'étais assise et prête à rédiger la naissance de Céleste, alors, je me tourmentais à l'idée de décrire fidèlement cette nuit. J'y repensais une centaine de fois pour trouver les vraies émotions, les larmes, mais par dessus tout l'amour qui avait survécu à cette nuit-là. Je comprends que le seul moyen de commencer, était de commencer à écrire.

L'article continue ci-dessous...

Cliquez « J'aime » si vous êtes pro-vie !

Abonnez-vous à notre chaîne Youtube !

Le lundi 11 février, aux environs de midi, au travail, je remarque que je perdais du sang. J'appelle immédiatement mon médecin à son cabinet et laisse un message à l'assistante pour savoir si je devais me déplacer. Elle m'a répondu aux environs de 16 heures pour me dire que le médecin voudrait me voir le lendemain matin, si tout n'était pas revenu à la normale.

2-cel.jpg

Je n'ai pas eu de crampe, ni plus de saignement. Alors, rassurée par cette amélioration soudaine, je terminais ma journée et rentrais à la maison. Je me souviens avoir appelé Kémi, mon mari, pour l'informer que j'étais sur la route. Je n'ai pas voulu l'inquiéter, alors je lui ai répété ce que le médecin m'avait dit, qu'il s'agissait probablement d'une fausse alerte et qu'il n'y avait pas de raison de s'inquiéter.

Mais, une fois à la maison, les choses ont empiré. J'ai commencé à ressentir quelques crampes minimes, je n'avais pas mal du tout et cela ressemblait plus à un ligament mal positionné courant lors d'une grossesse. Cependant, au cours de la soirée, les crampes ont commencé à devenir plus fortes.

3-cel.jpg

Aux alentours de 20 heures, j'étais inquiète et j'ai appelé l'assistance médicale. Elle m'a répondu que de fausses contractions pouvaient généralement être corrigées en buvant beaucoup d'eau et en prenant un peu de repos. Elle m'a recommandé de boire au moins un litre, et que si cela ne s'était pas arrangé en quelques heures, de penser me rendre aux urgences. J'en ai bu une tonne, et j'ai essayé d'aller au lit. Je me souviens avoir renversé de l'eau sur The Mayo Clinic Guide to a Healthy Pregnancy en essayant de savoir si ce qui se passait était normal. Le jour où je suis rentrée à la maison, j'essuyais mes larmes et me suis arrêtée sur mon chemin juste pour voir ce livre toujours ouvert sur notre lit, comme un mensonge.

A 21 heures, je souffrais terriblement et j'ai commencé à pleurer, je suis finalement allée vers Kémi pour qu'il m’emmène aux urgences. Ma sœur nous a rejoint pour garder notre plus jeune, et nous sommes partis. Kémi s'est dirigé vers l'hôpital le plus proche, plutôt que celui où notre médecin pratiquait. Je me souviens encore dire à Kémi dans la voiture, que je SAVAIS qu'ils allaient me dire que j'avais trop poussé, qu'ils allaient me mettre au lit, pour que je me repose, et que je serais ennuyée de ne pas pouvoir aller travailler le lendemain.

Sur le moment, c'était le pire scénario envisagé.

Nous sommes arrivés aux urgences, et nous nous sommes signalés pour la maternité. Puis on m'a amenée dans une chambre et reliée à un moniteur pour observer mes contractions. Une infirmière est revenue une heure plus tard pour nous dire que le médecin, toujours en ligne réclamait une échographie, ils étaient cependant plusieurs à en demander une. Nous avons attendu encore une heure avec des contractions très fortes, avant que le personnel n'arrive pour l'effectuer. Après, le médecin a fait un examen pelvien. Au bout de quelques secondes seulement, elle s'est éloignée de la table et, sans sollicitude, me dit "tout ce que je peux voir est une poche d'eau. Vous allez être délivrée cette nuit". Je me souviens que ma respiration s'est bloquée dans ma gorge. J'ai murmuré "ok" en essayant de garder une voix forte pour Kémi.

Nous avons été transférés à la salle d'accouchement où j'ai été mise sous médicaments pour taire les contractions. On m'a posé un cathéter, et je n'étais plus obligée de rester au lit. Ils ont incliné le lit de manière à ce que ma tête pointe vers le sol, tirant la gravité vers moi. Nous aurions aimé être à l'hôpital où notre médecin travaillait. Dans celui où nous nous trouvions, il n'y avait rien qu'il pouvait faire. Il n'avait pas de privilège, ici, et nous nous sentions mal avec une équipe de médecins que nous n'avions jamais rencontrés. Kémi se sentait tellement coupable de ne pas nous avoir emmenés de l'autre côté de la ville, à l'hôpital où notre première, Evie, était née. Si nous avions fait ce choix, je lui ai dit, j'aurais pu perdre les eaux dans la voiture. Nous nous sommes rendus à l'hôpital et j'ai pris les médicaments prescrits, point. Nous avions fait du mieux possible, je l'ai rassuré.

Le traitement faisait effet sur les contractions, les médecins nous ont informés que notre situation pouvait prendre deux directions: premièrement je serais délivrée dans la nuit ou les prochains jours, avec une petite chance de survie pour le bébé, ou, nous pourrions attendre à l'hôpital pendant 4, 5, 6 semaines. J'en avais l'estomac noué. Des semaines?! Je ne pouvais pas rester des semaines, je leur ai dit. J'ai un enfant de 10 mois à la maison qui a besoin de moi, mais ils m'ont dit : « Maintenant c'est ce bébé qui a besoin de vous ». Je me sentais mal.

Si je restais plus longtemps à l'hôpital, Céleste pouvait continuer à grandir et se renforcer. Mais comment pouvais-je rester des semaines sans border Evie? Lui donner un bain? Elle m'aurait oubliée, j'en étais convaincue. De chaudes et grosses larmes coulaient sur mes joues. Mes épaules commençaient à trembler. Les médecins ne m'autorisaient ni à manger, ni à boire, et je me souviens que ma bouche était si sèche que mes lèvres craquaient à saigner. Les médicaments pour stopper les contractions me donnaient des troubles de la vision, et je ressentais mon corps comme une brique, et il devenait difficile même de lever le bras de mon lit sans assistance. A cause de cela, je n'étais pas capable de rouler de côté en côté, et même si je l'avais pu, j'étais trop effrayée de causer la rupture des eaux. Toutes les deux ou trois heures, mon coccyx bougeait et nous avons dû appeler l'infirmière pour qu'elle vienne précautionneusement me tourner dans différentes positions.

4-cel.jpg

Je remontais le temps dans ma tête, je me souvenais mal de cette nuit. Je sais que nous avons dormi, personnellement à l'aide des médicaments, car, sans eux je n'aurais pas pu fermer l’œil. Les infirmières ont apporté un petit lit pour Kémi, et je fus à même de le convaincre de s'allonger et de prendre quelques heures de sommeil. Cette nuit nous a semblé comme dans un rêve. Un rêve vraiment terrible. Cela ressemblait à quelque chose qui serait arrivé à quelqu'un d'autre: je garde en mémoire l'image de Kémi prenant un texte de prière pour venir en aide à une personne, il parlait à propos du bébé de Mr et Mme un tel, et de comment j'aurais réagi. Assise sur le divan, me secouant la tête, "Je ne peux pas l'imaginer" j'aurais dit. "Nous allons prier pour vous" il aurait répondu. Mais il ne s'agissait pas du bébé de quelqu'un d'autre. C'était nous. Notre enfant. Je me souvenais de ces scènes pour pouvoir les raconter à nos amis. Ces mêmes amis, assis sur leur sofa, entourés du confort de leur salon. Ils auraient secoué la tête, "je ne peux pas l'imaginer", ils se seraient dit les uns les autres. Je pleurais encore plus. Pourquoi nous?

5-cel.jpg

Le matin est finalement venu et la journée s'est éternisée. Nous avons prié, et pleuré. Nous avons vu les médecins, et les infirmières ont changé d'équipe, on me tapotait et m'aidait à pousser toutes les heures et quelque. Tôt dans la soirée, des amis et la famille sont venus nous remonter le moral, prier, pour nous faire oublier que Evie n'était pas avec nous, ou le risque que je fasse une infection, et le danger auquel notre plus petite fille faisait face. Ma belle-sœur et mon beau-frère sont venus avec Evie, et au final nous avons pu sourire. C'était bienvenu.

A un moment, le soir, je me tournais sur le côté, et j'ai ressenti un coup dans le ventre. C'est maintenant, j'ai pensé. Mon cœur s'est mis à battre, en attendant que le liquide s'écoule. Rien ne s'est produit cependant. Terrifiée, j'ai demandé à Kémi d'appeler une infirmière. Après une échographie, nous avons appris que Céleste avait maintenant la tête en bas, et s'était avancée davantage. Cela arrivait. La chose contre laquelle nous avions prié était devenue inévitable. Je ressentais comme si mon cœur avait chuté à travers mon corps. Il y avait un vide à l'intérieur de moi que je n'avais encore jamais éprouvé avant.

Et puis, la porte s'est ouverte, et notre médecin est entré. Nous prenions sur nous et faisions confiance au médecin, à l'homme qui a mis Evie au monde, l'homme qui avait pris nos mains et prié avec Kémi et moi, au moment où Evie était née. Je me suis mise à crier. Un ange est passé. J'ai ressenti le poids de mes épaules. D'une façon ou d'une autre, j'ai pensé, il savait ce qui devait être fait. Peut-être il connaissait une autre méthode. Peut-être que nous pouvions finalement avoir l'accord de me transférer à l'hôpital où Evie était née... ils auraient eu un autre équipement, peut-être? Un autre pronostic? J'avais encore à l'idée que quelqu'un viendrait me dire que c'était possible. J'étais pleine d'espoir pour la première fois cette nuit. Mais cela fut de courte durée.

Notre médecin m'a examinée, et gentiment dit, "Elle va arriver cette nuit, Corinna."Il m'a informé que j'étais dilatée de 6 cm, et que sa tête faisait 6 cm. Rien ne pouvait plus l'arrêter.

Il m'a dit de pousser maintenant, nous rappelant que le prêtre était là pour baptiser Céleste. Notre médecin était au téléphone, et je savais qu'il pouvait être appelé à partir à tout moment. Et si quelque chose allait mal? J'avais besoin de lui ici. Nous avons décidé que je devais pousser, sachant qu'il n'y avait plus de temps à perdre. Mes jambes étaient posées sur les étriers, et avec des larmes, j'ai donné un petit coup et mon petit ange est sortie, bras et jambes s'agitant dans tous les sens. Elle a été allongée sur la table avec l'aide de l'unité de soins intensifs néonatals où elle a poussé un petit cri pour son père et a tenu son doigt.

6-cel.jpg

7-cel.jpg

Je regardais anxieuse, leur demandant du regard de se dépêcher de me l'apporter. Elle a été placée sur mon torse, juste sous ma robe, comme un petit sac. Son petit corps était chaud, et maintenant passif. Elle est restée avec ses petits doigts contre moi et j'ai soupiré. Je l'ai couvert d'un gentil bisou. Replaçant ses cheveux fins sur sa tête toute douce. Je me disais de me souvenir d'elle, et de n'oublier aucun détail.

Nous avons répété encore et encore que nous l'aimions, que nous l'avions aimée chaque seconde et tous les jours. Nous l'aimions vraiment. Trois heures plus tard, son cœur a cessé de battre. Nous l'avions tenue et encore tenue et chuchoté tout notre amour pour elle.

8-cel.jpg

Et Kémi... mon meilleur ami. Il ne m'a pas quittée un instant. Ce n'est pas que l'histoire de Céleste. C'est aussi l'histoire d'un mariage renforcé. Un lien rendu plus insubmersible que jamais. Une famille bénie. Mon doux mari qui m'a fait rire quand j'en avais besoin, et avec des larmes qui tombaient sur ses joues, essuyait les miennes. Je ne l'avais jamais autant aimé que cette nuit-là.

9-cel.jpg

En dix ans, nous avons traversé tant de choses ensemble, mais rien qui ne nous ait autant marqués. Nous savions que ce ne serait plus comme avant, mais que ce serait différent, ensemble. Céleste a fait de nous de meilleurs personnes, et de meilleurs parents. Après être rentrée à la maison, chaque couche que j'ai changée, chaque bain donné, à chaque fois que j'ai nourri Evangeline, je disais à Céleste que je faisais autant pour elle. C'est ce que nous aurions dû lui donner comme attention à elle aussi. Aujourd'hui, une semaine plus tard, nous avons profité de chaque seconde avec Evangeline. Être ses parents est un cadeau.

Ces derniers jours, Kémi et moi avons été capables de sourire parfois, et de faire comme si nous n'étions pas des parents qui avaient perdu leur enfant. Parfois, cela fait du bien d'aller dans des endroits où personne ne vous connaît et vous regarde comme si on se sentait désolé pour vous. On sait que le temps passe, et certains jours les sourires mensongers que l'on expose, deviennent plus vrais, originaux, et nous allons encore rire.

Demain nous allons enterrer notre fille. Cela semble contre-nature, irréel. Il n'y a rien qui semble juste à enterrer son enfant. Mais quand on examine nos cœurs, et que l'on demande à Dieu avec sérieux dans nos prières ce que cela peut bien signifier, nous savons qu'elle nous regarde de là-haut, et que nous la rejoindrons au ciel.

Nous te remercions chère et tendre Céleste. Nos cœurs sont impatients de te rejoindre au paradis. Nous ne sommes plus les mêmes personnes. On ne peut plus attendre de te tenir encore. Prie pour nous, autant que nous avons prié pour toi.



Laissez un commentaire